pour

pour
pour 1.
(pour) prép.
   Sert à marquer le motif, la destination. Faire de l'exercice pour sa santé.
   Le soleil, la lune et les astres sont conduits pour l'utilité des hommes, et obéissent à Dieu, SACI Bible, Baruch, VI, 59.
   ... Vivaient le cygne et l'oison : Celui-là destiné pour les regards du maître ; Celui-ci pour son goût, LA FONT. Fabl. III, 12.
   Quelque terme où nous pensions nous attacher et nous affermir, il branle et nous quitte ; et, si nous le suivons, il échappe à nos prises, nous glisse et fuit d'une fuite éternelle ; rien ne s'arrête pour nous, PASC. Pens. I, 1, éd. HAVET..
   Puissent les princes entendre que leur vraie gloire est de n'être pas pour eux-mêmes !, BOSSUET Polit. III, III, 2.
   Les esclaves sont plutôt établis pour la famille qu'ils ne sont établis dans la famille, MONTESQ. Esp. XVI, 1.
   En lui [à Racine] apprenant à écrire pour le petit nombre, il [Boileau] lui apprit à écrire pour la postérité, MARMONTEL Oeuv. t. v, p. 145.
   Il se dit de ce qui est destiné comme part, comme lot à quelqu'un. Cela est pour vous.
   La misère est pour nous, et pour eux l'opulence, DELILLE Pitié, IV.
   Il se dit d'une destination toute fortuite. Pour mon malheur, je ne pus garder le silence.
   N'est-ce pas cette même Agrippine Que mon père épousa jadis pour ma ruine ?, RAC. Brit. I, 4.
   À cause de. Il a été puni pour une faute légère.
   Cette saison n'était guère propre à la navigation pour les grands calmes qu'il y a, VOIT. Lett. 39.
   On abattit un pin pour son antiquité, LA FONT. Fabl. XI, 9.
   Ne perdez point courage pour toutes ces manières désagréables, SÉV. 9 nov. 1686.
   Salomon si estimé dans tout l'Orient pour sa sagesse, MASS. Carême, Salut..
   En raison de.
   Une infinité se vantait de l'avoir rencontré, mais plutôt pour se faire de fête, que pour vérité qu'ils sussent de cette affaire, MALH. Lett. à Peiresc, 20 févr. 1614.
   Sans relâcher en rien son allure ordinaire, Pour chose que le monde en veuille condamner, CORN. Imit. III, 28.
   Tout ce qui n'est pas formellement défendu par l'Église n'est pas pour cela permis, BOURDAL. 5e dim. après l'Épiph. Domin. t. I, p. 236.
   Ah ! quelque humeur qu'il ait, il faudra bien qu'il rie, Et pour cela, d'abord je lis ma tragédie, PIRON Métrom. III, 12.
   C'était assez pour être curieuse : C'était assez ; filles le sont pour moins, MALFIL. Narc. II.
   En considération de.
   Je vais au roi des rois demander aujourd'hui Le prix de tous les maux que j'ai soufferts pour lui, VOLT. Zaïre, II, 3.
   Il faut aimer les gens, non pour soi, mais pour eux, COLLIN D'HARLEVILLE Optimiste, v, 2.
   Familièrement. Et pour cause, signifie qu'on a des raisons, mais qu'on ne veut pas les exprimer. Je me tais et pour cause.
   D'un peu plus loin et pour cause, monsieur, MOL. Fâch. III, 3.
   Pour Dieu, se dit par manière de prière. Pour Dieu, ne me tourmentez pas.
   Pour l'amour de, en raison de l'intérêt qu'on porte à.
   Est-ce qu'en travaillant pour elles, vous travaillez pour l'amour d'elles ?, MAINTENON Lett. à Mme de Viefville, 20 juin 1708.
   Pour l'amour de, à cause de.
   Que tous ces jeunes fous me paraissent fâcheux ! Je me suis dérobée au bal pour l'amour d'eux, MOL. Éc. des mar. III, 9.
   En vue de.
   Vivez, régnez pour vous, c'est trop régner pour elle, RAC. Brit. II, 2.
   Vous n'avez choisi le monde que pour ses plaisirs ; la cour que pour la faveur ; les armes que pour la licence ; la robe que pour une vaine distinction ; l'autel que pour les honneurs et les richesses du sanctuaire, MASS. Carême, Vocat..
   En faveur de, pour la défense de, pour l'intérêt de. Ce que je dis est autant pour vous que pour moi.
   Vous nous diriez sans doute que la charité ne peut être bien employée que pour ceux qui la pratiquent envers les autres, FLÉCH. Serm. I, 232.
   Avez-vous pu, cruels, l'immoler aujourd'hui Sans que tout votre sang se soulevât pour lui ?, RAC. Andr. v, 3.
   Il [Claude] laissa pour son fils échapper quelques plaintes, RAC. Brit. IV, 2.
   Pour exprime l'attachement, l'intérêt. S'inquiéter pour quelqu'un.
   Elle était fille, elle était amoureuse ; Elle tremblait pour l'objet de ses soins, MALFIL. Narcisse, II.
   Du parti de.
   Il est pour Calvin contre les thomistes, PASC. Prov. XVIII.
   Il a pour lui le peuple. - P|olynice : Et j'ai pour moi les dieux, RAC. Théb. IV, 3.
   Si Onuphre est nommé arbitre dans une querelle de parents ou dans un procès de famille, il est pour les riches, LA BRUY. XIII.
   Votre ouvrage [Mélanie] a enchanté tout Paris ; M. d'Alembert en est idolâtre ; vous avez pour vous les philosophes et les femmes ; avec cela on va loin, VOLT. Lett. Laharpe, 2 mars 1770.
   Les académiciens revenus du pôle avaient pour eux dans cette dispute la théorie et la pratique, VOLT. Phil. Newt. III, 9.
   Il se dit aussi des choses qu'on préfère.
   Je vous avoue que je suis furieusement pour les portraits, MOL. Préc. 10.
   Ceux qui étaient près de la mer étaient pour un gouvernement mêlé des deux [démocratie et aristocratie], MONTESQ. Esp. XVIII, 1.
   Absolument et sans régime. Êtes-vous contre ou pour ? Je parlerai pour.
   Il me semble qu'il y a bien des raisons pour et contre, MONTESQ. Lett. pers. 37.
   Mercredi je cours à la pièce nouvelle ; Tout le monde était pour, et moi j'étais contre elle, DESMAHIS l'Impertin. SC. 3.
   Envers, à l'égard de. La tendresse d'une mère pour ses enfants. La haine qu'il a pour lui. Son aversion pour la vie de campagne.
   Il est pour les choses saintes, comme il était pour les profanes, SÉV. 516.
   Je vous aime et vous embrasse, et voudrais bien que mon coeur fût pour Dieu comme il est pour vous, SÉV. 132.
   Il est dans une seule province de l'Europe, entre les Alpes et les Pyrénées, plus de quarante petits peuples qui s'appellent compatriotes, et qui sont réellement étrangers les uns pour les autres, comme le Tonquin l'est pour la Chine, VOLT. Dict. phil. Lois..
   Il se dit pour exprimer ce qui sert contre quelque mal. Ce remède est bon pour la fièvre.
   Malgré.
   L'une était vénérable par son âge et l'autre par sa beauté, qui pour toutes ses afflictions n'était point changée, VAUGEL. Q. C. 190.
   Eu égard à, par rapport à. Cet habit est bien chaud pour la saison.
   Commander à ses pleurs en cette extrémité, C'est montrer, pour le sexe, assez de fermeté, CORN. Hor. I, 1.
   Vous êtes un grand extravagant, pour un si petit homme, SCARRON Rom. com. I, 2.
   Pour un pauvre animal, Grenouilles, à mon sens, ne raisonnaient pas mal, LA FONT. Fabl. VI, 12.
   Je dis qu'il était vieux pour son peu de santé, REGNARD Ménechmes, III, 2.
   On ne lui avait point encore vu [à Céluta] l'air qu'elle avait dans ce moment : c'était pour la douleur et la beauté quelque chose de surhumain, CHATEAUBR. Natch. 2e part. fin..
   Quant à. Je suis hors de souci pour ce qui me regarde. CORN. Nicom. V, 7.
   Pour Dircé, son orgueil dédaignera sans doute L'appui tumultueux que ton zèle redoute, CHATEAUBR. Oedipe, V, 1.
   Pour ce qui est de cela, la jalousie est une étrange chose !, MOL. G. Dand. I, 6.
   J'ai à vous dire que vous faites tort à ces eaux de les croire noires ; pour noires, non ; pour chaudes, oui, SÉV. 281.
   Pour moi, vous le savez, descendu d'Israël, Je ne sers ni Baal ni le Dieu d'Israël, RAC. Athal. III, 3.
   Il se dit en ce sens devant de, pris partitivement et suivi de l'article défini.
   Pour du blé, il n'y en avait point ou bien peu, VAUGEL. Q. C. 402.
   Pour de l'esprit, je pense qu'elles n'ont pas du plus fin ; mais pour des sentiments, ma belle, c'est tout comme chez nous, et aussi tendres et aussi naturels, SÉV. 197.
   Pour des amants la méthode est nouvelle, DESTOUCHES Cur. impert. III, 4.
   Il se dit quelquefois en ce sens devant un infinitif.
   Ah ! pour en être digne, il l'est et plus que tous, CORN. Othon, II, 4.
   Au XVIIe et au XVIIIe siècle on a construit pour devant une autre préposition, par ellipse du verbe qui précédait.
   J'aime bien la Hire et son discours à son maître.... il me semble que vous auriez dit la même chose à Charles VII ; car pour au roi d'au jourd'hui [pour le dire au roi], vous êtes bien éloigné d'avoir sujet de lui parler de la sorte, SÉV. à Bussy, 18 mars 1678.
   De vos affaires, vous en êtes le maître ; mais pour des miennes [pour être maître des miennes], je ne vous permets de faire...., SAINT-SIMON t. I, p. 254, éd. CHÉRUEL..
   Quoiqu'il eût entrée à ceux [conseils] de finance et de dépêches, il n'y allait presque jamais ; pour au travail particulier du roi [pour aller au travail], il n'en fut pas question pour lui, SAINT-SIMON t. IX, p. 137.
   Si vous m'eussiez parlé botanique et des plantes que produit votre contrée.... j'en aurais pu causer avec vous ; mais, pour de mes livres [pour causer de mes livres], vous m'en parleriez inutilement...., J. J. ROUSS. Lett. à E. J. 13 mai 1767.
   Pour sert à marquer le rapport entre une chose qui affecte, et la personne affectée. C'est une grande perte pour vous. Nouvelle fâcheuse pour tout le monde. Cela est heureux pour votre ami.
   En échange de, moyennant un certain prix. Il a donné son cheval pour mille francs. Les meubles se donnaient pour rien à cette vente.
   Pour, devant un nom de nombre, indique une certaine proportion. Toucher, de commission, tant pour mille.
   Pour cent, voy. cent, n° 3.
10°   En la place de, au lieu de. Mon fils monte la garde pour moi. Il a pour lit un mauvais matelas.
   Rougis pour moi, Nérine et dis-lui que je l'aime, DUFRESNY Réconcil. norm. II, 8.
   Là, sans suite, sans faste et sans vain appareil, Pour temple les arceaux de cette voûte obscure, Ces prismes pour flambeaux, pour témoin la nature, Pour offrande leur coeur, un rocher pour autel, Le dieu d'hymen reçut leur serment mutuel, DELILLE. Trois règ. V.
   Pour, employé au sens de comme.
   Tous les bruits de Léon annoncent pour certain Qu'à la comtesse Inès il va donner la main, MOL. D. Garcie, I, 2.
   Je crois qu'il [un Grignan mourant] dispose de ce qu'il a en votre faveur ; gardez-le, quoique ce soit peu, pour une marque de sa tendresse, SÉV. 29 janv. 1672.
   Joas laissé pour mort frappa soudain ma vue, RAC. Athal. I, 2.
   Il demeure pour prouvé que saint Thomas ne renonça au monde qu'au moment où il entra dans l'ordre de Saint-Dominique, Mém. de Trévoux, 1725, t. X, p. 152.
   L'homme sensé comptera l'écu du pauvre pour un louis, et l'écu du financier pour un liard, BUFF. Ess. arith. mor. Oeuv. t. X, p. 131.
En qualité de. Laissez-le pour ce qu'il est.
   Don Carlos.... n'a jamais dû croire que je pusse l'aimer, ne m'ayant jamais connue pour ce que j'étais, SCARR. Rom. com. II, 11.
   Je suis auprès de lui gagé pour serviteur, Vous me voudriez encor payer pour précepteur, MOL. l'Ét. I, 9.
   Et vous l'avez connu pour gentilhomme ?, MOL. Bourg. gent. IV, 5.
   Romulus, le fondateur de Rome, en fut élu pour le premier roi, VERTOT Rév. rom. I, 18.
   Qui est-ce qui a lu les ouvrages de Richardson sans désirer de connaître cet homme, de l'avoir pour frère ou pour ami ?, DIDER. Éloge de Richards..
   Ah ! madame, s'écria-t-elle, quel ange vous avez pour soeur !, GENLIS Veillées du château t. II, p. 260, dans POUGENS.
   Être pour beaucoup, pour peu en quelque chose, n'y être pour rien, y avoir contribué beaucoup, peu, n'y avoir contribué en rien.
   Passer pour, voy. passer, n° 29.
   Prendre pour, voy. prendre.
11°   Il se dit en un sens particulier à l'effet de mettre en regard un petit nombre en opposition à un grand.
   Pour un saint à qui Dieu, par des vues spéciales, peut avoir inspiré de rendre ses communions moins fréquentes, nous en trouvons mille autres à qui il inspire le contraire, BOURDAL. Dim. oct. du saint sacrem. Dominic. t. II, p. 328.
   Pour deux amants heureux qu'Amour fait quelquefois, Il en fait tous les jours plus de cent misérables, QUIN. Rol. IV, 5.
   La cour de Claudius, en esclaves fertile, Pour deux que l'on cherchait en eût présenté mille, RAC. Brit. I, 2.
   Pour, devant tout, exprime qu'il n'y a pas autre chose. Pour toute récompense il eut des reproches.
   Pour toute réponse aux cris des Espagnols, on produisit les offres qu'ils avaient faites eux-mêmes au protecteur [Cromwell], VOLT. Louis XIV, 6.
   Ne.... pour un..., ne.... pas pour un..., pas seulement un.
   Moins d'ennemis attaquent leur pudeur [des femmes du monde] ; les autres [les cloîtrées] n'ont pour un seul adversaire : Tentation, fille d'oisiveté...., LA FONT. Mazet..
   On nous fait voir que Jupiter n'a pas aimé pour une fois, MOL. Pr. d'Él. II, 1.
   On est faite d'un air, je pense, à pouvoir dire Qu'on n'a pas pour un coeur soumis à son empire, MOL. Femm. sav. II, 3.
   Quel sujet auriez-vous de vous plaindre de moi ?- Je n'en ai pas pour un, je crois en avoir mille, DANCOURT Mme Artus, IV, 7.
   On n'avait pas alors pour un seul prophète : un presbytérien anglais, qui étudiait à Utrecht, combattit tout ce que disait Jurieu sur les sept fioles et les sept trompettes de l'Apocalypse, VOLT. Dict phil. Prophéties, 2.
12°   Au nom de. Il commande la province pour le roi, pour l'empereur.
13°   Pour, joint à un mot qui exprime le temps, signifie pendant, mais avec le sens d'un futur. Je n'en ai que pour un moment.
   Souffrez que j'interrompe pour un peu la répétition, MOL. Impromptu, 3.
   Monsieur le Duc est ici pour un jour, il ira rejoindre monsieur son père, SÉV. 202.
   Ils périront pour le temps, et vous périrez pour l'éternité, BOURDAL. 6e dim. après la Pentecôte, Dominic. t. III. p. 47.
   Il sert à indiquer l'époque où une chose s'est faite ou se fera, mais toujours avec le sens du futur. Ce sera pour demain. La cérémonie était pour hier (elle était pour hier, avant d'avoir lieu) ; elle est pour aujourd'hui (tant qu'elle n'est pas commencée ; <
   Pour quand, sans interrogation, pour le temps où.
   Ce que je trouve admirable, c'est qu'un homme qui s'est passé, durant la vie, d'une assez simple demeure, en veuille avoir une si magnifique pour quand il n'en a plus que faire, MOL. D. Juan, III, 7.
   Pour jamais, ou pour toujours, pour un temps qui ne doit pas finir, pour une durée perpétuelle.
   Songez-vous que je tiens les portes du palais, Que je puis vous l'ouvrir ou fermer pour jamais ?, RAC. Baj. II, 1.
   Pour quand, avec interrogation, pour quel temps ? Pour quand est la fête ?
14°   Pour, précédé et suivi du même mot, marque la comparaison.
   Et mort pour mort, toujours mieux lui valait, Auparavant que sortir de la vie, Éprouver tout et tenter le hasard, LA FONT. Muletier..
   Tout bien considéré, je te soutiens en somme, Que, scélérat pour scélérat, Il vaut mieux être un loup qu'un homme, LA FONT. Fabl. XII, 1.
   Servitude pour servitude, ne valait-il pas mieux rendre le Milanais à son maître ?, FÉNELON Dial. des morts mod. Dial. 12.
   Pour exprime la réciprocité.
   Vous ferez rendre vie pour vie, oeil pour oeil, dent pour dent, main pour main, pied pour pied, SACI Bible, Deutéron. XIX, 21.
   Vous me louez continuellement sur mes lettres, et je n'ose plus vous parler des vôtres, de peur que cela n'ait l'air de rendre louanges pour louanges, SÉV. 22 janv. 1672.
   Et moi.... Je n'aurais pas du moins à cette aveugle rage Rendu meurtre pour meurtre, outrage pour outrage, RAC. Athal. II, 7.
   Rendre grâce pour grâce et plaisir pour plaisir, DUFRESNY Réconcil. norm. II, 6.
   Pour marque la relation, la correspondance exacte. Traduire un passage mot pour mot.
   Il y a aujourd'hui neuf mois, jour pour jour, dimanche pour dimanche, que je vous quittai à Charenton avec bien des larmes, SÉV. 3 juill. 1689.
   Pour marque l'échange. Faire troc pour troc.
15°   Pour, précéde d'assez, s'emploie dans des phrases qui indiquent la suffisance. Il a fait assez pour sa gloire.
   Avec un verbe à l'infinitif. Il est assez jeune pour s'instruire.
   Avec que, et avec le subjonctif. Il est assez riche pour que nous lui demandions de contribuer à cette bonne oeuvre.
   Pour, précédé de trop, s'emploie dans des phrases qui expriment l'excès. Il a trop fait pour un ingrat.
   Avec un infinitif.
   On dit que M. de Noailles, votre digne et généreux ami, a rendu de très bons offices à M. de Vardes ; il est assez généreux pour n'en pas douter, SÉV. à Moulceau, 26 mai 1683.
   La condition m'est trop avantageuse pour la refuser, BOURDAL. Pensées, t. II, p. 80.
   Avec que et le subjonctif. Il est assez de mes amis pour que je puisse compter sur lui. Vous êtes trop faible pour que nous vous imposions ce fardeau.
   L'adverbe fort s'est employé avec pour d'une façon analogue à trop (cela n'est plus usité).
   M. de Chaudebonne est fort chagrin à cette heure, pour bien battre les sonnettes [dans la danse des matassins], VOIT. Lett. 54.
16°   En être pour, perdre.
   Il n'y a pas de femme qui l'écoute qui n'en soit pour sa réputation, HAMILT. Gramm. 9.
   M. de Sireuil en sera pour ses vers, Royer pour ses croches, et le prévôt des marchands pour son argent, VOLT. Lett. Thiriot, 19 déc. 1754.
   Être pour, être capable de, être de nature à.
   Cesse de m'outrager, ou le respect des dames N'est plus pour contenir celui que tu diffames, CORN. Veuve, v, 10.
   Le sentiment d'autrui n'est jamais pour lui plaire, MOL. Mis. II, 5.
   Ne pouvoir savoir d'une belle si l'amour qu'inspirent ses yeux est pour lui plaire ou lui déplaire, c'est la plus fâcheuse, à mon gré, de toutes les inquiétudes, MOL. Sicil. 3.
   Et ce n'est guère pour avoir le teint frais et les yeux brillants que de se lever dès la pointe du jour, MOL. ib. 7.
   Puisque vous n'êtes point, en des liens si doux, Pour trouver tout en moi comme moi tout en vous, MOL. Mis. v, 8.
   Harlay avait des yeux qui, fixés sur un client ou sur un magistrat, étaient pour le faire rentrer sous terre, SAINT-SIMON 17, 198.
   N'être pas pour, ne pas devoir.
   Cette affaire, venue au point où la voilà, N'est pas assurément pour en demeurer là, MOL. le Dép. IV, 1.
   Cet état de victime n'est pas pour rien détruire en vous, BOSSUET Lett. Corn. 74.
   Ce sont des manières reçues, vous n'êtes pas pour les réformer, MASS. Carême, Élus..
   Être pour, être sur le point de. Il était pour partir.
17°   Pour précédant un adjectif, et suivi de que a le sens de quelque.... que.
   Vous savez que, pour matin que je sois levé, je vous ai toujours trouvé dans cette chambre, BALZ. liv. VII, lett. 16.
   Pour ingrat que soit un homme, MALH. Traité des bienf. de Sénèque, I, 12.
   Pour grand que fût le péril, ils s'efforcèrent tous à l'envi d'aller dégager le roi, VAUGEL. Q. C. IX, 4.
   Pour grands que soient les rois, ils sont ce que nous sommes, CORN. Cid, I, 6.
   Commettre un seul péché, pour petit qu'il soit, BOSSUET Mar.-Thér..
   Point n'a d'écus : pour belle qu'on soit née, L'amour languit sans Bacchus et Cérès, DESHOUL. Poés. t. I, p. 43.
   Pour saints, pour éclairés et pour sages que soient les hommes, ils ne sont pas infaillibles, SAINT-SIMON 61, 21.
   Pour peu que, si peu que.
   Et pour peu qu'elle ait d'ambition, Je vous réponds déjà de sa punition, CORN. Nicom. v, 7.
18°   Pour avec un infinitif, à l'effet de.
   C'est pour vous dire que vous devez réserver votre humilité aux actions qui se passent entre Dieu et vous, BALZ. liv. I, lett. 6.
   Pour juger de la beauté d'un ouvrage, il suffit de le considérer en lui-même ; mais, pour juger du mérite de l'auteur, il faut le comparer à son siècle, FONT. Vie de Corn..
   La nature, sur la fin de nos jours, nous dégoûte de la vie par la douleur, pour nous faire quitter ce monde avec moins de regrets, FRÉDÉRIC II dans GIRAULT-DUVIVIER.
   Il [Saint-Évremond] avait tant de réputation, qu'on lui offrit cinq cents louis d'or pour imprimer sa comédie de Sir Politik, VOLT. Temple du Goût..
   Le ciel fit les femmes Pour corriger le levain de nos âmes, Pour adoucir nos chagrins, nos humeurs, Pour nous calmer, pour nous rendre meilleurs, VOLT. Nanine, I, 1.
   On sépare quelquefois pour de son verbe.
   Pour de ce grand dessein assurer le succès, CORN. Pomp. IV, 1.
   Mais pour en quelque sorte obéir à vos lois, CORN. D. Sanche, I, 3.
   Il a fallu en venir à l'altération du texte, pour du moins le rendre douteux, BOSSUET Explic. du ps. 21, III, 3.
   Pour donc corriger l'abus et l'égarement de notre imagination vagabonde et dissipée, il la faut remplir d'images saintes, BOSSUET Élévat. sur myst. IV, 8.
Cette préposition ne doit rien avoir entre elle et l'infinitif qui les sépare, si ce n'est quelque particule d'une ou de deux syllabes ; par exemple on dira fort bien : pour y aller, pour en avoir, pour lui dire, etc.
   ; et encore : pour de là passer en Italie ; mais d'y mettre plusieurs syllabes, comme ont fait quelques-uns de nos meilleurs écrivains, il n'y a rien de si rude ni de si éloigné de la politesse du langage, VAUGEL. Rem. t. I, p. 100, dans POUGENS.
Quoi que dise Vaugelas, c'est à l'oreille à juger.
   Suivi de que et du subjonctif, même sens. Je suis venu vous voir pour que nous parlions de nos affaires. Je lui ai parlé assez haut pour qu'il m'entendît.
   Pour que est pour ce que, comme on peut le voir à l'historique.
19°   Pour, avec le passé de l'infinitif. signifie à cause que.
   On ne s'avise point de dé fendre [empêcher, prohiber] la médecine pour avoir été bannie de Rome, ni la philosophie pour avoir été condamnée publiquement dans Athènes, MOL. Tart. préface..
   Pour n'avoir pas fait cette remarque on perdit beaucoup de temps et de travail, CHATEAUB. Génie, I, I, 1.
   Il se dit dans le même sens avec le présent de l'infinitif.
   Nature se maintient pour être variable, RÉGNIER Épît. II.
   Et comment est-il possible, reprit Ésope, que vos juments entendent de si loin nos chevaux hennir, et conçoivent pour les entendre ?, LA FONT. Vie d'Ésope..
   Ma foi, me trouvant las pour ne pouvoir fournir Aux différents emplois où Jupiter m'engage...., MOL. Amphitr. prol..
   Le désavouerez-vous [un billet], pour n'avoir point de seing ?, MOL. Mis. IV, 3.
   Je hais ces coeurs pusillanimes qui, pour trop prévoir les suites des choses, n'osent rien entreprendre, MOL. Scapin, III, 1.
   Mon révérend père, si vous avez peine à lire cette lettre, pour ne pas être en assez beau caractère, PASC. Prov. XVII.
   Je n'admire point l'excès d'une vertu, si je ne vois en même temps l'excès de la vertu opposée.... on ne montre pas sa grandeur pour être à une extrémité, mais bien en touchant les deux à la fois, et remplissant tout l'entre-deux, PASC. Pens. VI, 21.
   Adresser votre lettre à Mme de Vins, plus pour l'obliger que pour avoir besoin d'elle, SÉV. 26 août 1675.
   Je comprends que l'ennui serait grand pendant l'hiver : les longues soirées peuvent être comparées aux longues marches, pour être fastidieuses, SÉV. 28, août 1675.
   Et, pour ne rien rabattre de ses aigreurs et de ses caprices, on aliène le coeur et l'esprit d'un époux, et on le précipite dans des amours étrangères, MASS. Carême, Culte..
20°   Pour devant un infinitif, au sens de quoique, bien que, mais toujours joint, comme on le voit par les exemples, à une phrase négative ou restrictive.
   Vous me montrez que, pour être échappé de la mer et des pirates, je ne suis pas encore en sûreté, VOIT. Lett. 50.
   L'hymen n'efface point ces profonds caractères ; Pour aimer un mari, l'on ne hait pas ses frères, CORN. Hor. III, 4.
   Je suis ici dans une fort grande solitude ; et, pour n'y être pas accoutumée, je m'y accoutume assez bien, SÉV. 19 juin 1680.
   Ils [les écrivains de Port-Royal] ne changent pas d'avis pour changer de note, SÉV. 25 mai 1680.
   On n'est pas criminel toujours pour le paraître, TH. CORN. Essex, II, 2.
   Pour être nés grands, vous n'en êtes pas moins chrétiens, MASS. Carême, Aum..
   De l'avenir le destin est le maître ; Sa volonté dirige tous nos pas : Respectons-la sans vouloir la connaître ; Pour la connaître on ne la change pas, MALFIL. Narcisse, II.
   Votre lettre a bien attendri mon vieux coeur, qui, pour être vieux, n'en est pas plus dur, VOLT. Lett. d'Alembert, 27 mars 1773.
21°   Pour avec un infinitif, signifiant de quoi. Il y a ici pour contenter tous les goûts.
   C'est bien pour en rougir de voir quelle tempête Souvent mes lâchetés attirent sur ma tête, CORN. Imit. III, 20.
   Il [Sévigné] s'ennuie fort dans la charge de guidon ; cette place est jolie à dix-neuf et vingt ans ; mais, quand on y a demeuré sept ans, c'est pour en mourir de chagrin, SÉV. 9 oct. 1675.
   Trois semaines, milord ! ah ! c'est pour en mourir, BOISSY Époux par superch. II, 12.
22°   Pour lors, alors. Quand le mal sera fait, il ne sera pour lors plus temps d'aviser.
23°   S. m. Le pour, ce qui est en faveur de.
   Le pour et le contre sont venus au monde avec le tien et le mien, BALZ. liv. I, lett. 3.
   Soit par l'interprétation des termes, soit par des circonstances favorables, soit enfin par la double probabilité du pour et du contre, on accorde toujours ces contradictions prétendues, PASC. Prov. VI.
   Les lecteurs, longtemps promenés çà et là dans le vaste pays du pour et du contre, ne savaient plus à la fin où ils en étaient, FONTEN. Malebr..
   Vous me dites toujours le pour et le contre dans toutes les choses que vous m'apprenez., -C, 'est que toutes les choses de ce monde ont un bon et un mauvais côté, VOLT. Dial. XXIX, 12.
   Après avoir balancé le pour et le contre, D'ALEMB. Réfl. sur l'inocul..
24°   Le pour, sorte de distinction à la cour de Louis XIV.
   Le pour est une distinction dont j'ignore l'origine : elle consiste à écrire en craie sur les logis : Pour M. un tel, ou simplement écrire, M. un tel, SAINT-SIMON 60, 5.
   1. La règle des grammairiens est que tout infinitif précédé d'une préposition doit se rapporter d'une manière claire et précise soit au sujet de la proposition, soit au régime indirect, soit au régime direct, par exemple : L'homme vit pour travailler. Mais cette règle est trop absolue : quand l'équivoque est impossible, quand le vrai sens est évident, la règle n'a plus d'objet ; les exemples abondent.
   Le théâtre, fertile en censeurs pointilleux, Chez nous pour se produire est un champ périlleux, BOILEAU Art p. III.
   Peut-être assez d'honneurs environnaient ma vie Pour ne pas souhaiter qu'elle me fût ravie, RAC. Iphig. IV, 4.
   2. Vaugelas dit : " Pour que, très usité le long de la Loire et depuis peu à la cour. On s'en sert de plusieurs façons qui ne valent rien. " Th. Corneille : " Pour que n'a pu s'établir ; on se le permet quelquefois dans la conversation, mais on ne l'écrit pas. " Chifflet, Gramm. p. 131 : " Pour que, au lieu de afin que, n'est qu'une barbarie. " Aujourd'hui il est en plein usage, justifié par l'analogie, après que, dès que, sans que, et par l'historique qui montre que c'est une ellipse au lieu de pour ce que.
   POUR, AFIN. Ces deux mots sont synonymes dans le sens où ils signifient qu'on fait une chose en vue d'une autre ; mais pour marque une vue plus présente ; afin en marque une plus éloignée : on se présente devant le prince pour lui faire sa cour ; on lui fait sa cour afin d'obtenir des grâces. Pour regarde plus particulièrement un effet qui doit être produit. Afin regarde proprement un but où l'on veut parvenir :
   Les filles d'un certain âge font tout ce qu'elles peuvent pour plaire, afin de se procurer un mari, GIRARD. .
   IXe s.
   Pro deo amur [pour l'amour de Dieu], Serment.
   Xe s.
   Ne por or, ned argent, ne parament, Eulalie.
   Mult laetatus, por que Deus cel edre [ce lierre] li donat, Fragm de Valenc. p. 448.
   XIe s.
   As tables juent pur els [se] esbaneier [divertir], Ch. de Rol. VIII.
   Se li reis velt, prez sui por vus le face, ib. XX.
   Sonent mil grailes [trompettes], pur ce que plus bel seit, ib. LXXVII.
   Et li aidez, et pur seignur tenez, ib. XXVI.
   Je ne lerreie por tot l'or que Deus fist, Que ne lui die...., ib. XXXIV.
   Ne lui faldront pur mort ne pur destreit, ib. CCXLVIII.
   XIIe s.
   Pour moi [en place de moi] n'iras tu mie, Roncisv. p. 15.
   Por ce qu'après sa mort on en puisse parler, ib. p. 197.
   Por verdure ne por prée Nulle chançon ne m'agrée, S'el ne vient de fine amor, Couci, I.
   Mout fait l'amours que vilaine, Qui comence por faillir, Couci, IV.
   Se fins amis [amant honnête].... Doit joie avoir por servir [parce qu'il sert] leaument, ib. VII.
   Ha ! douce riens cruels, tant mar [je] vous vi, Quant pour ma mort naquistes sanz merci, ib. IX.
   Puiz que mes cuers [mon coeur] ne s'er veut revenir, De vous, dame, pour qui il m'a guerpi, ib..
   Pour vostre honeur et pour Dieu je vous pri...., ib..
   Se nus [nul] morist [mourut] pour avoir [parce qu'il avait] cuer dolant, ib. XXII.
   Diex ! quant crieront outrée, Sire, aidez à pelerin, Por qui [je] sui espouvantée ; Car felon sont Sarazin, Dame de Faiel, dans Couci.
   XIIIe s.
   Pour quatre qu'ils estoient en l'ost, estoient il en la cité dui cent, VILLEH. LXXIV.
   Envoiez pour Tibert [envoyez chercher Tibert], Berte, XII.
   S'en vont vesque et abbé pour le lit beneïr, ib. XIII.
   Dame Diex, qui en croi fu pour nous estendus, ib. XXIV.
   [Elle] Ne briseroit son veu pour [dût-elle] soufrir discepline, ib. LVI.
   Ce n'estoit pas merveille se on la [Berte] desiroit Pour [en raison] les bones nouveles que chascuns en disoit Et pour le bel miracle que Diex i demonstroit, ib. CXXXV.
   Jà n'averai richesses, por qu'aient [pour qu'ils aient] povreté, ib. CXXXII.
   Li hospitaus de chaiens [céans] est de si très grant carité qu'onques nus malades n'i fali à son desir, se on le pot avoir pour or ne pour argent, Chr. de Rains, 108.
   N'onques nus [nul] n'osa là remaindre ; Tuit s'enfoïrent por la pluie, la Rose, 6521.
   C'est Biau-Semblant, qui ne consent à nul amant qu'il se repente D'amors servir, por mal qu'il sente, ib. 1854.
   XIVe s.
   Aucune foiz, quant il les cuide mouvoir à dextre, il tournent, pour la maladie, à senestre, ORESME Eth. 31.
   XVe s.
   Encore se confioient plus les Anglois en ceux que vous ai nommés, qu'ils ne faisoient ens Espaignols, et pour cause, FROISS. II, III, 85.
   Louis de Baviere, empereur de Rome pour le temps, FROISS. I, I, 74.
   Nous menons femmes en notre compagnie et avons mené, qui ne demandent que le sejour ; et, pour un jour qu'elles cheminent, elles en veulent reposer quinze, FROISS. II, III, 82.
   Pour ce, si Jean Lyon fust mort, ne se briserent mie adoncques les convenances que cils de Gand avoient à cils de Bruges, FROISS. II, II, 55.
   Ils vinrent à Paris là où le roi estoit ; et lui livrerent le comte de Montfort pour prisonnier, FROISS. I, I, 157.
   Quant je fus pour monter à cheval, Jeh. de Saint. ch. 30.
   Car, par ung seul semblant monstrer En riens d'en estre desplaisans, C'eust esté pour faire parler Les jalous et les mesdisans, CH. D'ORL. Complainte.
   Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ?, Bouciq. II, 23.
   Et pour quelque bruyt qu'il y eust en l'ost, il ne s'estoit point voulu bouger, COMM. IV, 10.
   Ayant moins de crainte que je n'euz jamais, pour la jeunesse en quoy j'estoye, et que je n'avoie nulle congnoissance de peril, COMM. I, 3.
   Et se prenoit ung escu pour pipe de vin qui passoit parmy les limites, COMM. III, 11.
   Homme sans foy s'il voyoit son profit pour la rompre, COMM. VII, 2.
   Et y mourut ce jeune et vaillant chevalier pour estre mal armé, COMM. I, 3.
   Et semble que tout soit pour eux, VILLON Baillev. et Malep..
   XVIe s.
   Et, pour remede qu'on luy feist, ne trova allegement quelconque, RAB. Pant. II, 28.
   Ainsy mourra il sans regret, laissant homme pour homme, RAB. ib. III, 26.
   Pour grand qu'il soit, MONT. I, 51.
   Son maistre, pour luy avoir veu prendre un si honnorable party, le reçeut en grace, MONT. I, 2.
   Je serois pour me rendre plus naturellement à la compassion qu'à l'estimation, MONT. I, 2.
   Seroit ce que, pour ne l'admirer point [la hardiesse], il [Alexandre] la respectast moins ?, MONT. I, 5.
   L'effort d'un desplaisir, pour estre extreme, doibt...., MONT. I, 7.
   Se descouper pour tesmoignage de dueil, MONT. I, 14.
   Accorder trefve pour quelques jours, MONT. I, 23.
   Pour le coup, MONT. I, 24.
   Se tenir pour surmonté [battu], MONT. I, 24.
   N'ayant pu prendre la ville, pour la prouesse des habitants, MONT. ib..
   Un roi ? c'est un pastre pour eulx [les philosophes], MONT. I, 140.
   Il est condamné pour faulx prophete, MONT. I, 238.
   Cette raison n'est pas pour estre oubliée, MONT. II, 291.
   La servitude ne leur est jamais de goust, pour si bien qu'on l'accoustre, LA BOÉTIE 44.
   Ils estimerent son coeur trop foible pour un fait si hault, LA BOÉTIE 45.
   Il faut qu'ils laissent leur goust pour le sien, LA BOÉTIE 67.
   ....Pour si grand nombre qu'il y en ait...., LA BOÉTIE 44.
   Les roys pour estre roys ne laissent pas d'estre hommes, Sat. Mén. p. 139.
   édit. 1611. Ilz ne se lassoient jamais, pour quelque travail qu'ilz prissent, AMYOT Thésée, 6.
   Fabius, qui avoit bien preveu le danger auquel ilz estoient pour tumber...., AMYOT Fab. 25.
   Aussi n'y a-il pas un en la compagnie, pour accablé qu'il fust des miseres et calamitez passées, qui.... ne se remist et reprinst coeur, D'AUB. Hist. II, 250.
   Il a bien appris à dire toutes les admirations, comme Jesus.... c'est pour en mourir, D'AUB. Conf. II, 1.
   Ne s'y estant presentée une seule occasion de combattre, pour perilleuse qu'elle fust, où il ne se soit trouvé, CARLOIX II, 14.
   Il y avoit six commissaires de l'artillerie, et dix-huit canonniers, chacun pour le plus expert, CARLOIX VII, 9.
   ....Et si pour [malgré] tout cela le malade vouloit dormir, on luy fera des frictions après, PARÉ XXIV, 24.
   ....Et que grandeur pour grandeur, si le prince d'Espagne...., CASTELNAU 181.
   Car pour estre [fussé-je] cent ans auprès de ma maistresse, Cent ans me sont trop cours, et ne m'en puis aller, RONS. 145.
   Mais pour courir, le soin ne laisse pas D'accompagner tes miserables pas, RONS. 400.
   Mais tout paisible et coy Tu vivras dans les bois pour la Muse et pour toy, RONS. 894.
   Wallon, po, por ; bourguig. po, pôr ; mâconnais, pre ; picard, por ; espagn. et portug. por ; du lat. pro.
SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE
1. POUR.
22°   Ajoutez :
   Pour suivi de jusqu'à, signifiant de quoi aller jusqu'à.
   En voilà pour jusqu'à la fin d'octobre, le National, 14 août 1876, 2e page, 2e col..
   Rien n'empêche de dire pour jusqu'à, comme dans les cas rares, il est vrai, où l'on fait régir une préposition par une autre.
24°   Ajoutez :
   Saint-Simon n'est pas le seul qui ait parlé du pour.
   En voici des exemples dans deux auteurs plus anciens : MM. les ambassadeurs qui sont à Paris ont une prétention de laquelle nous n'avions pas encore ouï parler ; ils veulent qu'en voyage on leur donne le pour, DANGEAU t. VI, p. 403.
   Cent mille écus et le pour que l'on demandait pour M. de la Rochefoucauld, RETZ Mém. t. IV, p. 235, éd. Feillet et Gourdault..
   Cet exemple, rapproché de celui de Saint-Simon, montre que le pour était ancien à la cour. La note suivante, que l'éditeur des Mémoires de Retz a jointe, jette quelque jour sur cette distinction : " On voit dans les Mémoires de la Rochefoucauld qu'on demandait pour lui un brevet pareil à celui de MM. de Bouillon et de Guemené pour le rang de leurs maisons. " Il semble résulter de là que le pour ne se donnait qu'aux plus grandes maisons.
   Ajoutez :3. Pour tout l'effort qu'il fasse, s'est dit au sens de : quelque effort qu'il fasse.
   Pour tout l'effort qu'il fasse à me dompter, RÉGNIER Élég. I.
————————
pour- 2.
préfixe
Préfixe qui représente tantôt pro et tantôt per. et ne traduit pas seulement des composés latins, mais en a formé de toutes pièces en français même, où il a le sens de perfection, action complète, achevée, comme le latin per. Ainsi poursuivre représente à la fois prosequi et persequi.

Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. . 1872-1877.

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