ce

ce
ce, cet ; cette ; ces
CE, CET, m. ; CETTE, f.{{}}; CES, plur. des deux genres (ce tas, se tas ; cet homme, sè-t homme ; sè-t', au fém.{{}}; sê, au plur.{{}}; l's se lie : ces hommes, dites : sêz hommes) adjectif démonstratif Ce ne se met que devant les noms masculins qui commencent par une consonne ou par une h aspirée : ce roi, ce héros ; cet, devant les noms masculins qui commencent par une voyelle ou une h muette : cet homme, cet ami, cet homme-ci, <
   
   De cette nuit, Phénice, as-tu vu la splendeur ? Tes yeux ne sont-ils pas tout pleins de sa grandeur ? Ces flambeaux, ce bûcher, cette nuit enflammée, Ces aigles, ces faisceaux, ce peuple, cette armée, Cette foule de rois, ces consuls, ce sénat, Qui tous de mon amant empruntaient leur éclat, Cette pourpre, cet or, que rehaussait sa gloire Et ces lauriers encor témoins de sa victoire, RAC. Bérén. I, 5.
   Ce, cet, cette, ces, suivis d'un substantif quel qu'il soit, permettent de le déterminer de nouveau par les adverbes de lieu ci et là. Ce livre-ci, ce livre-là. Cette plume-ci, ces plumes-là.
   Ce, cette, ces, s'appliquent à ce qui va suivre.
   Quand la vertu n'aurait que cet avantage de nous mettre à l'abri de toutes les tempêtes des passions, MASS. Carême, Dégoûts.
   Avec un adjectif pris absolument.
   S'il restait un seul cas à examiner, ce seul suffirait pour empêcher la définition, PASC. Préf. Vide..
   Avec un adjectif possessif. Ce mien cousin que vous avez vu chez moi. Tournure archaïque et familière.
   Nous [Constantin] ordonnons que cette notre donation demeure ferme jusqu'à la fin du monde, VOLT. Moeurs, 10.
   Voy. ce 2.
SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE
Ajoutez : - REM.
   1 : Ces fêtes, les fêtes prochaines.
   Il y a une édition contrefaite de mon livre, laquelle doit paraître ces fêtes, J. J. ROUSS. Lettre à Mme de Luxembourg, 28 mai 1762.
   2. D'Alembert a dit :
   Voici le nouveau thème que Raton pourrait essayer et que Bertrand lui propose en toute humilité : première partie du thème : cette, qu'on nomme aujourd'hui théologie, est ennemie des rois ; Raton le prouvera.... en rappelant les histoires de Grégoire VII, d'Alexandre III, d'Innocent IV..., D'ALEMB. Lett. à Volt. 9 fév. 1773.
Cette tournure est un latinisme dont Voltaire s'est servi le premier en traduisant une thèse de ses adversaires : Illa, quam dicunt philosophiam, cette, qu'on nomme philosophie.
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ce 2.
CE, nom général de choses qui, étant le masculin de l'adjectif démonstratif, est par conséquent toujours du masculin.
   Il exprime, d'une façon indéterminée, l'idée que celui qui parle a dans l'esprit. C'est beau. C'est agréable. C'était le bon temps. Ce sera un jour de fête. Ce qui est vrai doit être dit. Ce qui est inspiré par le désintéressement est digne de louange.
   Ce, placé devant le verbe être, ou les verbes devoir, pouvoir, et précédant, ainsi placé, un pronom, un substantif, un verbe, appelle particulièrement l'attention sur ces mots. C'est vous que je demande. C'est le roi qui vient de passer. Ce ne peut encore être les gens que nous attendons. Ce doit être mes tantes et mon oncle.
   Si jamais homme a été capable de soutenir un si vaste empire, ç'a été sans doute Alexandre, BOSSUET Hist. III, 5.
   Ç'a été dans notre siècle un grand spectacle de voir, dans le même temps et dans les mêmes campagnes, ces deux hommes [Condé et Turenne] que la voix commune de toute l'Europe égalait aux plus grands capitaines des siècles passés...., BOSSUET Louis de Bourbon..
   Ç'aurait peut-être été le signal d'une révolte dans tout le royaume, VERTOT Rév. de Suède, 222.
   Nous regardons ces confessions comme autant de justices envers Dieu ; mais Dieu nous fera voir que ç'ont été d'énormes injustices, BOURD. Avent, Sur la pénit. 194.
   Ce sont vingt mille francs qu'il m'en pourra coûter, MOL. Mis. V, 1.
   On verra que c'en sont les figures, PASC. Fig. 9.
   C'est vous, mon cher Narbal, pour qui mon coeur s'attendrit, FÉNEL. Tél. III.
   Vous avez fait de grandes choses ; mais, avouez la vérité, ce n'est guère vous par qui elles ont été faites, FÉNEL. ib. XXII.
   C'est vous, digne Français, à qui je viens parler, VOLT. Zaïre, II, 1.
   C'est de vous que mes vers attendent tout leur prix, LA FONT. Fabl. VII, à Mme de Montespan..
   Ce n'est plus le jouet d'une flamme servile, C'est Pyrrhus, c'est le fils et le rival d'Achille, RAC. Andr. II, 5.
   Ce avec le verbe être et le pronom le, la. Est-ce là votre voiture ? oui, ce l'est. Sont-ce là vos souliers ? ce les sont.
   Regardez bien, ne les sont-ce pas [vos tablettes] ? oui, ce les sont là elles-mêmes, BOILEAU Héros de roman..
   Il est clair que, grammaticalement, ce est sujet, et que par conséquent le verbe être doit être mis au singulier, mais il n'y aura pas d'irrégularité non plus à considérer, par inversion, le nom qui suit comme le sujet, de sorte qu'on pourra à volonté faire accorder le verbe avec ce ou avec le nom. C'est ce que faisait l'ancienne langue qui disait aussi bien c'estes vous que c'est vous. Mais l'usage moderne a mis des exceptions qu'il faut connaître.
   a. Avec les pronoms moi, toi, nous, vous, le verbe être se rapporte toujours à ce : c'est moi qui le dis ; c'est toi qui le fais ; c'est nous qui le disons ; c'est vous qui le faites.
   b. Si le nom est au pluriel, le verbe être s'accorde non avec ce, mais avec le nom : ce sont eux qui le veulent.
   Ce sont les ingrats, les menteurs, les flatteurs qui ont loué le vice, FÉN. Tél. XVIII.
   c. Néanmoins d'excellents auteurs ont conservé l'ancienne liberté de l'accord et ont mis le singulier même en ce cas.
   Ce n'est pas les Troyens, c'est Hector qu'on poursuit, RAC. Andr. I, 2.
   Ce n'était plus ces jeux, ces festins et ces fêtes, Où de myrte et de rose ils couronnaient leurs têtes, VOLT. Henr. X..
   Qui racontera ces détails, si je ne les révèle ? Ce n'est pas les journaux, CHATEAUB. De la Censure..
   Ce n'est pas seulement les hommes à combattre, c'est des montagnes inaccessibles, c'est des ravins et des précipices d'un côté, c'est partout des forts élevés, BOSSUET Louis de Bourbon..
   C'est eux qui ont bâti ces douze palais, BOSSUET Hist. III, 3.
   Des reproches à une tigresse, c'est des marguerites devant des pourceaux, MADAME GRIGNAN 9 septembre 1671, dans JULLIEN, Gramm. p. 235.
   C'est elles [les femmes] qui ont accompli votre voeu, FÉNEL. Dial. des morts, 35.
   Ce n'est pas les vaines distinctions que l'usage y attache, MASS. Petit Car. dernier sermon.
   Les dieux décident de tout ; c'est donc les dieux et non pas la mer qu'il faut craindre, FÉNEL. Tél. VI.
Bien qu'en ces cas l'usage moderne soit pour le pluriel, cependant on pourrait encore user de l'ancienne liberté de l'accord et imiter ces auteurs, en des occasions où soit l'oreille, soit le caractère de l'expression y porteraient.
   d. Si ce et être sont suivis de deux ou plusieurs noms, le verbe être s'accorde avec ce, c'est-à-dire se met au singulier.
   Dans les ouvrages de l'art c'est le travail et l'achèvement que l'on considère, au lieu que dans les ouvrages de la nature, c'est le sublime et le prodigieux, BOILEAU Longin, 30.
   C'est le nombre du peuple et l'abondance des aliments qui font la force et la vraie richesse d'un royaume, FÉN. Tél. XXII.
Cependant il n'y aurait pas de faute à mettre le pluriel ; car c'est ici l'affaire non de la grammaire, mais de l'oreille à laquelle il déplairait de trouver, après un verbe au pluriel, un nom au singulier, et qui tout d'abord ne tient pas compte de ce qui suit.
   e. Si, de ces noms, un était au pluriel, on n'en mettrait pas moins le verbe être au singulier, à moins que le nom au pluriel ne fût le premier : c'est la gloire et les plaisirs qu'il a en vue ; mais : ce sont les plaisirs et la gloire qu'il a en vue.
   f. Le verbe être se met toujours au singulier, quand une préposition intervient ; ce restant alors l'unique sujet du verbe. C'est pour eux que je travaille. C'est de ces hommes que j'attends du secours.
   Cruel, c'est à ces dieux que vous sacrifiez, RAC. Iph. IV, 4.
   C'était bien de chansons qu'alors il s'agissait, LA FONT. Fabl. VII, 9.
   g. C'est du singulier qu'on se sert avec les nombres exprimant les heures. C'est onze heures qui sonnent.
   Ce dans une phrase interrogative.
   Est-ce vous ? Étaient-ce nos amis ? Sa haine ou son amour, sont-ce les premiers droits Qui font monter au trône ou descendre les rois ?, RAC. Les frères ennemis, II, 3.
   Est-ce toi, chère Élise ?, RAC. Esth. I, 1.
   Sont-ce ses grands canons qui vous le font aimer ?, MOL. Mis. II, 1.
   Comment ? ces noms étranges, ne sont-ce pas vos noms de baptême ?, MOL. Précieuses, 5.
   Est-ce moi qui t'appelle et qui règle ton cours ?, L. RAC. Relig. I.
   Les règles sont les mêmes pour l'accord du verbe être que dans le cas précédent ; l'usage moderne veut le pluriel quand le nom est au pluriel. Mais, ici aussi, de bons auteurs ont gardé la faculté de faire accorder le verbe avec ce.
   Est-ce ces moments que vous accordez à la religion ?, MASS. Pet. Car. Drap..
   Est-ce eux qui ont incendié ta cabane ? dit Céluta, CHAT. Natc. II, 329.
   Ce dans une phrase interrogative avec qui ou que.
   On frappe ; qui est-ce ? On appelle là-bas ; qu'est-ce ? Qu'est-ce qu'elle dit, cette morale ?, MOL. Bourg. II, 6.
   Il faut que dans l'obscurité je tâche à découvrir quelles gens ce peuvent être, MOL. Sic. 5.
   Qui peut-ce être ?, MOL. L'Av. IV, 7.
   Quelle énigme est-ce ci, madame ?, CORN. Othon, II, 3.
   Qu'est-ce-là ? qu'est-ce-ci ? qu'y a-t-il là ? qu'y a-t-il ici ? Qu'est-ce là ? lui dit-il [le loup, en voyant le cou pelé du chien], LA FONT. Fabl. I, 5.
   Qu'est-ce-ci ? dit-il à son monde ; Je trouve bien peu d'herbe en tous ces râteliers, LA FONT. ib. X, 21.
   Qu'est-ce-ci ? mon char marche à souhait, LA FONT. ib. IV, 18.
   Qu'est-ce-ci, mes enfants ? écoutez-vous vos flammes ?, CORN. Hor. II, 7.
   Ce redoublé.
   Qu'est-ce que c'est ? Qu'est-ce que ce sera ? Qu'est-ce que c'est que vous m'apprenez là ? Qu'est-ce que c'était ? Qu'est-ce que ç'a été ? Qu'est-ce que c'est que cette logique ?, MOL. Bourg. II, 6.
   Ce que je parle avec vous, ce que je vous dis à cette heure, je vous demande qu'est-ce que c'est ?, MOL. ib. III, 3.
   Ce que c'est que, dans un membre de phrase non plus interrogatif, mais subordonné. Je sais ce que c'est que cet air. Je vous demande ce que c'est que les paroles que vous dites là.
   Voyez ce que c'est que du monde aujourd'hui !, MOL. L'Étour. I, 9.
   Vous le voyez, mon coeur, ce que c'est que d'aimer, MOL. Mélic. I, 2.
   Ce s'emploie dans le même sens en retranchant que.
   Voyez ce que c'est d'avoir étudié, LA FONT. Jum..
   L'analyse grammaticale se fait ainsi : Qu'est-ce que l'orgueil ? se décompose en : ce que (est) l'orgueil, est quoi ? Qu'est-ce que c'est que cette logique ? se décompose en : ce que est ce que (est) cette logique, est quoi ? il y a là un pléonasme, un peu masqué par l'ellipse de est dans le second membre. Le que est ici l'équivalent du quod latin, pronom relatif neutre.
   C'est.... que, avec un verbe à un mode quelconque, sauf l'infinitif.
   C'est à Rome, mes fils, que je prétends marcher, RAC. Mithr. III, 1.
   Ce n'est pas de cela qu'il s'agit aujourd'hui, LA FONT. Fabl. V, 1.
   C'est devant ses amants.... Que la fière beauté me caressait le plus, A. CHÉN. 70.
   C'est.... que, suivi d'un infinitif.
   C'est l'acheter trop cher que l'acheter d'un bien...., LA FONT. Fabl. IV, 13.
   C'est se taxer hautement d'un défaut, que se scandaliser qu'on le reprenne, MOL. Critique, 7.
   C'est.... que de, suivi d'un infinitif.
   Figurez-vous quelle joie ce peut être que de relever la fortune d'une personne que l'on aime, que de donner adroitement quelques petits secours, MOL. l'Avare, I, 2.
   Ce n'est pas une petite peine que de garder chez soi une grande somme d'argent, MOL. ib. I, 4.
   C'eût été une chose fâcheuse pour moi que d'exposer cette enfant...., SÉV. 105.
   L'analyse grammaticale est ainsi : C'est à vous que je parle, se décompose en : ce que est : je parle à vous, est. C'est une peine que de garder, se décompose en : ce que est : de garder, est une peine. Que représente encore le pronom relatif neutre quod du latin.
   C'est.... de, suivi d'un infinitif, sans que.
   C'était lui faire injure de l'implorer, PASC. Prov. 4.
   C'est m'honorer beaucoup de vouloir que je sois témoin d'une entrevue si agréable, MOL. Mal. im. II, 5.
   Certes c'est une chose aussi qui scandalise De voir qu'un inconnu céans s'impatronise, MOL. Tart. I, 1.
   Concevez quel déplaisir ce m'est de voir que par l'avarice d'un père...., MOL. l'Avare, I, 2.
   Ce serait bien mal connaître le coeur humain de soupçonner qu'il soit possible...., VOLT. Moeurs, Introduct..
   C'eût été renoncer à la foi, de ne pas désirer le jour du Seigneur, MASS. Avent, Jug..
L'explication grammaticale est ainsi : C'était lui faire injure de l'implorer, se décompose en : ce, de l'implorer, était lui faire injure. Dans le XVIIe siècle il était très habituel de mettre de devant un infinitif qui était sujet d'une phrase ; par exemple : De dire du mal de son prochain est très répréhensible ; c'est cette tournure qui explique le de dans la locution avec ce.
   Ce n'est pas que avec le subjonctif, locution par laquelle on se défend de.... on écarte l'opinion que.... Ce n'est pas que je veuille médire.
   Ce n'est pas que le pécheur mourant ne trouve dans sa vie passée...., MASS. Avent, Mort du pécheur..
   C'est que, c'est de, donnant l'explication de ce qui est, de ce qui se fait. Pourquoi ne venez-vous pas avec nous ? C'est que je suis malade.
   Le marquis de Seignelay ayant demandé au doge de Gênes ce qu'il trouvait de plus singulier à Versailles, il répondit : c'est de m'y voir, VOLT. Louis XIV, 14.
   L'explication grammaticale est ainsi : C'est que je suis parti, se décompose en : que je suis parti est ce. Ici que répond à la conjonction latine quod. C'est de m'y voir, se décompose en : de m'y voir est ce [cela, cette cause].
   C'est à.... de, il appartient à. C'est à vous de parler.
   Avec à en place de la préposition de.
   C'est aux gens mal tournés, aux mérites vulgaires, à brûler constamment pour des beautés sévères, MOL. Mis. III, 1.
   Ce explétif. Ce que je crains, c'est d'être surpris. Le véritable éloge d'un poëte, c'est qu'on retienne ses vers. Ce qui me touche, c'est de voir.... Ce qui est vrai, c'est qu'il est malade. Taire un service qu'on a rendu, c'est ajouter au bienfait. Lire, peindre et faire de la musique, c'est l'occupation de sa vie. L'enfer dans cette vie c'est un mauvais ménage.
   Le seul moyen d'obliger les hommes à dire du bien de nous, c'est de leur en faire, VOLT. Charles XII, Disc. prélim..
   Le ce explétif peut être supprimé. Ce que je crains est d'être surpris. Ce qui me touche est de voir. Taire un service est ajouter au bienfait.
   Ce qu'il y avait de commode dans cet empire était que...., J. J. ROUSS. Contr. I, 2.
   Ce qui me frappait le plus était de voir...., J. J. ROUSS. Ém. IV.
   Ce qui me le prouve est que..., J. J. ROUSS. Hél. VI, 7.
   La répétition de ce est indispensable dans le cas où le verbe être est suivi d'un substantif au pluriel ou d'un pronom personnel. Ce qui m'attache à la vie, ce sont mes enfants. Ce qui me console, c'est vous.
10°   Ce qui.... ce sont.... ce que.... sont....
   Ce sont charmes pour moi que ce qui part de vous, MOL. Fem. sav. III, 1.
   Ce que je vous dis là ne sont pas des chansons, MOL. Éc. des F. III, 2.
   On m'a montré la pièce, et comme tout ce qu'il y a d'agréable sont effectivement les idées qui ont été prises de Molière, etc., ID. Imp. 3.
   Son droit ? - Tout ce qu'il dit sont autant d'impostures, RAC. Les Plaideurs, II, 9.
   Ce qu'elle a dit de vous ne sont que des sottises qu'il ne vaut pas la peine de vous rendre, MONTESQ. Correspondance, 56.
11°   Ce que, désignant une personne qu'on ne nomme pas.
   Ce qu'on appelle un fâcheux est celui qui...., LA BRUY. Théophr. 20.
   Ne pouvant être à moi, soyez à ce que j'aime, CORN. Héracl. III, 1.
   Il peut, dans ce désordre extrême, Épouser ce qu'il hait, et perdre ce qu'il aime, RAC. Andr. I, 1.
   Mais me voir à ce point trompé par ce que j'aime, VOLT. Zaïre, V, 8.
   Il y a de la lâcheté à déguiser ce que le ciel nous a fait naître [notre origine], MOL. B. gent. III, 12.
12°   Tout ce qui, tout ce que, toutes les choses qui ou que.
   Tout ce que je voyais me semblait Curiace ; Tout ce qu'on me disait me parlait de ses feux ; Tout ce que je disais l'assurait de mes voeux, CORN. Hor. I, 3.
   Tout ce que ce palais renferme de mystères, RAC. Esth. II, 1.
13°   Ce que, signifiant tout autant que.
   Ce que Dieu est bon c'est de son propre fonds, BOSSUET Bonté, 1.
   Et Pompée est vengé ce qu'il peut l'être ici, CORN. Pompée, V, 4.
Vieux.
14°   Ce qui est de, suivi d'un adjectif.
   Ce qui est de réel, est que vous seriez céans libre comme chez vous, FÉN. XXI, 282.
   Le mari ne se doute point de la manigance, voilà ce qui est de bon, MOL. G. Dand. I, 2.
Cette tournure, aujourd'hui moins usitée, vaut pourtant mieux que celle que nous y substituons : ce qu'il y a de réel.
15°   Ce dit-il, tournure archaïque et poétique.
   Ta faute, ce dis-tu, vient de m'avoir cachée...., MAIRET Soph. I, 1.
   C'est là, ce m'a-t-il dit, le seul but où je tends, LA FONT. l'Eun. V, 3.
   Je devais, ce dis-tu, te donner quelque avis, Qui te disposât à la chose, LA FONT. Fabl. VIII, 1.
   Doux trésors, ce dit-il, chers gages, qui jamais N'attirâtes sur vous l'envie et le mensonge, LA FONT. ib. X, 10.
   Ce m'a-t-il dit, MOL. Fâch. 1.
16°   Quand ce vient.... quand ce vint.... quand ce viendra.... quand le moment est, fut, sera.
   Quand ce vint à payer...., LA FONT. Belph..
   Naïf encor, quand d'amour ce vint l'âge, Je rencontrai deux jumeaux sous l'ombrage, MILLEV. Plaisir et bonheur..
17°   Ce semble, il paraît, on peut le croire. Tout, ce semble, conspire contre lui. Tout, ce semblait, allait bien. Tout, ce m'a semblé, est bien allé.
   Ce vous est, ce lui est, c'est pour vous, pour lui.
   Ce leur fut une erreur dont ils se repentirent, LA FONT. Fab. III, 2.
   Ce lui était une contrainte mortelle de se conduire avec elle comme Mme la duchesse de Berry l'exigeait, SAINT-SIMON 296, 23.
   En un mot, ce vous est une attente assez belle Que la sévérité du tuteur d'Isabelle, MOL. Éc. des mar. I, 6.
   Ce m'est avis, je suis d'avis. Ce leur est avis, ils sont d'avis.
18°   En style de pratique et de chancellerie, ce s'emploie absolument pour résumer ce qui a été dit. Et ce, conformément à.... Nonobstant lettres à ce contraires. Et en vertu de ce que dessus.
   Ce s'emploie aussi de cette façon dans le langage ordinaire.
   Pour ce faire, il prit.... Ce faisant, il crut.... Et, de ce non content Aurait avec le pied réitéré...., RAC. Plaid. II, 4.
   Le grand prieur dit à Roquelaure des choses aussi fâcheuses que celles qu'il venait d'essuyer de son frère, ce sans altérer un flegme fort à contre temps, SAINT-SIMON 27, 54.
   Et depuis ce [depuis lors] il n'est pédant...., VOLT. Cadenas..
   Et sur ce, je vous salue, et vous embrasse en mon nom, DIDER. à Galiani..
   Le pauvre homme [Courier] reçut un long papier dans lequel on l'accusait d'avoir offensé la morale publique, et de ce non content, d'avoir provoqué à offenser le roi, P. L. COUR. II, 7.
   À ce que, loc. conj. usitée en style de pratique et de chancellerie, et signifiant afin que. à ce qu'il n'en prétendit cause d'ignorance.
   Sur ce, locution par laquelle les souverains terminent leurs lettres. Sur ce, je prie Dieu qu'il vous ait en sa sainte et digne garde.
19°   Ce, pour il.
   C'est plutôt fait de céder à la nature que de...., LA BRUY. XI.
20°   C'est pour, avec un infinitif, cela mérite que. C'est pour en crever de rire.
   Certes, c'est pour en rire, et tu peux me le rendre, MOL. Mélic. I, 2.
   Et c'est pour essuyer de très fâcheux moments, Que les soudains retours de son âme inégale...., MOL. Psyché, I, 2.
   On dit dans le même sens c'est à. C'est à mourir de rire. C'est à n'y pas croire.
21°   C'est pourquoi, locut. conjonct. Telle est la raison, la cause.
22°   Que c'est, au lieu de ce que c'est, locution archaïque et, malheureusement, tombée en désuétude ; car elle était plus brève et plus légère que celle que l'usage moderne a consacrée.
   Je sais que c'est, vous êtes offensée, MALH. V, 27.
   Le repos du siècle.... va faire.... ignorer que c'est que le fer, MALH. III, 3.
   Non à toi qui.... connais que c'est que du vrai bien, MALH. IV, 5.
   1. Le temps du verbe être précédé de ce est généralement déterminé par le temps du verbe suivant. Ainsi on dit : ce sera nous qui jouirons de ses bienfaits ; ce fut Cicéron qui sauva la république. Mais on dirait aussi : c'est nous qui jouirons ; c'est Cicéron qui sauva.
   2. Quand ce qui ou ce que a après soi deux ou plusieurs verbes, on répète d'ordinaire ce : vous ferez ce qui est juste et ce qui est demandé par les circonstances ; ce que vous dites et ce que vous faites. Cependant on peut aussi faire ellipse du second ce, du moins quand les parties mises en regard n'expriment pas des choses différentes : ce que vous dites et que vous faites.
   Je renonce à tout ce qui a été, qui est, qui sera libre, LA BRUY. XII.
   Tu seras ce que tu dois et que tu veux être, J. J. ROUSS. Hél. IV, 13.
Mais si les parties mises en regard exprimaient des choses différentes, il faut absolument répéter ce : il y a une grande différence entre ce que vous dites et ce que vous faites.
   3. Massillon a employé c'est que avec une singulière hardiesse :
   Et une nouvelle preuve de cette vérité, c'est que, remontez à l'origine, d'où vient que l'Église a attaché de plus grands revenus à certains bénéfices ?, MASS. Conf. Revenus ecclésiastiques.
Il faut remplir l'ellipse et dire : c'est que si vous remontez à l'origine, vous vous demanderez : d'où vient...
   4. Ce que a été employé dans le XVIIe siècle pour de ce que, si. Vaugelas cite cette phrase de Coeffeteau : Ce que je réponds sur-le-champ à une harangue que tu as préméditée, c'est un fruit de ce que j'ai appris de toi ; il loue beaucoup cette tournure. Elle est aujourd'hui tout à fait oubliée ; c'était un archaïsme, comme on peut voir à l'historique.
   QU'EST-CE-CI ? QU'EST CECI ? Il ne faut pas confondre ces deux locutions. Qu'est-ce-ci veut dire qu'y a-t-il ici ? que se passe-t-il ici ? Mais qu'est ceci veut dire : quelle chose est ceci, la chose dont on parle, que l'on montre : tenez, voyez ; qu'est ceci ? mais on dira : qu'est-ce-ci ? on se querelle pour des riens.
   IXe s.
   Si salvarai eo [je] cist meon fradre Karlo, Serment.
   Xe s.
   E si fu co, Fragm. de Valenc. p. 467.
   C'ert [ce sera], ib. p. 469.
   En cist tres dies, ib. p. 467.
   De cest periculo, ib. p. 469.
   En ceste causa, ib..
   XIe s.
   Se ceo fust u evesqué u abeïe, Lois de Guill. 1.
   Ceo que il i avereit pris, ib..
   Laissez c'ester, dist Marsiles li reis, Ch. de Roland, 193.
   En cest pays [il] nous est venus confondre, ib. 2.
   En ceste terre a assez osteié [fait la guerre], ib. 3.
   Ço senefie paix et humilité, ib. 5.
   Dient Franceis : Deus ! que pourra-ce estre ?, ib. 25.
   XIIe s.
   Ço sont les deux qui flaellerent et tuerent ces d'Egypte au desert, Rois, 15.
   Ce dist li rois : Baron or m'entendez, Ronciv. 9. Un don [je] vous quier, c'est le cor de Roland, ib. 39.
   Qui ce ne croient que Dieus fut surrexis, ib. 56.
   Ce me donnez que je desire tant, ib. 153.
   Mais, se Dieu plait, ce ne m'aviendra mie, Couci, 2.
   Douce dame, je ne vous os [ose] rover Ce dont amours ne me rove pas faire, ib. 2.
   Dame, por chou [ce] qu'à vous [je] me rent, merci, ib..
   Ce est la riens dont je sui plus espris, ib. 17.
   J'aim et desire ce qui de moi n'a cure, ib. p. 125.
   [Je] N'oublierai ceste honor D'amer toute la meillor, ib. 1.
   Sire, dit li cuens [comte] Hues, tout ce ne lo-je mie [je ne conseille], Saxons, 32.
   XIIIe s.
   Et quant ele oÏ chou [ce]...., VILLEH. CXXX.
   Pierres tenoit un bail ; et, par la raison de chu [ce] bail, il avoit hommes, BEAUMANOIR XV, 15.
   Bien [il] croit que ce soit elle...., Berte, CXXII.
   Ce fu par un lundi que Berte fut trovée, ib. L.
   Se c'estes vous, sel dites [ainsi le dites] ; je vous requier et proi [prie], ib. CV.
   Mais ce ne sui-je pas [ce n'est pas moi], sachez, je vous le noi [nie], ib..
   Cis homs qui orendroit s'en est allé d'ici, ib. CXVIII.
   Bien diriez que (je) n'ai coulpe en ceste destinée, ib. XVI.
   Et il respont : ce somes nous, Ren. 978.
   Pour ce amors a meillor renom, la Rose, 5556.
   Je jetai hors ce d'argent que j'y trouvai, JOINV. 250.
   Je lui di que il eust moult fait que fol, à ce que il avoient leur seigneur occis, JOINV. 247.
   XIVe s.
   Et ce non obstant, il est, entre tous autres vertueus, pour soi souffisant, ORESME Éth. 315.
   XVe s.
   Les archers anglois avoient laissé en leur logis ce de harnois qu'ils avoient, FROISS. II, II, 193.
   Avoient pris en grant vergogne, ce que des Hainuyers avoient esté ainsi rencontrés [d'avoir été ainsi rencontrés par les Hainuyers], FROISS. I, I, 139.
   Si se mit dans un vaisseau à tout ce de gens qu'il avoit eschappés, FROISS. I, I, 182.
   Je la veux multiplier [l'histoire] et accroistre ce que je pourrai, FROISS. I, I, 1.
   Beaux seigneurs, le gentil comte de Hainaut viendra un de ces jours à si grand ost...., FROISS. I, I, 115.
   Ce terme pendant vint messire d'Artois en Angleterre, FROISS. I, I, 55.
   Devant ce [la bataille de Poitiers] j'estois encore moult jeune, FROISS. Prol..
   C'est ce dont tant suis desireux, CH. D'ORL. Ball. 36.
   Il prit adonc le mot [devise] que onques puis il ne laissa, lequel est tel : ce que vous voudrez, Bouc. I, 16.
   La cour, c'est à entendre le prince...., COMM. V, 18.
   Et ce qu'il se laissoit si peu voir et se tenoit ainsi clos en son charriot, estoit afin que l'on ne le connust si desfait, COMM. VI, 13.
   Mais Dieu ne lui vouloit consentir ceste grace que de recevoir ce sage conseil, COMM. V, 8.
   Ouvrez, dit-il, m'amie ; ce suis-je [c'est moi], LOUIS XI 88.
   XVIe s.
   Demandant la cause de ce, les chanoines lui dirent que...., RAB. Pant. II, 5.
   Je en ferai ce que de raison, RAB. ib..
   Et bien tout perira, feust-ce Esculapius mesme, RAB. Pant. III, 3.
   L'antichrist est desjà né, ce m'a l'on dit, RAB. ib. III, 26.
   Et à voir Pantagruel, sembloit un faucheur qui de sa faux (c'estoit Loupgarou) abattoit l'herbe d'un pré (c'estoient les geants), RAB. ib. II, 29.
   Mais laquelle peut-ce estre ? Serait-ce point vostre port tant adextre ? Ou ce parler tant doux et gracieux ?, MAROT I, 351.
   Mais à quel juge est-ce que nous irons, Si n'est à vous ?, MAROT II, 211.
   Le temps est bon pour les douleurs defaire De ceux qui n'ont constance de ce faire, MAROT I, 284.
   Qui est-ce qui a retiré ces deniers-là de la main du marchand ?, CALVIN 154.
   C'est assez, disent-ils, que Dieu soit servi de coeur, CALVIN 218.
   Ce n'est pas à eux de reformer l'estat commun du peuple, CALVIN 223.
   Et quand nous le ferions, ce ne seroit que temerité, CALVIN 231.
   Ce ne sommes pas nous qui avons rien fait, CALVIN 296.
   Quant est des peintures, que sont-ce sinon patrons de pompe dissolue ?, CALVIN Instit. 57.
   Socrates estime que ç'ont esté gens ignorants qui en ont usé les premiers en ceste signification, CALVIN Inst. 73.
   Que ceste soit la premiere reigle quant aux voeux, CALVIN Inst. 1008.
   Ce leur sont sceaux des promesses de Dieu, CALVIN Inst. 1106.
   Ç'a esté une ignorance ou malice pernicieuse, CALVIN Inst. 314.
   Decouvrir tels monstres, c'est les vaincre, CALVIN Inst. 526.
   A-ce esté pour despouiller Jesus Christ de ses armes ?, CALVIN Inst. 582.
   En l'un defaut ce qui est le commencement de bien escrire, c'est le savoir, DU BELLAY I, 21, verso..
   Ce qui me nuit, c'est ce qui m'est plaisant, DU BELLAY II, 14, verso..
   Mon fils, c'est assez combattre, DU BELLAY II, 64, recto.
   ... Car c'est à vous, à vous, seigneur, à qui seul je les voue, ID. VI, 3, verso.
   Ces beaux noms de vertu, ce n'est rien que du vent, DU BELLAY VI, 38, recto..
   Mais tout le bien que je reçoi De mon inviolable foi, Ce sont soupirs et larmes, DU BELLAY III, 54, recto..
   Ce ne sont pas ni ces lis ni ces roses, Ni ces deux rangs de perles si bien closes, C'est cet esprit rare, present des cieux, DU BELLAY V, 41, recto..
   Et qu'est-ce des ans qui glissent, Qu'est-ce des biens allechans ?, DU BELLAY V, 54, verso.
   Sont-ce ici ces estats generaux où...., Sat. Mén. 165.
   Ce que j'ai d'ailleurs sont seulement quelques accessoires, PARÉ Au lecteur..
   C'est ce dont est fait le callus es fractures, PARÉ VIII, 41.
   Difficile est contenter un malade, ce dit le poëte Ion, AMYOT De la tranq. d'âm. 5.
   Quand ce vint au pere de la fille, MONT. I, 17.
   C'est une violente maistresse d'ecole que la coutume, MONT. I, 105.
   Je vois, ce me semble, que...., MONT. I, 132.
   Ç'a esté le jugement commun de tous les sages que...., MONT. I, 182.
   À parler en bon escient, est-ce pas un miserable animal que l'homme ?, MONT. I, 227.
   Il va estudier en son lexicon que c'est que galeux et que c'est que...., MONT. I, 144.
   Ce n'est pas tout à eux de lui obeir, il faut encore lui complaire, LA BOÉTIE 66.
   Nous monstrasmes à ceux qui en usent où c'est qu'il les faut mettre, LA BOÉTIE 184.
   L'avertissement que leur donnerent leurs capitaines, ce fut : si les ennemis les chargeoient, qu'ils les receussent sans mot dire, LA BOÉTIE 304.
   Ce sont toutes belles choses ce que tu dis, LA BOÉTIE 199.
   Cela, est-ce vivre heureusement ?, LA BOÉTIE 67.
   N'est-ce pas grand pitié que...., LA BOÉTIE 73.
   Que sera-ce si nous commençons de labourer la terre l'hiver ?, LA BOÉTIE 229.
   Ce leur est plus languir que vivre, LA BOÉTIE 29.
   Ce qui est cause de telles separations est qu'on ne sait et qu'on ne veut vivre en concorde, LANOUE 46.
   Voilà, ce nous semble, que nous devons respondre à ces gens qui sont si aspres au sang, LANOUE 84.
   Voi ces rochers au front audacieux, C'estoient jadis des plaines fromenteuses, RONSARD 963.
   Dans l'adjectif ce, cet, cette, ces, il y a deux formes qui ont une origine différente : 1° ce ; ancien français ço, ceo, iço, ice ; wallon, si ; picard, che, chu, cho, chou, éche, ches, ces ; provenç. aisso et so ; ital. ciò ; du latin ecce hoc, ce-o ou ç'-o ; hoc se trouve dans l'ancien français sous la forme de oc ou o ; 2° cet, cette, ces ; ancien français, cest, cist, icest, icist ; provenç. cest, sest, cist, sist, aicest, aicist, aquest, aquist ; espagn. aqueste ; ital. questo ; du latin ecce iste. Le parler populaire des nations romanes renforça de ecce les pronoms latins ; ecce, <
SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE
2. CE. - REM. Ajoutez :
   5. M. Terzuolo, Études sur le Dict. de l'Acad. franç. Prospectus, p. 20, discutant les phrases telles que celle-ci : Ce fut le 4 juin que Gustave-Adolphe jeta l'ancre sur la petite île de Rugen, assure que ce fut est illogique et veut qu'on dise exclusivement c'est ; dans cette locution, c'est équivaut à je dis, j'énonce, et c'est pour cela que le présent est requis. Une pareille règle est trop étroite ; en analysant les deux tournures, on trouve : ce, que Gustave-Adolphe jeta l'ancre, est, et ce, que Gustave-Adolphe jeta l'ancre, fut. Cette analyse montre qu'elles sont aussi exactes l'une que l'autre. Dans le courant de sa discussion, M. Terzuolo assure qu'on ne dirait pas : Fut-ce le 4 juin que Gustave-Adolphe jeta l'ancre ? et qu'il faut de toute nécessité est-ce le 4 juin.... Cette exclusion ne peut être acceptée, et l'on dirait certainement fut-ce. Dans le choix de ces tournures équivalentes c'est l'oreille qui doit être consultée.
   6. Le temps du verbe être précédé de ce est généralement déterminé par le temps du verbe suivant ; ou, quand on n'admet pas cette détermination comme dans le cas qui vient d'être discuté, on met c'est au présent, et le verbe suivant au temps exigé par le sens. Molière a manqué à cet usage :
   Armande : Ainsi donc à leurs voeux vous me sacrifiez ? - Philaminte : Ce ne sera point vous que je leur sacrifie, MOL. Fem. sav. V, 5.
On dirait plutôt : Ce ne sera point vous que je leur sacrifierai, ou Ce n'est point vous que je leur sacrifierai. Mais comme ce n'est qu'un usage, la construction adoptée par Molière ne doit pas être condamnée.
   7. C'est suivi d'un infinitif veut d'ordinaire un de intercalaire ; voy. les exemples au n° 5. Mais autrefois ce de pouvait être supprimé.
   Ah ! que c'est chose belle et fort bien ordonnée, Dormir dedans un lit !, RÉGNIER Sat. VI.
Cela est bon et pourrait se dire.
   8. Voltaire a écrit : Ce qu'étant fait, elle [la femme] courut.... Philosophie, Relation du gouverneur Pilate. Il faudrait ce qui. Rien ne peut expliquer grammaticalement cette phrase.
   9. Régnier a dit : Mon embrasement, qui croîtra, ç'ai-je peur, jusqu'à tant que je meure, Dial. Cette tournure est pour : ce ai-je peur, c'est-à-dire : de ce ai-je peur. Ce crains-je serait correct, mais non usité ; ce ai-je peur n'est pas correct.
   10.
   C'eût été fait alors de ce bel établissement, DE MONTAIGLON Hist. de l'Acad. de peinture. (Mém. attribués à H. Testelin), t. I, p. 74.
Pour l'emploi de : c'est fait de, c'en est fait, c'en est fait de, voy. fait 1, n° 16.

Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. . 1872-1877.

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