fange

fange
(fan-j') s. f.
   Boue, bourbe.
   Mais je n'ai plus trouvé qu'un horrible mélange D'os et de chairs meurtris et traînés dans la fange, RAC. Athal. II, 5.
   Il nous fallut repasser le Rhin sur le pont de Strasbourg à travers des eaux et des fanges inconcevables, SAINT-SIMON 47, 55.
   Arrachez-moi des fanges de Lutèce ; Sous un beau ciel mes yeux devaient s'ouvrir, BÉRANG. Voy. imag..
   Par extension et poétiquement, pays marécageux.
   On a vu mille fois des fanges méotides, Sortir des conquérants, BOILEAU Épît. I.
   Fig. Ce qui souille comme fait la fange ; bassesse, abjection.
   Elle a vu parmi la fange Fouler ce qu'elle adorait, MALH. II, 4.
   Et qu'à moins d'être au rang d'Horace ou de Voiture, On rampe dans la fange avec l'abbé de Pure, BOILEAU Sat. IX..
   Les grandes âmes choisissent hardiment des favoris illustres, et des ministres approuvés ; Louis XI n'eut guère pour ses confidents et pour ses ministres que des hommes nés dans la fange, et dont le coeur était au-dessous de leur état, VOLT. Moeurs, 94.
   Vous êtes depuis longtemps enfoncés dans la fange de notre antique barbarie ; il est triste d'être ignorants, mais il est affreux d'être lâches et corrompus, VOLT. Pol. et législ. Anne Dubourg à ses juges..
   Il y a eu toujours dans la fange de notre littérature plus d'un de ces misérables qui ont vendu leur plume et cabalé contre leurs bienfaiteurs mêmes, VOLT. Dict. phil. âme..
   S'élever jusqu'au faîte, ou ramper dans la fange, A. CHÉNIER l'Invention..
   Couvrir de fange, insulter grossièrement, couvrir d'ignominie.
   Une statue ne console pas, lorsque tant d'ennemis conspirent à la couvrir de fange, VOLT. Lett. d'Argental, 6 avril 1773.
   Dans le langage ascétique, il se dit des voluptés du monde par opposition à la vie dévote. Plongé dans la fange des voluptés terrestres.
   Il m'a tiré d'un abîme de fange et de boue, PORT-ROYAL Psaume 39.
   XIIIe s.
   Si fort le hurte qu'il l'abat En une fange trestot plat, Ren. 12350.
   Mult avoit en la rue fange, Si fu la voie mult estrange, RUTEB. II, 190.
   Tex [tel] est issuz et nez de fanc ; Tant par est fiers. bien le puis dire, Qu'il ne daigne chanter ne lire, Hist. de Ste Léoc. ms. de St-Germ. f° 29, dans LACURNE.
   XVIe s.
   Fange seche envy [difficilement] s'attache, LEROUX DE LINCY Prov. t. I, p. 68.
   Norm. fangue ; wallon, fanië ; provenç. fanc, fanh, faing, s. m ; fanha, faigna, fangua, s. f.{{}}; catal. fang ; espagn. et ital. fango. On a donné pour étymologie le goth. fani, génit. fanjis. Mais il y a un mot latin peu usité famicosus, fangeux, qui aura très bien donné fangeux ; et, comme le latin a aussi un substantif famix, <
SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE
   FANGE. Ajoutez :
   Fange ou fagne, nom sous lequel on désigne, en Belgique et ailleurs, les marais tourbeux.
   Hautes fanges ou hautes fagnes, marais tourbeux situés sur une colline ou une montagne, Bullet. de la Société botanique de France, 1873, Compte rendu de la session extraordinaire tenue à Bruxelles en 1873.
   D'après les renseignements que nous recevons du département des Ardennes,... on voit aussi des vols nombreux de grues ; une bande de ces oiseaux, qui s'était arrêtée sur les hautes fanges en pleine nuit, avait attiré quelques tireurs, Journ. offic. 5 nov. 1874, p. 7393, 2e col..
   Ajoutez : M. Ch. Grandgagnage, Dictionnaire wallon, I, p. 201, et II, p. 23, avait expliqué fange par fagne, dérivé fagne de fania, mot germanique latinisé, et en même temps identifié le terme allemand hohe Vehen avec celui des hauts fagnes. Il avait raison. M. Gaidoz (Mém. de la Soc. de linguistique de Paris, t. II, 2e fasc. p. 171) a confirmé cette étymologie, en remarquant que diverses localités dites fania dans les textes latins portent en français le nom de fange ; cela est péremptoire. Il faut encore ajouter, en renfort de cette étymologie, que l'Aunis a fagne, boue, et fagnou, boueux, Gloss. aunisien, p. 104.

Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. . 1872-1877.

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  • fange — Fange, Eluuies, Limus, Lutum, Coenum. Qui s est retiré de la fange, Emersus e coeno. B. Tu t es mis plus avant en la fange, Vide vt dum expedire te vis, induas. Bud. ex Cic …   Thresor de la langue françoyse

  • fange — FANGE. s. f. Boüe, Bourbe. Il estoit tombé dans la fange. il est tout couvert de fange …   Dictionnaire de l'Académie française

  • Fänge — (Jagdw.), 1) die Zähne, bes. die Eckzähne der größeren Raubthiere u. des Hundes; 2) bei Raubvögeln die Füße u. Klauen …   Pierer's Universal-Lexikon

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  • FANGE — s. f. Boue, bourbe. Il est tombé dans la fange. Il est tout couvert de fange.   Il se dit figurément, par mépris, d Une condition basse, abjecte. Il est né dans la fange. Je l ai tiré de la fange. Il s est élevé de la fange au plus haut degré de… …   Dictionnaire de l'Academie Francaise, 7eme edition (1835)

  • FANGE — n. f. Couche épaisse de boue. La fange d’une mare. Il est tombé dans la fange. Il est tout couvert de fange. Il se dit figurément, par mépris, d’une Condition abjecte. Il est né dans la fange. Je l’ai tiré de la fange. Il désigne aussi l’état… …   Dictionnaire de l'Academie Francaise, 8eme edition (1935)

  • fange — alfange fange …   Dictionnaire des rimes

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