avaler

avaler
(a-va-lé) v. a.
   Abaisser, faire descendre, mettre en bas. Vieux dans ce sens. Avaler du vin dans la cave.
   Quand autour du roi quelqu'un avalait son chaperon, les plus près du roi lui faisaient place, c'était une marque qu'il voulait parler au roi, SAINT-SIMON 73, 198.
   En termes de jardinage, avaler une branche, la couper près du tronc.
   Terme de chapelier. Avaler la ficelle, la faire descendre du haut de la forme jusqu'en bas.
   Terme de chasse. Avaler la botte au limier, la lui ôter pour le laisser chasser en liberté.
   Terme de métallurgie. Dans l'affinage, exposer la masse devant la tuyère et achever d'en chasser les matières étrangères.
   Faire descendre par le gosier. Avaler un bouillon.
   Ne faire que tordre et avaler, manger avidement, avaler sans mâcher.
   Il avalerait la mer et les poissons, il a une grande soif.
   Familièrement. Avaler sa langue, s'ennuyer, bâiller outre mesure.
   Familièrement. Avaler quelqu'un, le regarder avec des yeux furieux.
   Familièrement. J'ai cru qu'il m'avalerait, il s'est livré à une violente explosion de colère contre moi.
   Mon neveu, vous êtes une huître. - Mon Dieu, ma tante, il ne faut pas m'avaler pour cela, COIGNARD frères, Gusman ne connaît pas, à la fin.
   Argot maritime. Avaler sa gaffe, mourir.
   Avaler sa cuiller, décamper.
   Fig. Avaler le calice, avaler le morceau, être contraint d'endurer quelque chose de fâcheux.
   Fig. et familièrement. Avaler des couleuvres, subir de dures mortifications.
   Fig.
   Il avalait à longs traits le plaisir de la voir, HAMILT. Gramm. 8.
   Elle avalait cela plus doux que les confitures, HAMILT. ib. 9.
   On juge au hasard, on n'examine rien, on avale la calomnie comme du vin de Champagne, VOLT. Lettr. Damilaville, 15 oct. 1762.
   Contempler avec avidité, et comme si on avalait.
   Ils l'avalent des yeux [l'huître], du doigt ils se la montrent ; à l'égard de la dent il fallut contester, LA FONT. Fabl. IX, 9.
   Endurer, accepter.
   Pour nous faire avaler nos tristes destinées, SÉV. 415.
   Pour lui faire avaler le soufflet, SÉV. 70.
   M. le prince fut forcé aussi d'avaler des louanges, SÉV. 419.
   Pour voir comme on pourra lui faire avaler cette affliction, SÉV. 365.
   Avalant les jours gras comme une médecine, SÉV. 402.
   En habile déclamateur il me faisait avaler à longs traits toute l'amertume de cette réflexion, DIDER. Pens. phil. 20.
   Il n'y a que le premier obstacle qui coûte ; on avale, après, la honte, BOSSUET Pensées, 9.
   Les Mailly trouvèrent cette place avec raison bien mauvaise, mais il la fallut avaler, SAINT-SIMON 3, 55.
   Ils ne connaissent pas les horreurs que vous avalez comme l'eau, MASS. Ferv..
   Pour nous faire, sans rire, avaler ce morceau, RÉGNIER Sat. X..
   De ces femmes aux beaux et louables talents Qui savent accabler leurs maris de tendresses, Pour leur faire avaler l'usage des galants, MOL. Amph. I, 4.
   C'est à vous de l'y résoudre, et de lui faire avaler la chose du mieux que vous pourrez, MOL. le Méd. m. lui, III, 6.
   Mme de Coulanges ne pouvait avaler mes excuses, SÉV. 481.
   Familièrement. Faire avaler, faire croire.
   V. n. Descendre le courant. Vieux en ce sens. Ce bateau avale.
   Terme de marine. Faire avaler ou boire la toile, ménager quelques plis en cousant une voile.
   Terme de banque. Donner la garantie dite aval (voy. aval).
   S'avaler, v. réfl. Pendre, descendre trop bas. Le ventre de cette jument s'avale.
10°   Être avalé, au propre et au figuré. Ces pilules s'avalent sans peine. C'est un affront qui s'avalera difficilement.
   XIe s.
   Si comme il put, du pin [il] est avalet, Ch. de Rol. LXXIX.
   XIIe s.
   Entre col et l'escu a ses brans avalé, Ronc. p. 195.
   Et cil s'en tournent, avalent les degrez, ib. p. 203.
   Uns escuiers as degrés de la sale Est descendus, si destrousse sa male ; Bele Doette les degrés en avale, Romancero, p. 46.
   XIIIe s.
   Ensi li dus avala le letrin et s'ala agenoiller devant l'autel Saint-Marc, moult plorant, VILLEH. XL..
   Une riviere [elle] treuve qui d'un pendant avale, Berte, XXVII.
   Nes un tout seul morcel n'en a elle avalé, ib. XLV.
   Vers Paris [elle] s'en avale l'amirable cité, ib. LXXXI.
   Et s'avisa qu'elle feroit avaler une corde et le meteroit outre les creniaus, jus [en bas] del mur, Ch. de Rains, 32.
   Car dant Costant venoit après Sor un cheval à grant eslès, Qui moult s'escrie à l'avaler, Ren. 1219.
   Ô [avec] haute voix, o longe aleine De bien chanter chascun se peine ; L'uns à l'autre son chant avale, ib. 13557.
   Cum l'iaue qui s'avale toute, N'il n'en retorne arriere goute, la Rose, 375.
   Ou il entrast par les fenestres, Qu'il set bien de l'ostel les estres, Par une corde s'avalast, ib. 12721.
   Et li fix du fil au fil mon fil [le fils du fils du fils de mon fils] m'est el quart degré en avalant, BEAUMANOIR XIV, 4.
   Pourceque il peussent la viande mascher et avaler aval, JOINV. 237.
   Sitost comme je fu avalé là où le tresor estoit, JOINV. 250.
   XIVe s.
   Mais ne voldrai de pain ne de vin avaler, Si vous voldrai trestous à un arbre encroer, Guesclin. 20390.
   Le cerf doit avoir le ventre bien avalé, Modus, f° XIV, recto.
   XVe s.
   Environ deux cents lances s'avalerent devers Maing, FROISS. I, I, 111.
   Le varlet prit la lettre que les chevaliers lui baillerent, puis le firent avaler es degrés, FROISS. I, I, 228.
   Puis fit ouvrir la porte du chastel, et avaler le pont, et issir ses gens, FROISS. II, III, 8.
   C'est dur morcel à avaller, AL. CHARTIER Le livre des quatre dames..
   Ô bon vin, liqueur souveraine, Entre chez moi.... Qui me veoira tout avaler, Ne s'en estonne, BASSELIN XLIII.
   Il le me convient avaler Sans mascher...., Patel. 1319.
   Il eut de l'estrain [paille] largement, qu'il avala [jeta] dedans la fosse et y bouta le feu, LOUIS XI Nouv. LVI.
   XVIe s.
   Si je montoys aussi bien comme j'avalle, je feusse, piece ha, hault en l'aer, RAB. Garg. I, 5.
   Il l'avalla, comme ung cormoran feroyt ung petit poisson, RAB. Pant. II, 4.
   Lors il s'avalla le mieulx que il peut, en sorte que il touchoyt les piedz en terre, RAB. ib..
   Pantagruel luy vouloyt avaller [abattre] la teste tout net, RAB. ib. II, 29.
   Pensant avoir avalé une espingle avecques son pain, MONT. I, 100.
   La majesté royale s'avalle plus difficilement du sommet au milieu qu'elle ne se precipite du milieu au fond, MONT. I, 121.
   Regorger la viande comme on l'a avallée, MONT. I, 61.
   Elle avoit les joues avallées, et le nez trop poinctu, MONT. I, 296.
   Fuir à bride avallée, MONT. I, 368.
   Quelques années aprez voilà le busc du pourpoinct avalé jusques entre les cuisses, MONT. I, 369.
   Les epicuriens ne peuvent avaller un dieu en forme de boule, MONT. II, 201.
   Elle lui disoit mille injures ; mais il les avaloit toutes avec un verre de vin, DESPER. Contes, LXXIX.
   Il n'y avoit ny aucuns passans, ny batteaux montans ou avallans, AMYOT Publ. 35.
   Ce que la mer va mimant petit à petit en long temps et à grand peine, luy l'a avallé tout à un coup [un qui avait mangé son bien sis au bord de la mer], AMYOT Caton, 16.
   Cinglant le jour à voiles avalées et baissées, et la nuict haussées, AMYOT Lucul. 6.
   Ilz le suivoient les cheveux nonchalamment avallez, AMYOT Cicéron, 40.
   Son chapeau rouge, avalé en capuchon par derriere, Sat. Mén. p. 55.
   La squinance empesche la viande d'estre avallée en l'estomach, PARÉ VI, 8.
   Bourguig. evaulai ; de aval. Avaler veut dire proprement faire descendre, mettre en bas ; et il n'a eu longtemps que ce sens-là ; puis, comme faire arriver les aliments dans l'estomac est aussi les faire descendre, il a pris peu à peu ce sens, et le primitif est tombé en désuétude, ne restant plus que dans quelques locutions techniques et dans certains patois.
SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE
AVALER. Ajoutez :
11°   Terme d'exploitation houillère. Foncer, creuser un puits.

Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. . 1872-1877.

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