propre

propre
(pro-pr') adj.
   Qui appartient exclusivement à une personne, à une chose (en ce sens il se met d'ordinaire avant son substantif).
   Et de quel front, seigneur, prend-il une couronne, S'il ne peut disposer de sa propre personne ?, CORN. Sophon. V, 7.
   Sganarelle : Je veux savoir de vous si je ferai bien de me marier. - Géronimo : Qui, vous ? - Sganarelle : Oui, moi-même en propre personne, MOL. Mar. forcé, 2.
   Mais enfin je veux songer pour la première fois de ma vie à mes propres intérêts, SÉV. 410.
   Les Juifs vivent en paix et en liberté sous la puissance des rois de Syrie, et ils n'avaient guère goûté une telle tranquillité sous leurs propres rois, BOSSUET Hist. II, 5.
   Vous allez voir une reine qui, à l'exemple de David, attaque sa propre grandeur, BOSSUET Mar.-Thér..
   Le meurtre de Virginie, que son père aima mieux tuer de sa propre main que de la laisser abandonnée à la passion d'Appius, BOSSUET Hist. I, 8.
   Tellement qu'elle a perdu pour son propre bien cette puissance qu'elle avait pour le bien des autres, BOSSUET Reine d'Anglet..
   Une reine fugitive à qui sa propre patrie n'est plus qu'un triste lieu d'exil, BOSSUET ib..
   Et qui vont tous les jours, d'une importune voix, T'ennuyer du récit de tes propres exploits, BOILEAU Disc. au roi..
   Je prétends vous traiter comme mon propre fils, RAC. Athal. II, 7.
   Notre raison est ce qui nous est le moins propre, et ce qu'on doit croire le plus emprunté, FÉN. Exist. 56.
   Crispin : Est-ce là M. Oronte, mon illustre beau-père ? - La Branche : Oui, vous le voyez en propre original, LESAGE Crispin rival, 8.
   Préparez-vous à voir ces oppresseurs Dans les accès de leur rage ennemie Vous barbouiller de leur propre infamie, J. B. ROUSS. Ép. I, 6.
   Quand on a bien cherché le bonheur, on ne le trouve jamais que dans sa propre maison, VOLT. Lett. Elie de Beaumont, 7 juin 1771.
   On ne voit dans le Nord aucune femme régner de son chef jusqu'à Marguerite de Valdemar, qui gouverna quelques mois en son propre nom, vers l'an 1377, VOLT. Dict. phil. Loi salique..
   Un de ces vaisseaux avait été construit de ses propres mains [le czar Pierre], VOLT. Charles XII, 7.
   Il se met aussi quelquefois après son substantif. Soyez tranquille sur le succès de votre demande, j'en fais mon affaire propre.
   Les deux lettres que j'aurai soin de rendre en main propre, BOSSUET Lett. abb. 8.
   Dieu demande-t-il de vous que vous commenciez par corriger les passions d'autrui, ou par pleurer vos passions propres ?, MASS. Carême, Pâques..
   Un zèle qui cherche les périls n'est pas un zèle du salut d'autrui, mais une indifférence criminelle pour son salut propre, MASS. ib..
   Les rois de France avaient alors pour revenus leurs biens propres et non ceux des peuples, VOLT. Moeurs, 58.
   On dit aussi : le caractère propre, la valeur propre, les qualités propres, le mérite propre, etc. d'une chose.
   On remarque, dans l'Écriture sainte, que Dieu donne aux maisons royales certains caractères propres, BOSSUET Mar.-Thér..
   Se rendre propre, s'approprier une chose.
   Plusieurs écrivains qui ne sont plus, ou qui se distinguent parmi les modernes, ont chacun un caractère que notre langue s'est peu à peu rendu propre, CONDILL. Conn. hum. II, I, 15.
   Amour-propre, voy. amour.
   Nom propre, voy. nom, n° 16.
   Le sens, la signification propre d'un mot, le sens naturel et primitif d'un mot, par opposition à sens figuré.
   Terme d'astronomie. Le mouvement propre d'un astre, le mouvement réel d'un astre, par opposition à son mouvement apparent.
   Terme de géographie ancienne. La Grèce propre, la partie de la Grèce, dite par les Romains Achaïe, et qui comprenait l'Attique, la Béotie, la Phocide, la Locride, l'Étolie et l'Acarnanie.
   La Grèce propre signifie aussi la Grèce proprement dite, par opposition à la Grande Grèce et aux autres colonies grecques situées hors de la mère patrie.
   Exactement semblable, même ; en ce sens, il s'emploie par énergie, et se met avant le substantif. Vous demeurez dans la propre maison où il logeait.
   Avant ce jour fini, ces mains, ces propres mains Laveront dans mon sang la honte des Romains, CORN. Hor. III, 6.
   Ce sont ses propres mots, MOL. Éc. des mar. II, 11.
   Voilà l'aventure de mon pauvre fils [danger couru à la bataille de Senef, livrée lorsque la paix était déjà faite] ; et c'est ainsi que l'on en usa le propre jour que la paix commença, SÉV. 23 août 1678.
   C'était un samedi, c'était le propre jour de la disgrâce de ce pauvre homme, SÉV. 29 nov. 1679.
   Le pape [Grégoire VII] était alors dans la forteresse de Canosse sur l'Apennin avec la comtesse Mathilde, propre cousine de l'empereur, VOLT. Ann. Emp. Henri IV, 1077.
   Cet ancien auteur phénicien avoue en propres mots qu'il a tiré une partie de son histoire des écrits de Thaut, VOLT. Déf. de mon oncle, 21.
   Particulier. La poésie et la prose ont chacune une harmonie qui leur est propre.
   Nous y trouvons des choses que l'esprit propre qui nous fait agir n'y a pas formées, PASC. dans COUSIN.
   Autant admirateur du mérite, que s'il lui eût été moins propre et moins familier, LA BRUY. II.
   Les passions, qui d'ordinaire sont la source des dégoûts de la vertu, ont cela de propre que plus on les réprime, plus elles deviennent dociles, MASS. Carême, Dégoûts..
   Sucs propres, sucs colorés qui appartiennent à certains végétaux seulement, et vaisseaux propres, les espaces qui les renferment.
   Pédoncules, pétioles propres, dernières divisions d'un pédoncule et d'un pétiole communs, formant le support immédiat de la fleur et de la feuille.
   Convenable à quelqu'un ou à quelque chose. Les qualités propres au commandement. Cela est propre à toutes sortes de gens.
   Quand on songe que c'est une affaire qui dépend de M. Colbert, on tremble, en sorte que, si je trouvais un autre hasard qui nous fût propre, je le prendrais, SÉV. 14 juill. 1677.
   Aimez-moi tous deux, car votre amitié est pour moi une chose admirable ; je vous renvoie vos mêmes paroles, je les ai trouvées très propres pour ce que je pense, SÉV. à M. et Mme de Guitaut, 21 sept. 1675.
   Elle [la fille aînée de Mme de Grignan] serait abbesse ; cette place est toute propre aux vocations un peu équivoques : on accorde la gloire et les plaisirs, SÉV. 9 juin 1680.
   Ce texte [tout est vanité], qui convient à tous les états et à tous les événements de la vie, par une raison particulière devient propre à mon lamentable sujet, BOSSUET Duch. d'Orl..
   Quelle autre créature fut jamais plus propre à être l'idole du monde !, BOSSUET ib..
   Les hommes, par leurs soins et par de bonnes lois, ont rendu la terre plus propre à être leur demeure, MONTESQ. Esp. XVIII, 6.
   Si on avait eu un théâtre libre, propre pour l'action, tel qu'il est chez toutes les autres nations de l'Europe, VOLT. Sémiram. Dissert. sur la tragéd. part. 2.
   Seul convenable à, réservé à. Le midi est l'exposition propre de cet arbuste. Le sable est le terrain propre de cette plante.
   En parlant des personnes, qui a l'aptitude, les qualités nécessaires pour quelque chose.
   Un homme de votre âge, de votre humeur, si propre à la société et à rendre une femme heureuse, SÉV. 25 sept. 1689.
   Je ne songe point encore au voyage de Nantes ; j'y fais exécuter des gens qui me doivent : je serais peu propre à ces sortes de choses, SÉV. 26 juin 1689.
   Je vous écris peu de nouvelles.... d'ailleurs je n'en sais point ; je serais toute propre à vous dire que M. le chancelier a pris un lavement [Séguier, qui n'allait jamais au conseil sans avoir pris un lavement], SÉV. 13 mars 1671.
   Durant douze ans qu'elle fut dans le monastère, on lui voyait tant de modestie et tant de sagesse, qu'on ne savait à quoi elle était le plus propre, ou à commander, ou à obéir, BOSSUET Anne de Gonz..
   Un enfant est peu propre à trahir sa pensée, RAC. Ath. II, 6.
   Descartes les jugeait [les femmes] plus propres que nous à la philosophie, et une princesse malheureuse a été son plus illustre disciple, D'ALEMB. Lett. à J. J. Rouss. Oeuv. t. v, p. 351, dans POUGENS..
   On pensa à moi pour une place ; mais par malheur j'y étais propre, BEAUMARCH. Mar. de Fig. V, 3.
PROVERBE Qui est propre à tout n'est propre à rien, ou, simplement, propre à tout, propre à rien.
   Il est propre à tout, disent ses amis ; ce qui signifie toujours qu'il n'a pas plus de talent pour une chose que pour une autre, ou, en d'autres termes, qu'il n'est propre à rien, LA BRUY. II.
   Un de ces esprits indéterminés qui ne sont propres à tout que parce qu'ils ne sont propres à rien, DUBOS Réfl. poés. et peint. II, 6.
   Quand on veut tout savoir, que peut-on savoir bien ? Qui se croit propre à tout, souvent n'est propre à rien, PICARD Entrée dans le monde, I, 2.
   S. m. Populairement. Un propre à rien, un homme qui n'a d'aptitude ni de goût pour aucune sorte de travail.
   Qui peut servir à. Ce bois est propre à bâtir. Ce remède est propre à telle maladie.
   C'est [Port Royal des Champs] un vallon affreux, tout propre à faire son salut, SÉV. 26 janv. 1674.
   Les Rochers sont tranquilles et tout propres à vous conserver votre chère mère pour vous revoir, SÉV. 24 juill. 1689.
   La presse n'est pas grande à soupirer pour elle [la charge de Ch. de Sévigné], quoiqu'elle soit propre à faire soupirer, SÉV. 12 avr. 1680.
   Vous aurez M. de Coulanges.... Grignan est tout propre pour le charmer, SÉV. 15 juin 1680.
   Le bec de la frégate, très propre à la proie, puisqu'il est terminé par une pointe perçante et recourbée, BUFF. Ois. t. XVI, p. 160.
   Propre à, suivi d'un verbe actif avec le sens passif.
   Cet avis est plus propre à donner à la reine, CORN. Nicom. III, 3.
   Il se dit aussi, en mauvaise part, de ce qui peut produire un effet fâcheux. La conduite de son fils est propre à lui causer un violent chagrin. Ce remède est propre à augmenter la maladie.
10°   Mal propre, qui n'est pas propre à, qui ne convient pas (locution tombée en désuétude à cause de la confusion de sens, mal propre signifiant sale aussi).
   Et nous parlons peut-être avec trop d'imprudence Dans un lieu si mal propre à notre confidence, CORN. Cinna, II, 2.
   Monsieur, je suis mal propre à décider la chose, MOL. Mis. I, 2.
   Je me sens mal propre à bien exécuter ce que vous souhaitez de moi, MOL. Am. magn. I, 2.
11°   Le mot propre, l'expression propre, le mot, l'expression qui seule convient et rend précisément la pensée.
   L'on doit avoir une diction pure, et user de termes qui soient propres, il est vrai ; mais il faut que ces termes si propres expriment des pensées nobles, vives, solides, LA BRUY. I.
   Le grand malheur de tant d'auteurs est de n'employer presque jamais le mot propre ; ils sont contents pourvu qu'ils riment ; mais les connaisseurs ne sont pas contents, VOLT. Pauvre diab. note..
   Que le mot propre est rare, mais qu'il est nécessaire !, VOLT. Comm. Corn. Rem. Héraclius, II, 6.
   Les mots propres, répondit Euclide, forment le langage de la raison ; les expressions figurées, celui de la passion, BARTHÉL. Anach. ch. 58.
   D'où vient que les malheureux trouvent avec tant de facilité le secret d'attendrir et de déchirer nos âmes ? c'est que leurs accents et leurs cris sont le mot propre de la douleur, BARTHÉL. ib. ch. 27.
   Cette langue n'a point de mot propre, de terme propre, pour désigner telle chose, elle n'a point de mot, de terme qui soit particulièrement destiné à désigner telle chose.
12°   Bien soigné, bienséant, bien arrangé (par une extension facile à concevoir du sens de convenable).
   Comment, monsieur Jourdain, vous voilà le plus propre du monde !, MOL. Bourg. gent. III, 4.
   Populairement. Il est propre, il est dans de mauvaises affaires.
   Il se dit aussi des choses. Ses habits sont toujours fort propres.
   Je fis mon lundi gras avec la princesse : un petit dîner aussi bon, aussi délicat, aussi propre qu'il est possible, SÉV. 7 mars 1685.
   On dit de même : Son écriture est propre et bien rangée.
   Par dénigrement. C'est quelque chose de propre que vous m'offrez là.
   Substantivement et dans le même sens de dénigrement, le peuple dit : C'est du propre ! En voilà du propre !
13°   Net, par une extension facile du sens de bien rangé, de soigné ; il est opposé à sale. Cet escalier n'est pas propre.
   Propre sur soi, dont la personne est très nette ainsi que le vêtement.
   Quoique très pauvre, il [Socrate] se piquait d'être propre sur soi et dans sa maison, ROLLIN Hist. anc. Oeuv. t. IV, p. 355, dans POUGENS.
14°   S. m. Qualité distinctive.
   Le propre des os est de tenir le corps en état, et de lui servir d'appui, BOSSUET Conn. II, 7.
   Le propre de ce spectacle [l'opéra] est de tenir les esprits, les yeux et les oreilles dans un égal enchantement, LA BRUYÈRE I.
   C'est le propre des grands hommes d'avoir de méprisables ennemis, VOLT. Louis XIV, écrivains, Fontenelle..
   Si le propre du génie est de créer en grand, celui de l'esprit dans les petits ouvrages est d'imaginer, celui du talent est de mettre en oeuvre, et celui du goût de mettre en place, D'ALEMB. Éloges, Saint-Aulaire..
   Les définitions et les analyses sont proprement des périphrases dont le propre est d'expliquer une chose, CONDIL. Art d'écr. II, 3.
   Le propre des hommes est de s'instruire beaucoup plus par l'épreuve des maux que par la jouissance des biens, RAYNAL dans GIRAULT-DUVIVIER.
   Ce qui appartient particulièrement à.... Le propre des jeunes gens est d'être légers.
   Si c'est le propre des rois de juger les peuples, il n'est pas moins vrai que c'est le propre de Dieu de juger les rois, BOURD. Jugem. dern. 1er avent, p. 49.
   Le propre de la justice est de conformer le châtiment à l'offense, BOURD. Serm. 19e dim. après la Pentecôte, Dominic. t. IV, p. 164.
15°   Le propre, le sens primitif, naturel d'un mot. Prendre un mot au propre. Le propre et le figuré.
   Il parle ordinairement au propre et seulement pour être entendu, J. J. ROUSS. Ém. IV.
16°   Terme de jurisprudence. Immeuble qui appartient à une personne par succession. Ce bien était un propre.
   Clagny, bâti par Mme de Montespan en son propre, passa à M. le duc du Maine, SAINT-SIMON 410, 151.
   Ainsi s'établit, malgré la disposition du droit romain et de la loi salique, cette règle du droit français : propres ne remontent point, MONTESQ. Esp. XXXI, 34.
   Dans un pays où une coutume locale a disposé des propres, Bodin dit très bien qu'il ne faudrait confisquer que les acquêts, MONTESQ. ib. V, 15.
   Fig.
   Ma nièce, monsieur, ne peut s'aliéner ; C'est comme un propre ; enfin on va vous chicaner, DUFRÉNY Réconc. norm. IV, 5.
   Propre ancien, bien immeuble qui vient de l'aïeul ou au-dessus.
   Propre naissant, bien immeuble qui faisait partie des acquêts de celui dont on hérite.
   Il se dit aussi des biens du mari ou de la femme qui n'entrent pas en communauté.
   Il serait bon que les femmes sussent ce que c'est que propre, ce que c'est que communauté, FÉN. t. XVII, p. 99.
   Propres par stipulation, se dit, par exemple, d'une dot qui consiste en argent, ce qui se nomme aussi propre fictif.
17°   Dans le langage général, ce qui appartient à quelqu'un.
   Qu'ils ont comme leur propre en leur grange entassé !, RÉGNIER Sat. III.
   Ils ne possèdent point de biens en propre, BOSSUET Var. 11.
   Gnathon.... oublie que le repas est pour lui et pour toute la compagnie ; il se rend maître du plat, et fait son propre de chaque service, LA BRUY. XI.
   Le roi.... lui conta que l'extrême besoin de ses affaires l'avait forcé à de furieux impôts.... qu'à la fin il s'en était ouvert au P. Tellier, qui lui avait demandé quelques jours pour y penser, et qu'il était revenu avec une consultation des plus habiles docteurs de Sorbonne qui décidait nettement que tous les biens de ses sujets étaient à lui en propre, SAINT-SIMON 284, 110.
   Sans compter la jument Borac sur laquelle il [Mahomet] monta au ciel ; mais il ne l'avait que par emprunt, elle appartenait en propre à l'ange Gabriel, VOLT. Dict. phil. Alcoran..
   La première idée qu'il faut lui donner [à l'enfant] est moins celle de la liberté que de la propriété ; et, pour qu'il puisse avoir cette idée, il faut qu'il ait quelque chose en propre, J. J. ROUSS. Ém. II.
   Fig.
   Cette louange [du courage, en Louis XIV, vieux et malheureux] eut du moins le mérite que n'avaient pas eu tant d'autres ; elle appartenait en propre au monarque, et n'était ni basse, ni exagérée, D'ALEMB. Éloges, Saint-Aulaire..
   Fig. De son propre, de son propre fond, de sa propre intelligence, connaissance, etc.
   Je n'entreprendrais pas de vous porter ce secours [consolations] de mon propre, PASC. Lett. sur la mort de son père..
18°   Terme de liturgie catholique. Le propre du temps et le propre des saints forment la division des fêtes de l'année liturgique de l'Église romaine. Le propre du temps est l'ensemble des offices qui se font conformément à l'esprit du temps où l'on se trouve. Le propre du temps se divise en cinq grandes époques appelées : le temps de l'Avent, le temps de Noël et de l'Épiphanie, le temps de la Septuagésime et du Carême, le temps pascal et les dimanches après la Pentecôte. Le propre des saints est l'ensemble des offices qui se font conformément à l'esprit des fêtes que l'Église a instituées en l'honneur des mystères de la sainte Vierge et des saints ; on le divise en trois classes de fêtes : les fêtes de la sainte Vierge ; les fêtes des anges ; les fêtes des saints.
   Propre de certaines églises, ce qui ne se dit qu'en certains lieux.
19°   Dans la scolastique, le propre ou la propriété était un des cinq universaux.
20°   Propres s'est dit au pluriel, au sens de proches, de parents.
   M. Vautier qui n'a jamais fait de bien à personne, pas même à ses propres, GUI PATIN Lett. t. II, p. 603.
   1. Les propres termes sont les mêmes mots sans y rien changer. Des termes propres sont des mots qui expriment bien et selon l'usage de la langue ce que l'on veut dire.
   2. Il a été dit que, dans le sens du 1°, propre se met d'ordinaire avant son substantif. Le fait est que jadis il n'y avait point d'usage à cet égard, et que propre se mettait, suivant l'oreille, tantôt avant, tantôt après. Mais à mesure que le sens de net s'est davantage attaché à propre, l'usage a montré de la tendance à le mettre avant son substantif, au sens du 1°. Cependant l'on doit dire qu'on peut user de l'ancienne liberté, toutes les fois qu'il n'y aura pas lieu à une confusion ridicule avec le sens de net.
   3. Dans le sens de net, propre suit le substantif : un habit propre, une femme propre.
   XIe s.
   Li burgeis qui ad en soun propre chatel [un bien, un avoir] demi marc vailant, Lois de Guill. 18.
   XIIIe s.
   Et sor tout ce doit li parleres [l'orateur] user moz propres biaus et acostumez, BRUN. LATINI Trésor, p. 521.
   Trestuit pareil [égaux] estre soloient, Ne riens propre avoir ne voloient, la Rose, 8486.
   C'est la coutume au roi de France que, s'il va en ost sour aucun baron, çou qu'il conquest par force li demeure propre à tous jors, Chr. de Rains, 195.
   XIVe s.
   Il dit en aucuns textes que le jeune de aage ou de meurs n'est pas propre auditeur de polithiques, ORESME Eth. 1111.
   XVe s.
   Malgré le proprel roi et tous ses aidans, FROISS. I, I, 22.
   Les fruits et feuilles et fleurs furent si proprement faitz, qu'ils sembloient proprement arbres et propres fruits, et les faisoit très beau voir, O. DE LA MARCHE Mém. II, p. 583, dans LACURNE.
   Comme luy mesmes propre m'a compté, COMM. III, 5.
   XVIe s.
   Si je me veux monstrer innocent, ma bouche propre me condamnera, CALV. Instit. 596.
   Voire contre sa propre creance, MONT. I, 21.
   L'argument le plus propre au temps et au lieu, MONT. I, 41.
   Elle estoit cousue à un ruban propre à rattacher soubs le menton, MONT. I, 95.
   Le propre jour que le roy mourut...., MONT. I, 202.
   Le roy François fut au propre [à même] d'eslire, ou de.... ou de...., MONT. I, 235.
   Que ne plaist il un jour à nature nous faire veoir au propre ses moyens ?, MONT. II, 279.
   Le mari ne pouvant directement ou indirectement obliger les propres de sa femme, LOYSEL 114.
   Le premier des noms que portoient les Romains, comme Caius, estoit leur propre : le second, comme Martius, estoit le nom de la famille et maison, AMYOT Cor. 15.
   Bourg. prôpe ; provenç. propri ; espagn. propio ; ital. proprio ; du lat. proprius, qui se rattache à prope : ce qui approche, ce qui touche. Propre a passé de son sens primitif à celui de con venable, puis, devenant tout à fait spécial. à celui de net ; cette dernière acception ne paraît pas ancienne ; on en trouvera un exemple du XVIe siècle à l'historique de proprement.

Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. . 1872-1877.

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  • propre — PROPRE. adj. de tout genre. Qui appartient à quelqu un a l exclusion de tout autre. C est son propre fils. je donnerois de mon propre sang. c est sa propre substance. son propre bien y est demeuré. ses propres amis estoient contre luy. il n… …   Dictionnaire de l'Académie française

  • propre — Propre, com. C est ce qui appartient à un seul par divis. Selon ce on dit, Le nom propre par imposition de quelque chose, et la qualité propre (qu on dit autrement proprieté) de chaque chose, Nomen impositione proprium, Qualitas rei cuiusque… …   Thresor de la langue françoyse

  • Propre — (fr.), 1) eigen, eigenthümlich; 2) reinlich, nett; daher Propreté, Reinlichkeit, Sauberkeit …   Pierer's Universal-Lexikon

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  • PROPRE — adj. des deux genres Qui appartient à quelqu un, exclusivement à tout autre. C est son propre fils. C est sa propre substance. Il y a mis, il y a mangé son propre bien. Ses propres amis étaient contre lui. Il n entend pas ses propres affaires,… …   Dictionnaire de l'Academie Francaise, 7eme edition (1835)

  • PROPRE — adj. des deux genres Qui appartient exclusivement à une personne ou à une chose. C’est son propre fils. Il y a mis son propre bien. Ses propres amis étaient contre lui. Il n’entend pas ses propres affaires, ses propres intérêts. Je l’ai vu de mes …   Dictionnaire de l'Academie Francaise, 8eme edition (1935)

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