pointe

pointe
(poin-t') s. f.
1°   Ce qui point, ce qui pique, piqûre.
2°   Saveur piquante et agréable.
3°   Trait subtil, recherché, jeu de mots
4°   La pointe de l'esprit.
5°   Bout piquant et aigu.
6°   Pointe, en escrime.
7°   Pointe, en sculpture.
8°   Pointe, en gravure.
9°   Pointe, en imprimerie.
10°   Pointe de diamant.
11°   Pointe à rabaisser, en reliure.
12°   Morceau de fer dont on se sert pour commencer un trou de mine.
13°   Pointe molle, en serrurerie.
14°   Pointe de feu, en chirurgie.
15°   Clou long et mince.
16°   Bout, extrémité des choses qui vont en diminuant.
17°   Pointe de terre.
18°   La pointe du pied.
19°   Pointe, en termes de guerre et de fortification.
20°   Pointe, en termes de marine.
21°   Divisions du tablier du trictrac.
22°   Pointe de pavé.
23°   Pointe de l'arçon.
24°   Pointe, en blason.
25°   Morceau d'étoffe taillé en pointe.
26°   Petit fichu en pointe.
27°   Défense d'un cheval qui se cabre.
28°   Pointe, en fauconnerie. Faire une pointe, suivre, pousser sa pointe.
29°   Ce qui commence à poindre, à paraître.
30°   En pointe.
31°   De pointe, par la pointe.
   Ce qui point, ce qui pique, piqûre.
   Les cruautés... Ne me sont une pointe aux entrailles si dure Comme le souvenir de ta déloyauté, MALH. I, 4.
   Il est vrai qu'elle n'a pas souffert de ces cruelles pointes de douleur qui percent le corps, qui déchirent l'âme, et qui épuisent en un moment toute la constance d'un malade, FLÉCH. Duch. de Montaus..
   Fig.
   Je vous disais une vérité amère, c'est que vous me quittâtes dans un état où toutes mes pensées étant autant de pointes aiguës..., SÉV. 1er oct. 1684.
   Mon esprit appuie présentement davantage sur chaque circonstance, et il semble que les pointes de la douleur me pénètrent plus vivement [pour la mort de Mme de Sévigné], Mme DE GRIGNAN dans SÉV. t. x, p. 400, éd. RÉGNIER.
   Le mal se communique au coeur ; toutes les pointes de la conscience s'émoussent ; on tombe, à l'égard du salut, dans une espèce de léthargie où l'on n'est ému de rien, BOURDAL. Essai d'Avent, Confess. Pensées, t. III, p. 221.
   Les pointes de la pénitence qui percent sa chair, MASS. Myst. Incarn..
   Saveur piquante et agréable.
   La longue habitude de mépriser e plaisir du goût avait éteint en lui toute la pointe de a saveur, BOSSUET Panég. de S. Bernard, I.
   La petite pointe d'ail l'assaisonnait [un mets], avec une finesse de saveur et d'odeur qui aurait flatté le goût du plus friand Gascon, MARMONTEL Mém. VI.
   Fig.
   Si M. son père n'avait point pour lui une grande passion, il en pourrait sentir une petite pointe de jalousie, BALZ. liv. VII, lett. 3.
   ...Le peu souvent que ce bonheur arrive, Piquant notre appétit, rend la pointe plus vive, CORN. Veuve, I, 1, 1re édit..
   La pointe du plaisir s'émousse par la souffrance, BOSSUET Abrégé d'un serm. pour le 3e dim. de Pâques, III.
   La maréchale de Rochefort se fit prier, avec cette pointe de gloire qui lui prenait quelquefois, SAINT-SIMON 3, 54.
   J'y sens une petite pointe de dépit qui a son mérite : c'est la jalousie qui ne loue, MARIV. l'Heur. stratag. II, 3.
   Cette innocente raillerie Dans ces repas dignes des dieux cette une pointe d'ambroisie, VOLT. Lett. en vers et en prose, 1.
   Je doute fort qu'on joue cette pièce [Sophonisbe] ; les Pélopides de M. Durand seraient plus faits pour la nation ; <, VOLT. Lett. Thibouville, 9 janv. 1771.
   La vanité même y mêlait a pointe, J. J. ROUSS. Conf. II.
   Une pointe de raillerie, d'ironie, un mot moqueur, un trait ironique.
   Une pointe de vin, un coup de vin qui a mis en gaieté.
   Celui [l'état] où vous me représentez Mlle d'Alerac est trop charmant ; c'est une petite pointe de vin qui réveille et réjouit toute une âme, SÉV. 5 nov. 1684.
   Être en pointe de vin, avoir un peu de vin dans la tête, être un peu échauffé par le vin.
   Ils étaient déjà en pointe de vin et bien près d'être ivres, ROLLIN Hist. anc. Oeuv. t. V, p. 360, dans POUGENS.
   J'y allai l'autre jour, un peu chaud de vin ; j'étais en pointe, j'agaçais les jolis masques, LE SAGE Turcar. IV, 2.
   Ces bagatelles ne sont bonnes qu'aux yeux de ceux qui les ont faites : elles ont comme des chansons de table, qu'il ne faut chanter qu'en pointe de vin, VOLT. Lett. Villette, 1er sept. 1765.
   Trait subtil, recherché, jeu de mots.
   Il se hasarde même à faire des romans, Des chansons pour Gautier, des pointes pour Guillaume, CORN. Illusion, I, 3.
   Le style n'est pas plus élevé ci que dans Mélite ; mais il est plus net et plus dégagé des pointes dont l'autre est semée, qui ne sont, à en bien parler, que de fausses lumières dont le brillant marque bien quelque vivacité d'esprit, mais sans aucune solidité de raisonnement, CORN. la Veuve, Exam..
   Il est mêlé de pointes, comme dans cette première ; mais ce n'était pas alors un si grand vice dans le choix des pensées, que la scène en dût être entièrement purgée, CORN. Clitandre, Exam..
   Elle était tout habillée sur un lit, environnée de quatre ou cinq des plus doucereux, étourdie de quantité d'équivoques, qu'on appelle pointes dans les provinces, et souriant bien souvent à des choses qui ne lui plaisaient guère, SCARR. Rom. com. I, 8.
   Qu'il [Maynard] s'était adonné à un genre d'écrire auquel il n'était pas propre, voulant dire l'épigramme, et qu'il n'y réussirait pas parce qu'il n'avait pas assez de pointe, PELLISSON Hist. de l'Acad. IV, Maynard.
   Jadis de nos auteurs les pointes ignorées Furent de l'Italie en nos vers attirées, BOILEAU Art p. II.
   Laisse-les, dans leur manie, Préférer insolemment L'exactitude au génie Et la pointe au sentiment, CHAUL. à Volt..
   L'amour des subtilités et l'affectation des pointes dans le discours avaient pris, dès le temps de Tibère et de Caligula, a place du bon goût qui régnait sous Auguste, ROLLIN Hist. anc. XXV, I, II, 3.
   Zozime dit que lors du siége de Rome par Alaric] l'on fondit quelques-uns de ces dieux qui étaient d'or ou d'argent, et que de ce nombre fut la Vertu ou la Force, après quoi aussi elle abandonna entièrement les Romains ; Zozime ne doutait pas que cette belle pointe ne renfermât la véritable cause de la prise de Rome, FONTEN. Oracles, II, 4.
   Il règne ici une secte de faiseurs de pointes dont M. le chevalier de Chastellux est un des premiers apôtres ; elles sont si mauvaises, que c'est presque un des caractères d'un bon esprit que de ne pas les entendre, DIDEROT Salon de 1767, Oeuv. t. XIV, p. 42, dans POUGENS.
   Pointe d'épigramme, la pensée piquante qui doit terminer une épigramme.
   Et n'allez pas toujours d'une pointe frivole Aiguiser par la queue une épigramme folle, BOILEAU Art p. II.
   La pointe de l'esprit, ce qu'il y a de plus pénétrant, de plus vif dans l'esprit.
   Le chaud élément Qui donne cette pointe au chaud entendement, RÉGNIER Sat. V.
   Bout piquant et aigu.
   Avec quelle insolence ils ont de toutes parts Fait briller à nos yeux la pointe de leurs dards !, RAC. Iphig. V, 1.
   L'aventure de Régulus, enfermé par les Carthaginois dans un tonneau garni de pointes de fer, mérite-t-elle qu'on la croie ?, VOLT. Dict. phil. Histoire..
   Fig.
   La justice et la vérité sont deux pointes si subtiles, que nos instruments sont trop émoussés pour y toucher exactement, PASC. Pens. III, 3, éd. HAVET..
   Pouvoir des pointes, propriété qu'ont les pointes de soutirer l'électricité des corps électrisés, et par conséquent d'en faire disparaître les signes.
   À la pointe de l'épée, les armes à la main.
   Les Athéniens ne pouvaient plus avoir de vivres qu'à la pointe de l'épée, ROLLIN Hist. anc. Oeuv. t. III, p. 684, dans POUGENS.
   À la pointe de l'épée, en duel.
   À ce compte... les discours d'un menteur deviennent des vérités, sitôt qu'ils sont soutenus à la pointe de l'épée, J. J. ROUSS. Hél. I, 57.
   On dit dans le même sens : à la pointe des armes.
   Commandez que son bras, nourri dans les alarmes, Répare cette injure à la pointe des armes, CORN. Cid, II, 7.
   Fig. À la pointe de l'épée, de vive force, avec de grandes difficultés.
   Point de franche lippée ! Tout à la pointe de l'épée !, LA FONT. Fabl. I, 5.
   Point d'argent qu'à la pointe de l'épée, SÉV. 2 août 1689.
   On ne réussit dans ce monde qu'à la pointe de l'épée, VOLT. Lett. la Harpe, 19 oct. 1765.
   Par extension, à la pointe de l'éloquence, de l'argent etc. par le moyen de l'éloquence, de l'argent, etc.
   Résolvez-vous, ma belle, de me voir soutenir toute ma vie, à la pointe de mon éloquence, que je vous aime plus encore que vous ne m'aimez, LA FAY. Lettr. Oeuvr. t. III, p. 218.
   Chez Mme Dupin même où j'étais de la maison, et où je rendais mille services aux domestiques, je n'ai jamais reçu les leurs qu'à la pointe de mon argent, J. J. ROUSS. Conf. X..
   Il ne faut poursuivre le phénomène à la pointe de l'esprit, que quand il échappe à la portée du sens, DIDEROT Opin. des anc. philos. (secte éléatique)..
   Fig. Sur la pointe d'une aiguille, voy. aiguille.
   Terme d'escrime. Couper la pointe, faire un mouvement prompt et léger, par lequel, sans déranger la pointe de son fer de la ligne du corps, on la passe par-dessus le fer de son adversaire.
   Parer de la pointe, écarter la pointe de la ligne du corps, en faisant une parade.
   Un coup de pointe, un coup porté avec la pointe du sabre.
   Terme de sculpteur. Outil de fer qui sert à ébaucher l'ouvrage, après que le bloc de pierre ou de marbre a été dégrossi ; ce qui s'appelle approcher à la pointe.
   Double pointe, ciseau fendu par le bout. Lorsque le marbre est dégrossi, ...on avance l'ouvrage avec une pointe, et l'on se sert quelquefois, dans ce travail, de la double pointe, qu'on nomme autrement dent de chien, Dict. des arts et m. Sculpteur.
   Terme de graveur. Pointe sèche, pointe dont on se sert pour former, sur le cuivre nu, des traits fins et délicats.
   Si l'on forme, avec une pointe aiguë, des traits ou des hachures, sans recourir à l'eau-forte, ni au burin, cela s'appelle graver à la pointe sèche, DIDEROT Salon de 1765, Oeuv. t. XIII, p. 358, dans POUGENS.
   La pointe sèche ouvre le cuivre, sans en rien détacher, ib..
Les graveurs à l'eau-forte ont aussi leur pointe, qui est une pointe d'aiguille emmanchée, pour dessiner sur le vernis.
   Manière d'opérer avec la pointe. Cette gravure est touchée d'une pointe fort spirituelle.
   Tige de cuivre à l'extrémité de laquelle est monté un diamant qui sert aux graveurs en pierres fines à creuser les parties des pierres qu'ils veulent graver.
   On a trouvé plus facile et plus sûr de faire servir la malice humaine à corriger les autres vices de l'humanité, à peu près comme on emploie les pointes du diamant à polir le diamant même : c'est là l'objet ou la fin de la comédie, MARMONTEL Oeuv. t. VI, p. 139, dans POUGENS.
   Terme d'imprimerie. Espèce d'alène, avec laquelle on enlève les lettres en corrigeant les épreuves.
10°   Pointe de diamant, ou, simplement, diamant, diamant taillé en pointe qui sert à couper le verre.
   Avançant un pied, puis un autre, et prenant bien garde à les poser par mesure, comme si elle eût marché sur des pointes de diamants, LA FONT. Psyché, I, 83.
   Pointes naïves, nom que les lapidaires donnent aux diamants bruts, d'une forme extraordinaire, qui viennent particulièrement de la mine de Soumelpour, au Bengale.
11°   Terme de relieur. Pointe à rabaisser, outil en acier, long de 24 à 30 pouces, ayant la forme d'un couteau à rogner, et qu'on fait glisser le long d'une règle en fer pour rabaisser les cartons d'un livre ; c'est ce qu'on appelle pointer.
12°   Morceau de fer dont on se sert pour commencer un trou de mine.
13°   Terme de serrurier. Pointe molle, le bout d'un lacet, d'un piton, dont les extrémités des branches sont en pointe et amincies de manière à être recourbées et rivées.
14°   Terme de chirurgie. Pointe de feu, petite eschare que l'on produit à l'aide d'un cautère pointu.
   Terme de vétérinaire. Pointe de feu, morceau de fer long, terminé en pointe, que l'on fait rougir pour percer la peau d'un cheval en certains cas.
15°   Clou long et mince, avec ou sans tête, différant du clou proprement dit en ce que la tige en est ronde et de grosseur uniforme. Ce morceau de bois est décollé, il faut y mettre quelques pointes. On se sert de pointes pour clouer un tapis.
   De la fonte au fer fin, de la pointe de Paris à la plaque tournante des chemins de fer, on y élabore, on y fabrique tout, STÉPH. LIÉGEARD, au Corps législatif, Moniteur univ. 13 mai 1868, p. 650, 1re col..
16°   Bout, extrémité des choses qui vont en diminuant.
   Une des pointes de la montagne de Tarare vous empêcha de me voir, VOIT. Lett. IX..
   Je suis monté avec la multitude de mes chariots sur le haut des montagnes, sur le mont Liban, j'ai coupé ses grands cèdres et ses beaux sapins, je suis monté jusqu'à la pointe de son sommet, SACI Bible, Isaïe, XXXVII, 24.
   Déjà de ses vaisseaux la pointe était tournée, Et la voile flottait aux vents abandonnée, RAC. Phèdre, III, 1.
   Des fleuves pleins de neiges tombent, comme des torrents des pointes de rochers qui environnent sa tête [d'un mont], FÉN. Tél. III.
   Le premier [l'homme de coeur] n'est guère plus vain d'avoir paru à la tranchée.... que celui-ci [le couvreur] d'avoir monté sur de hauts combles ou sur la pointe d'un clocher, LA BRUY. II.
   On n'est ni ignorant, ni sot, moins encore méchant pour ne voir jamais que la pointe de son clocher, DIDEROT Sur les caract..
17°   Pointe de terre, ou, simplement, pointe, espace de terre ou de rochers qui s'avance plus ou moins dans la mer.
   Les Portugais, naviguant sur l'océan Atlantique, découvrirent la pointe la plus méridionale de l'Afrique, MONTESQ. Esp. XXI, 21.
   On doit remarquer, au sujet de ces pointes formées par les continents, qu'elles sont toutes posées de la même façon : elles regardent toutes le midi, BUFF. Hist. nat. Preuv. théor. terre, Oeuv. t. II, p. 148.
   La Californie est proprement une longue pointe de terre qui sort des côtes septentrionales de l'Amérique, et s'avance entre l'est et le sud jusqu'à la zone torride, RAYNAL Hist. phil. VI, 23.
   Bientôt nous reconnûmes la pointe de VanDiémen et le banc des brisants qui est au large de cette pointe, LA PÉROUSE Voy. t. III, p. 252, dans POUGENS.
   Pointe, l'espace de terrain compris entre deux cours d'eau à leur confluent.
18°   La pointe du pied, l'extrémité du pied opposée au talon.
   Sur la pointe du pied ou des pieds, se dit d'une personne qui, debout, fait porter son corps sur les orteils.
   Il se mit à marcher doucement, je le suivis sur la pointe du pied, J. J. ROUSS. Hél. V. 5.
   Il s'en était allé là-dessus légèrement et sur la pointe du pied, ne se doutant pas qu'il avait offensé lord Nelvil, STAËL Corinne, VIII, 1.
   Terme de danse. Avoir des pointes, se dit d'un danseur qui sait s'élever sur la pointe des pieds, et faire des pas sans porter le talon à terre.
   Fig. et populairement. Marcher sur ses pointes, être fier.
19°   Terme de guerre. La pointe de l'aile droite, de l'aile gauche, l'extrémité de ces ailes.
   En fortification, la pointe d'un bastion, l'angle du bastion le plus avancé du côté de la campagne.
   Au lieu d'ouvrir la pointe et y faire un logement en diligence, il a voulu profiter d'une traverse que les ennemis avaient laissée vers la gorge de l'ouvrage, PELLISSON Lett. hist. t. III, p. 241, dans POUGENS.
20°   Terme de marine. Se dit quelquefois pour cap du navire.
   Pointe de bordage ou de doublage, morceau de bordage ou de toile qui s'applique pour remplir un vide.
   Avirons à pointe, avirons montés de manière qu'il n'y ait qu'un aviron et qu'un rameur sur chaque banc de l'embarcation.
   Une des divisions du compas de mer ou boussole. Il y a trente-deux pointes qui marquent les vents. Un rumb de vent vaut quatre pointes.
21°   Se dit des divisions du tablier du trictrac sur lesquelles on case ou range les dames. On dit plutôt les flèches.
22°   Pointe de pavé, jonction des deux ruisseaux d'une chaussée, en forme de fourche.
23°   Terme de sellerie. Pointe de l'arçon, les parties qui forment le bas de l'arçon d'une selle.
24°   Terme de blason. Partie basse de l'écu.
   Pointe se dit des espèces de dents que l'on fait au bout des branches d'une croix. Croix à huit pointes, à seize pointes, croix qui a deux pointes, quatre pointes à chaque branche.
25°   Morceau d'étoffe taillée en pointe, qui sert à donner plus d'ampleur à un vêtement.
   M. le duc d'Enghien, vêtu en pointe avec le bonnet carré, et le duc de la Trémoille se rendirent dans la grande cour des Tuileries, SAINT-SIMON 220, 222.
   S. f. pl. Laizes de toile taillées pour être placées dans les côtés d'une voile.
26°   Petit fichu en pointe, dont les femmes se couvrent le cou. Une pointe de soie, de mérinos, de velours.
   On dit d'un terrain qu'il est en pointe de fichu lorsqu'il a la forme d'un fichu en pointe.
27°   Terme de manége. Défense d'un cheval qui se cabre.
   Un cheval fait pointe, lorsque, au lieu de suivre de rond, en maniant sur les voltes, il sort un peu du terrain et fait une sorte d'angle à côté de son cercle.
   Il se dit aussi du cheval qui résiste à son cavalier, s'élève et se plante sur les deux pieds de derrière.
28°   Terme de fauconnerie. Vol d'un oiseau qui s'élève vers le ciel.
   On dit qu'un oiseau fait pointe quand il s'élève ou descend d'un vol rapide.
   Terme de chasse. On dit qu'un animal fait une pointe lorsqu'il perce très loin devant lui sans se détourner.
   Fig. et familièrement. Faire une pointe, quitter le chemin qu'on suivait, et aller faire une course qu'on n'avait pas projetée.
   En un autre sens, faire des pointes, chercher querelle.
   Monsieur ne laissait pas de faire au roi par-ci par-là des pointes ; mais cela ne durait pas, SAINT-SIMON 93, 232.
   Terme de guerre. Faire une pointe, s'éloigner de sa ligne d'opération.
   Suivre sa pointe, aller de l'avant dans ses opérations.
   M. de Noailles suivit sa pointe, et prit Girone en six jours de tranchée ouverte, SAINT-SIMON 23, 12.
   Fig. et familièrement. Poursuivre, suivre, pousser sa pointe, poursuivre une résolution, une idée avec vigueur ou obstination.
   Nonobstant les avis, je veux suivre ma pointe, SCARR. D. Japhet d'Arm. II, 4.
   Point d'affaire, il poursuit sa pointe jusqu'au bout, MOL. l'Ét. III, 5.
   Vous faites bien de pousser votre pointe, cela est naturel, MOL. Comtesse, 21.
   Quel diable d'étourdi qui suit toujours sa pointe !, MOL. Fourber. III, 11.
   Affligé d'un si grand mal [la discorde dans le protestantisme], il [Mélanchthon] suit sa pointe....il fit sa souscription [à l'assemblée de Smalkade], en réservant l'autorité du pape, BOSSUET Var. v, 27.
   L'orgueilleux plaisir de supplanter un rival aimé m'excite à pousser ma pointe, LE SAGE Gil Blas, IX, 6.
29°   Ce qui commence à poindre, à paraître.
   Le siége de Mons fut formé par le roi en personne, à la première pointe du printemps, SAINT-SIMON I, 21.
   La pointe du jour, les premiers rayons du jour.
   Enfin, à la petite pointe du jour, je me suis levée, SÉV. 166.
   Pointe du jusant, se disait pour commencement du jusant.
   Il [Villette Mursay] donna ordre à ses quinze vaisseaux de couper [leurs câbles], tous en même temps à la pointe du jusant, Relat. du combat de la Hogue, dans JAL.
30°   En pointe, loc. adv. En forme de pointe.
   Le tribunal des mathématiques de la Chine, avec toutes ses révérences et sa barbe en pointe, est un misérable collége d'ignorants qui prédisent la pluie et le beau temps, VOLT. Lett. pr. roy. de Prusse, juin 1738.
   Terme de maçon. En pointe de diamant, se dit d'une pierre terminée par une pyramide quadrangulaire aplatie.
   Terme de marine. Un navire est brassé en pointe, lorsque les vergues sont orientées comme pour l'allure du plus près.
31°   De pointe, par la pointe, par le bout pointu.
   D'autant que les parties des sels entrent de pointe et sans se plier, DESC. l'Homme..
   XIIe s.
   Molt [il] resemble bien chevalier ; Des rens s'en ist trestot premier ; Vers ceus de l'ost fist une pointe, Premiers en volt [veut] aver la jointe, Grégoire le Grand, p. 50.
   En la puinte del jur fist la messe chanter, Th. le mart. 163.
   XIIIe s.
   Petit dura cil estors [combat] ; quar Grieu tornerent le dos et furent desconfis à cele premiere pointe, VILLEH. LXV.
   Aporche [qu'apporte] chascune coutiel à pointe, Lai d'Ignaur.
   XVe s.
   [Le châtel d'Aiguillon] estoit bien seant et en bonne marche, en la pointe de deux grosses rivieres portans navire [le Lot et la Garonne], FROISS. I, I, 235.
   Ces paroles douces et tractables amollirent grandement la pointe de l'ire que l'empereur avoit, FROISS. II, III, 93.
   Il se lance au chevalier par dessoubs la poincte de son escu, et l'ahert [saisit] par les costez, et le restraint si qu'il luy fist l'eschine ployer, Perforest, 1. I, f° 140. Aler baguenaulder à la cour, et regarder qui a les plus belles pointes [de souliers], le Jouvencel, f° 16, dans LACURNE.
   XVIe s.
   Telle est la nature et complexion des Françoys que ils ne valent qu'à la premiere poincte, RAB. Garg. I, 48.
   Comme un traict d'une poincte très delicate, MONT. I, 171.
   La fortune envoye souvent cul sur poincte toutes nos deffenses et levées, MONT. I, 314.
   Façon de parler bouillonnée de poinctes ingenieuses, mais fantasques, MONT. I, 383.
   C'est ce qui donne poincte à la saulse, MONT. III, 2.
   Marius le feit malicieusement pour l'esperance qu'il avoit de rompre les ennemis avec les deux poinctes [ailes] de la bataille, AMYOT Marius, 43.
   Ses ennemis, s'estans cachez à l'abry de quelques poinctes de terre, le guettoient pour le surprendre au passage, AMYOT Lucul. 6.
   Sertorius, se sentant le plus fort, suivit sa premiere poincte, tant qu'il penetra jusques à Metellus mesme, AMYOT Sertor. 29.
   Si le sieur de la Magdelaine a envie de fournir sa poincte, il y a un beau sable entre ce lieu et Nerac, D'AUB. Vie, XLVII.
   Les autres cherchent le langage concis, tout hérissé de poinctes, D'AUB. Hist. préf. 3.
   Corbuson, qui eut la pointe [qui marcha le premier à l'assaut], perdit 120 hommes, D'AUB. ib. I, 219.
   En cet endroit mesme fut basti un fort de six petites poinctes, D'AUB. ib. III, 374.
   Le jour commençoit à faillir, telles longueurs procedant des difficultez que faisoient les capitaines estrangers d'aller à l'assaut, encore qu'ils eussent obtenu la pointe [la tête de l'attaque], au grand deplaisir des François, VILLEROY Mém. t. II, p. 140, dans LACURNE.
   Féminin du participe point, de poindre ; provenç. poncha, punta ; cat. punza ; esp. et ital. punta ; port. ponta.
SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE
POINTE.
18°   Terme de danse. Avoir des pointes. Ajoutez :
   Les pointes, qui font pâmer les amateurs de ballet, sont de date plus récente qu'on ne croit ; c'est en 1834, à Vienne, que cet attrait nouveau de la danse théâtrale fut imaginé par le célèbre chorégraphe Duport ; il fit le premier exécuter des pointes à une élève, Mlle Schlanjouski, que ce tour de force rendit bientôt fameuse, Figaro, 28 mai 1870.

Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. . 1872-1877.

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  • pointé — pointe [ pwɛ̃t ] n. f. • 1150; bas lat. puncta; de pungere « poindre » I ♦ Extrémité pointue. A ♦ (Concret) 1 ♦ Extrémité allongée (d un objet qui se termine par un angle très aigu) servant à piquer, percer, tracer finement. Pointe d une aiguille …   Encyclopédie Universelle

  • pointe — Pointe. s. f. Bout piquant & aigu de quelque chose que ce soit. Pointe acerée. la pointe d une espine, d une areste. La pointe d une espée, d une aiguille, d un clou, &c. aiguiser, émousser la pointe d un couteau. la pointe d une lance, d une… …   Dictionnaire de l'Académie française

  • pointé — pointé, ée (poin té, tée) part. passé de pointer. 1°   Terme de blason. Se dit des fleurs dont les folioles et les épines sont d un autre émail que la fleur et ses boutons. 2°   Terme de musique. Note pointée, note suivie d un point qui en… …   Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré

  • Pointe — Sf geistreicher Schlußeffekt erw. fremd. Erkennbar fremd (18. Jh.) Entlehnung. Entlehnt aus frz. pointe, eigentlich Spitze , dieses aus l. pūnctum n. Stich , dem substantivierten PPP. von l. pungere (pūnctum) stechen . Adjektiv: pointiert.… …   Etymologisches Wörterbuch der deutschen sprache

  • pointe — also pointes [pwænt US pwa:nt] n [U] if ↑ballet dancers are on pointe, they are dancing on the ends of their toes with their feet in a vertical position …   Dictionary of contemporary English

  • Pointe — Surtout porté dans la Nièvre et la Marne, le nom peut renvoyer aux divers sens de pointe (voir Lapointe), mais il est souvent attesté comme variante de Pointre, nom de famille aujourd hui disparu porté dans les mêmes régions. Sens probable :… …   Noms de famille

  • Pointe — Pointe: Der Ausdruck für »überraschender ‹geistreicher› Schlusseffekt (z. B. eines Witzes)« wurde im 18. Jh. aus gleichbed. frz. pointe entlehnt, das wörtlich »Spitze, Schärfe« bedeutet und auf vlat. puncta »Stich« zurückgeht. Dies ist das… …   Das Herkunftswörterbuch

  • Pointe — (fr., spr. Poängt), 1) Spitze, Landspitze; 2) Stachel, Schärfe, bes. die des Witzes …   Pierer's Universal-Lexikon

  • Pointe — (franz., spr. pŭängt ), Spitze; Vorgebirge; Bollwerksspitze (Pünte); witziger Einfall, Spitze eines Witzwortes etc …   Meyers Großes Konversations-Lexikon

  • Pointe — (frz., spr. pŏängt), Spitze, bes. eines Witzes etc …   Kleines Konversations-Lexikon

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