patrie

patrie
(pa-trie) s. f.
   Pays où l'on a pris naissance.
   Mourir pour sa patrie est un sort plein d'appas Pour quiconque à des fers préfère le trépas, CORN. Oedipe, II, 3.
   Chacun songe comment il s'acquittera de sa condition ; mais, pour le choix de la condition et de la patrie, le sort nous le donne, PASC. Pens. XXV, 80, édit. HAVET..
   Une reine fugitive qui ne trouve aucune retraite dans trois royaumes, et à qui sa propre patrie n'est plus qu'un triste lieu d'exil, BOSSUET Reine d'Anglet..
   Homère est encore et sera toujours ; les receveurs de droits, les publicains ne sont plus ; ont-ils été ? leur patrie, leurs noms sont-ils connus ?, LA BRUY. VI.
   À tous les coeurs bien nés que la patrie est chère !, VOLT. Tancr. III, 1.
   Le premier qui a écrit que la patrie est partout où l'on se trouve bien est, je crois, Euripide dans son Phaéton, VOLT. Dict. phil. Patrie..
   Un républicain est toujours plus attaché à sa patrie qu'un sujet à la sienne, par la raison qu'on aime mieux son bien que celui de son maître, VOLT. Pensées sur le gouvernement, 1752.
   Il y a dans tous les hommes un penchant à aimer leur patrie, qui tient plus à des causes morales qu'à des principes physiques, RAYNAL Hist. phil. v, 9.
   La patrie nous donne mille plaisirs habituels que nous ne connaissons pas nous-mêmes avant de les avoir perdus, STAËL Corinne, XIV, 3.
   Reine du monde, ô France, ô ma patrie, Soulève enfin ton front cicatrisé ; Sans qu'à tes yeux leur gloire en soit flétrie, De tes enfants l'étendard s'est brisé, BÉRANG. Enf. de la Fr..
   C'est un si grand malheur de pleurer la patrie !, P. LEBRUN Cid d'Andal. II, 2.
   Fig.
   Pour moi point de patrie, où vous ne serez pas, CORN. Toison d'or, II, 2.
   L'univers est la patrie d'un grand homme, RAYNAL Hist. philos. V, 10.
   Particulièrement. Province, ville où l'on est né. Marseille est sa patrie.
   La petite patrie, la localité où l'on est né, et aussi la famille.
   Comme si ce n'était point par la petite patrie, qui est la famille, que le coeur s'attache à la grande, J. J. ROUSS. Ém. V.
   Fig. La nation dont on fait partie, la société politique dont on est membre.
   J'aurais mauvaise grâce de chercher de la gloire et des avantages par des choses qui ne sont pas de ma profession ; mais je suis Français très affectionné à ma patrie...., VAUBAN Dîme, p. 2.
   Il n'y a point de patrie dans le despotique ; d'autres choses y suppléent, l'intérêt, la gloire, le service du prince, LA BRUY. X..
   Que me servirait, comme à tout le peuple.... que ma patrie fût puissante et formidable, si, triste et inquiet, j'y vivais dans l'oppression ?..., LA BRUY. X..
   L'ambassadeur [du roi de Sicile].... avait ordre de faire tous ses efforts pour l'engager [M. Delisle] à passer dans les États de ce prince.... l'amour de la patrie le retint, et peut-être aussi l'espérance qu'elle n'aurait pas l'ingratitude assez ordinaire à toute patrie, FONTEN. Delisle..
   Une patrie est un composé de plusieurs familles ; et, comme on soutient communément sa famille par amour-propre, lorsqu'on n'a pas un intérêt contraire, on soutient par le même amour-propre sa ville ou son village qu'on appelle sa patrie, VOLT. Dict. phil. Patrie..
   Ce ne sont ni les murs ni les hommes qui font la patrie ; ce sont les lois, les moeurs, les coutumes, le gouvernement, la constitution, la manière d'être qui résulte de tout cela, J. J. ROUSS. Lett. à Pictet, Corresp t. VI, p. 91.
   Vaut-il mieux avoir éclairé le genre humain qui durera toujours, que d'avoir ou sauvé ou bien ordonné une patrie qui doit finir ?, DIDER. Claude et Nér. II, 75.
   L'État n'est plus un corps, et l'on n'a pas vu qu'il fallait des siècles pour y rétablir cette unité qu'on appelle patrie, et qui est l'ouvrage insensible et lent de l'habitude et de l'opinion, MARMONTEL Bélisaire, ch. 11.
   Patrie commune, l'État dans lequel on possède des droits politiques.
   La mère patrie, voy. mère, n° 25.
   Par extension, contrée, climat propre à certains animaux. Les régions arctiques sont la patrie de l'ours blanc. La patrie des palmiers.
   Fig. Il se dit des contrées, des villes où fleurissent, où sont en abondance certaines espèces d'hommes ou de choses. Athènes fut la patrie des philosophes. Ce pays est la patrie des sciences et des lettres.
   La céleste patrie, le ciel, le séjour des bienheureux.
   XVe s.
   Suivant le proverbe qui porte qu'il est licite à un chacun et louable de combatre pour sa patrie, J. CHARTIER Hist. de Charles VII, p. 147.
   XVIe s.
   Le devoir en quoi je suis obligé à la patrie, J. DU BELLAY Défense et illust. de la langue fr. II, 1.
   Qui me faict supplier V. M. de me honorer d'un aultre departement et bien esloigné de ma patrie [de la province où je suis né], CARL. IX, 1.
   Pour la patrie, c'est un beau mot, BAÏF les Sciences et enseignements, II.
   Wallon, patreie ; du lat. patria, patrie, de pater, père. Ménage dit que patrie n'était pas usité du temps de Henri II, vu que Charles Fontaine le reproche comme un néologisme à du Bellay : " Qui a païs, n'a que faire de patrie ....le nom de patrie est obliquement entré et venu en France nouvellement et les autres corruptions italiques, " Quintil Horatian, p. 185. D'un autre côté on a dit que patrie datait de François Ier. François Ier était un roi vraiment national ; c'est sous son règne, c'est au XVIe siècle que le mot patrie fut transporté de la langue latine dans la nôtre, A. DE ST-PRIEST, les Guise, Revue des DeuxMondes, 1er mars 1850, p. 825. Mais le mot est plus ancien ; l'historique le montre.

Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. . 1872-1877.

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