quitter

quitter
(ki-té) v. a.
   Tenir quitte, exempter, affranchir (ce qui est le premier sens, puisque quitter vient de quitte). Quitter quelqu'un d'une amende, d'une peine.
   Ne devaient-ils pas se tenir bien heureux que mon ambition ne leur coûtât pas davantage ? on ne les en pouvait quitter à meilleur marché, FONTEN. Dial. 1er, Morts. anc..
   Réponds-moi seulement de l'avenir ; je te quitte du reste, RAYNAL Hist. phil. X, 8.
   On dit dans le même sens : quitter une dette.
   Celui qui reçoit la grâce, à qui l'on quitte toutes ses dettes, BOSSUET Sermons, Temps du jubilé, 1.
   Fig. Dispenser.
   Je vous quitte de la peine de me répondre, SÉV. à Pompone, 20 nov. 1664.
   Ce sont des amitiés de l'agonie [lettres tendres de M. de la Trousse à sa mère mourante], dont je ne fais pas grand cas ; j'en quitte ceux qui ne commenceront que là à m'aimer, SÉV. 27 avr. 1672.
   Ne perdez point le temps que vous laisse leur fuite à rendre à mon tombeau des soins dont je vous quitte, RAC. Mithr. V, 5.
   Les autres, contents que l'on réduise les moeurs aux passions... quittent un auteur de tout le reste, LA BRUY. Disc. sur Théophr..
   Montrez-leur un feu grégeois qui les surprenne, ou un éclair qui les éblouisse, ils vous quittent du bon et du beau, LA BRUY. I.
   Envoyez-moi cet habit et ces bijoux de Philémon, et je vous quitte de la personne, LA BRUY. II.
   Je le quitte, je cède, je m'avoue vaincu.
   Ho ! poussez ; je le quitte, et ne raisonne plus, MOL. le Dép. II, 1.
   Ah ! je le quitte maintenant, et je n'y vois plus de remède, MOL. G. Dand. III, 15.
   Mon père, lui dis-je, je le quitte, si cela est, PASC. Prov. VII.
   Céder, abandonner.
   Plus ardent qu'un athlète à Pise, Je me ferai quitter le prix, MALH. III, 2.
   Il le recueillit, le fit apporter en sa maison, lui quitta son lit..., MALH. le Traité des bienf. de Sénèque, IV, 37.
   Si quelqu'un veut plaider contre vous pour vous prendre votre robe, quittez-lui encore votre manteau, SACI Bible, Évang. St Math. V, 40.
   J'ai quitté ma plume à ma fille avec plaisir, SÉV. à Bussy, 28 oct. 1685.
   Tous ceux qui le voient [Scipion l'Africain] sont gagnés au peuple romain : les Carthaginois lui quittent l'Espagne, BOSSUET Hist. I, 8.
   J'aurais même regret qu'il me quittât l'empire, RAC. Théb. IV, 1.
   Foucault, conseiller d'État, obtint la rare permission du roi de quitter à son fils l'intendance de Caen, SAINT-SIMON 161, 113.
   Qui vous céderait pour ce siècle-ci [le XIXe] la guerre et les sciences, ne quitteriez-vous pas à l'autre [le XVIIe] les arts, la politesse et le goût ?, P. L. COUR. Lett. II, 210.
   N'en pas quitter sa part à un autre, et, absolument, n'en pas quitter sa part, ne vouloir pas renoncer à quelque chose.
   Penses-tu qu'après tout j'en quitte encor ma part, Et tienne tout perdu pour un peu de traverse ?, CORN. le Ment. III, 6.
   Qui n'eût ri ? quant à moi, Je n'en eusse quitté ma part pour un empire, LA FONT. Fabl. XII, 12.
   L'on ne quitte point sa part de la fortune, quand on a des raisons d'y prétendre, SÉV. 13 mars 1680.
   Le récipiendaire ayant assuré que son prédécesseur était un grand homme, que le cardinal de Richelieu était un très grand homme, Louis XIV un plus que grand homme.... le directeur lui répond la même chose, et ajoute que le récipiendaire pourrait bien aussi être une espèce de grand homme, et que, pour lui directeur, il n'en quitte pas sa part, VOLT. Lettres sur les Anglais, 25.
   Quitter la place à quelqu'un, se retirer pour le laisser seul.
   Madame, c'est à moi de vous quitter la place, CORN. Sophon. III, 3.
   Ma présence le chasse, Et je ferai bien mieux de lui quitter la place, MOL. Tart. II, 4.
   En attendant, je vous assure qu'il [Pomenars] est si hardi et si effronté, que tous les jours du monde il fait quitter la place au premier président, dont il est ennemi, aussi bien que du procureur général, SÉV. 77.
   Fig. Je vous quitte la place, je vous cède mes prétentions, je ne veux pas contester.
   Absolument. J'aime mieux quitter que de disputer.
   Renoncer à.
   Sans quitter pourtant ses premiers desseins, PERROT D'ABL. Tac. 286.
   Ils quittèrent Dieu qui était leur gloire pour la figure d'un boeuf qui mange de l'herbe, SACI Bible, Ps. CV, 20.
   J'aurais bientôt quitté les plaisirs, disent-ils, si j'avais la foi. Et moi je vous dis : vous auriez bientôt la foi, si vous aviez quitté les plaisirs, PASC. Pens. X, 3, éd. HAVET..
   Mais quittons ces tristes souvenirs, SÉV. 18 févr. 1671.
   Vous écrivez extrêmement bien.... ne quittez jamais le naturel, votre tour s'y est formé, et cela compose un style parfait, SÉV. à Mme de Grignan, 18 févr. 1671.
   C'était le conseil de Dieu d'instruire les rois à ne point quitter son Église, BOSSUET Reine d'Anglet..
   Malheureux ! vous quittez le maître des humains Pour adorer l'ouvrage de vos mains, RAC. Esth. II, 9.
   Laissez-là cet habit, quittez ce vil métier, RAC. Athal. II, 7.
   Faut-il quitter mes livres, mes études, mon ouvrage, cette ligne qui est commencée ?, LA BRUY. VI.
   Pourquoi, dis-je, a-t-il quitté le service ? Il ne l'a point quitté, me répondit-il, mais le service l'a quitté, MONTESQ. Lett. pers. 48.
   Ce qui est singulier, c'est qu'il [Maimbourg] fut obligé de quitter les jésuites, pour avoir écrit en faveur du clergé de France, VOLT. Louis XIV, Écriv. Maimbourg..
   Quitter l'idolâtrie Est un titre en ces lieux pour mériter la vie, VOLT. Alz. I, 1.
   Quitter le commerce du monde, se priver du commerce du monde.
   Quitter le monde, se dit d'une personne qui embrasse la vie religieuse, qui va vivre dans la retraite.
   Fig.
   Et les canons, quittant leurs usages farouches, Ne servent plus ici que d'éclatantes bouches, Pour rendre grâce au ciel de cet heureux accord, CORN. Inscript. mises sous des estampes, II, Le pont de Cé..
   Quitter la partie, convenir que celui contre qui on joue a gagné ; et fig. se désister de quelque chose, y renoncer, s'en aller.
   Mettez dans vos discours un peu de modestie, Ou je vais sur-le-champ vous quitter la partie, MOL. Tart. III, 2.
   Se défaire de. Quitter ses mauvaises habitudes.
   Quitte cette tendresse ; Pleurer les ennemis est marque de faiblesse, MAIR. Mort d'Asdrub. V, 3.
   Honteux attachements de la chair et du monde, Que ne me quittez-vous, quand je vous ai quittés ?, MAIR. Poly. IV, 2.
   Quittez l'art avec nous ; quittez la flatterie, VOLT. Brutus, I, 2.
   Se séparer de ce à quoi on est attaché.
   Et vous serez fameux chez la postérité, Moins pour l'avoir conquis [l'empire] que pour l'avoir quitté, CORN. Cinna, II, 1.
   Quoi ! vous voulez quitter le fruit de tant de peines !, CORN. ib. IV, 4.
   Il a quitté sans peine ce qu'il avait acquis sans empressement, BOSSUET le Tellier..
   Songez-vous qu'en naissant mes bras vous ont reçue ? Mon pays, mes enfants, pour vous j'ai tout quitté, RAC. Phèdre, I, 3.
   Sylla, quittant la dictature, avait semblé ne vouloir vivre que sous la protection de ses lois mêmes, MONTESQ. Rom. 11.
   Quitter la vie, mourir.
   Rome a trop cru de moi, mais mon âme ravie Remplira son attente, ou quittera la vie, CORN. Hor. II, 1.
   Laisser quelqu'un en quelque endroit, se séparer de lui. Il quitta ses compagnons à la porte de la ville.
   Je veux demeurer pour t'encourager à la mort, et je ne te quitterai point que je ne t'aie vu pendu, MOL. Méd. malg. lui, III, 9.
   On m'a dit que vous ne quittez guère Mme de Montespan ; je n'en suis point jalouse : sûrement elle ne diminuera pas votre amitié pour moi, MAINTENON Lett. au card. de Noailles, t. V, p. 54, dans POUGENS..
   Il est souvent plus utile de quitter les grands que de s'en plaindre, LA BRUY. IX..
   Je me souviens qu'une fois Mme de Luxembourg me parlait en raillant d'un homme qui quittait sa maîtresse pour lui écrire, J. J. ROUSS. Confess. v..
   Fig.
   Mon Dieu, me quitterez-vous ?, PASC. Amulette..
   Cet homme a quitté sa femme, il l'a abandonnée.
   Un pape avait excommunié Robert pour avoir épousé sa parente ; et un autre pape excommunia Philippe pour avoir quitté sa parente, VOLT. Moeurs, 39.
   On dit de même : Elle quitta son mari.
   Quitter se dit d'amants qui renoncent à leur amour.
   Venge-toi d'une ingrate et quitte une cruelle, CORN. Nicom V, 1.
   Me quitter, me reprendre et retourner encor De la fille d'Hélène à la veuve d'Hector ?, RAC. Andr IV, 5.
   Saint-Évremond eut quelque temps ses bonnes grâces [de Ninon de Lenclos] ; on la quittait rarement, mais elle quittait fort vite, VOLT. Mél. littér. sur Mlle de Lenclos..
   Fig.
   La France est une maîtresse qu'il [Frédéric II] a quittée, mais qu'il aime et qu'il souhaite passionnément de voir embellie, VOLT. Lett. Amelot, 3 août 1743.
   Cesser de s'attaquer à.
   Je ne m'étonne point de voir que votre haine, Pour me faire coupable, a quitté Timagène, CORN. Rod. V, 4.
   Quitter des yeux, quitter de la vue, cesser d'avoir les yeux fixés sur. Je ne la quittai pas des yeux.
   Je ne pourrais pas vivre en repos, si je quittais de vue un seul moment ma chère Providence, SÉV. 9 févr 1683.
   Absolument.
   Je ne quittai point des yeux, elle ne me voyait point encore, MARIVAUX Marianne, 4e part..
   Fig. Il ne quitte jamais Descartes, il lit constamment les livres de Descartes.
   Fig. Il se dit des choses qui nous laissent. La vie le quitta. Il est vieux, ses facultés l'ont quitté.
   Quand nos vices nous quittent, nous nous flattons de la créance que c'est nous qui les quittons, LA ROCHEFOUC. Max. 192.
   Je souhaite qu'il se porte bien, et que la fièvre le quitte ; car il faut mettre flamberge au vent, SÉV. 166.
   Peut-être la fortune est prête à vous quitter, RAC. Esth. III, 1.
   Oui, tu me resteras, ô funèbre héritage [un crucifix] ! Sept fois, depuis ce jour, l'arbre que j'ai planté Sur sa tombe sans nom a changé de feuillage, Tu ne m'as pas quitté, LAMART. Nouv. Médit. le Crucifix..
   Quand l'âme quitte le corps, lorsque l'âme abandonne le corps.
   Son portrait ne me quitte pas, je le porte toujours sur moi.
   Son image ne me quitte pas, elle est constamment présente à mon esprit.
   Ce souvenir ne me quittera jamais, je me souviendrai toujours de cela.
   Ne pas quitter, aller de la même façon, en parlant de montres.
   Cette montre.... qui allait toujours trop tôt ou trop tard d'une heure ou deux, est devenue si parfaitement juste qu'elle ne quitte pas d'un moment la pendule, SÉV. 15 juillet 1671.
   S'éloigner d'un lieu, s'en retirer. Quitter la maison paternelle. Quitter son poste.
   Anaxagore, du temps de nos pères, ayant avancé que la lune était une terre à peu près semblable à la nôtre, et le soleil une pierre enflammée, fut soupçonné d'impiété et obligé de quitter Athènes, BARTHÉL. Anach. ch. 31.
   Avant la fin du jour ne quittez point ces lieux, C. DELAV. Princ Aurél. IV, 7.
   Quitter la terre, mourir.
   Ce petit nombre d'hommes auxquels la Providence a soumis leurs semblables, et qui n'ont à redouter sur la terre que le moment où ils la quittent, D'ALEMB. Éloges, Bossuet..
   Quitter le lit, se lever. Ce malade ne quitte pas le lit.
   Quitter la chambre, sortir. Il est incommodé, il ne quitte pas la chambre.
   Fig. Quitter le barreau, cesser de plaider. Cet avocat a quitté le barreau.
   Quitter le théâtre, cesser de jouer. Cet acteur a quitté le théâtre.
   Fig. On dit qu'un fleuve quitte son lit quand il déborde.
   S'écarter de. Quitter les rangs. Quitter le bon chemin.
   Fig. Quitter le droit chemin, s'écarter de son devoir.
   Fig. Quitter le sentier de la vertu, s'écarter de la vertu, du devoir.
   Lâcher ce qu'on tient. Quitter sa proie. Il ne quitta pas la planche qui le soutenait sur l'eau.
   Il lui quitte la main, et tourne d'un autre côté, LA BRUY. XI.
   Quitter les armes, déposer les armes, cesser la guerre.
   Prêt à quitter le fer et prêt à le reprendre, RAC. Alex. II, 2.
   Quitter prise, lâcher ce qu'on a pris. Ce chien, quand il mord, ne quitte pas prise.
   Fig. Quitter prise, abandonner un dessein. Le moindre obstacle lui fait quitter prise.
   Par extension.
   Fort bien ; et cette fièvre a bientôt quitté prise, MOL. Tart. III, 3.
   Absolument. C'est un homme qui ne quitte pas aisément, qui ne quitte jamais, il suit obstinément ce qu'il a commencé, il il n'y renonce jamais.
10°   Ôter de dessus soi, se dépouiller de, se débarrasser de. Quitter son habit pour être plus à son aise. Quitter sa robe.
   Cesser l'usage de, cesser de porter. Quitter le deuil.
   Lise a quitté le rouge, et l'on se dit tout bas Qu'elle ferait bien mieux de quitter Licidas, GRESSET le Méch. III, 9.
   Quitter les étriers, ôter ses pieds de dedans volontairement ou involontairement.
   Fig. Quitter l'épée, la robe, la soutane, le froc, renoncer à la profession des armes, à celle de la robe, à l'état ecclésiastique, à la vie religieuse.
   Le vieux laboureur de Ferney, qui a quitté le cothurne pour le semoir, VOLT. Lett. Chauvelin, 21 sept. 1764.
   Quitter sa peau, se dit d'un serpent qui fait peau nouvelle.
   Fig. et familièrement, quitter sa peau, renoncer à ses vieilles habitudes, à son ancien caractère.
   Cet arbre quitte ses feuilles, les feuilles de cet arbre tombent.
   Mes quatre chênes résistèrent vigoureusement, et ne quittèrent leurs feuilles que quelques jours avant le temps ordinaire, BUFF. Hist. nat. introd. Part. exp. Oeuv. t. VIII, p. 267.
   Ces fruits quittent le noyau, le noyau s'en détache facilement.
11°   V. n. S'en aller, s'éloigner.
   Ne quitte point, Lisette, et demeure avec nous, TH. CORN. Baron d'Albikrac, IV, 1.
   Faut-il quitter impoliment sans lui rien dire ? faut-il lui déclarer le sujet de ma retraite ?, J. J. ROUSS. Hél. I, 1.
   Il se dit des choses qui se séparent.
   Prêt à choir où le vent le pousse, Le fruit menaçait de quitter, LA MOTTE Fabl, I, 10.
12°   Il se dit d'hommes, de femmes dont les coeurs se séparent.
   Qui ne pouvant avoir que des goûts imparfaits, Choisissent sans amour, et quittent sans regrets, DE BIÈVRE Séducteur, II, 1.
   Je venais de quitter ; elle, d'être quittée ; Et nous nous sommes pris je ne sais trop comment, DESMAHIS l'Impertinent, sc. 2.
13°   Se retirer de quelque travail, engagement.
   Il [un fermier de la Lorraine] répond que, du temps de M. de Turenne, on pouvait recueillir et compter sur les terres de ce pays-là ; mais que, depuis sa mort, tout le monde quittait, croyant que les ennemis y vont entrer, SÉV. 21 août 1675.
   Il faut absolument que tous ceux qui ont travaillé avec vous [à l'Encyclopédie] quittent avec vous, VOLT. Lett. d'Alembert, 5 févr. 1758.
14°   Terme de jeu. Abandonner sa vade et ne pas tenir un renvi. Il a fait son va-tout, et j'ai quitté. Vous me ferez quitter si votre renvi est si fort.
15°   Se quitter, v. réfl. Se séparer de soi-même.
   Avant tout dérèglement, il faut qu'il y ait une chose qui est elle-même sa règle, et qui, ne pouvant se quitter soi-même, ne peut non plus ni faillir, ni défaillir, BOSSUET Élév. sur myst. I, 2.
   Lord Byron a composé un poëme des Lamentations du Tasse ; mais il ne se peut quitter et se substitue partout aux personnages qu'il met en scène, CHATEAUBR. dans le Dict de DOCHEZ..
   Terme de mystique. Se quitter soi-même, laisser faire Dieu.
16°   Se séparer l'un de l'autre, les uns des autres. Ils se sont quittés bons amis.
   Pour moi, je dirai : il faut toujours s'aimer, quoique l'on soit obligé quelquefois de se quitter, SÉV. 581.
   Ils font mille serments de ne se point quitter, RAC. Phèdre, IV, 6.
17°   Être quitté. La flanelle sur la peau ne se quitte pas, même en été.
PROVERBES
   Qui quitte la partie la perd, on perd la partie quand on cesse le jeu avant qu'elle soit finie, et fig. cesser de s'occuper d'une affaire, c'est en compromettre le succès.
   Qui quitte sa place la perd, on ne retrouve plus sa place une fois qu'on l'a quittée.
   Il ne quitte rien du sien, se dit de celui qui renonce à une chose où il n'avait point de droit.
   XIIe s.
   Se [elle] ne me veut retenir ou quiter, Couci, VI.
   XIIIe s.
   Je quit amours, et à Dieu les commant, ANONYME dans Couci..
   Si comme se uns hons me demande vingt livres, et je li ni que je ne li doi pas, car je li ai paiés, ou il le m'a quité, BEAUMANOIR XXXIX, 50.
   Se il ne li quitoient les deux cent mille livres que il leur devoit encore, JOINV. 261.
   XVe s.
   Je vous quitte votre prison, et vous pouvez partir demain, FROISS. I, 1, 329.
   L'evesque du Lyege estoit venu pour faire quicter à son pays trente mil florins ou environ qu'ils payoient au duc Charles par appoinctement, COMM. V, 16.
   XVIe s.
   Celui qui, sans rien recevoir, liberalement et franchement quitte la dette, CALV. Instit. 507.
   Il leur seroit si difficile, que j'aime mieux les en quitter [dispenser], MARG. Nouv. XXI.
   Quittant sa resolution, il s'abandonnoit au dueil, MONT. I, 6.
   Je suis d'advis que tu quittes cette vie là, ou la vie tout à faict, MONT. I, 251.
   J'espere que nous en quitterons l'usage, MONT. I, 362.
   Depuis que ceulx qui me devanceoient m'ont quitté leur place...., MONT. III, 59.
   La police feminine a un train mysterieux, il faut le leur quitter, MONT. III, 5.
   Adrian l'empereur debattant avecques le philosophe Favorinus de l'interpretation de quelque mot, Favorinus luy en quitta bientost la partie, MONT. III, 7.
   Il quitta l'or et l'argent à ceux qui en avoient plus affaire que luy, AMYOT Arist. et Cat. comp. 10.
   Antiochus passa de l'Asie en la Grece, pour solliciter les villes de quitter l'alliance des Romains, AMYOT Flamin. 30.
   Demosthenes n'osa onques aller jusques là, ains s'en retourna du mont de Cythaeron et quitta l'ambassade, AMYOT Démosth. 32.
   Provenc. quitar ; anc. catal. quietar ; espagn. quitar ; ital. quietare, quitare ; bas-latin, quietare, de quietus (voy. quitte) : mot à mot rendre tranquille, de là exempter, renoncer, laisser. On entend souvent les paysans dire : Quitte-moi tranquille, quitte-moi en repos.

Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. . 1872-1877.

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  • quitter — [ kite ] v. tr. <conjug. : 1> • XIIe; lat. médiév. quitare, de quitus → quitte I ♦ Vx 1 ♦ Libérer (qqn) d une obligation, tenir quitte. 2 ♦ (XVe) Laisser, céder à qqn. « Mais depuis que notre jeunesse Quitte la place à la vieillesse »… …   Encyclopédie Universelle

  • quitter — QUITTER. v. a. Laisser en quelque lieu, en quelque endroit, se separer de quelqu un, s absenter, se retirer de quelque lieu, desemparer, abandonner. Je viens de le quitter à deux pas d icy. je vous quitte pour un moment. où avez vous quitté vos… …   Dictionnaire de l'Académie française

  • Quitter — Quit ter (kw[i^]t t[ e]r), n. 1. One who quits. [1913 Webster] 2. A deliverer. [Obs.] Ainsworth. [1913 Webster] …   The Collaborative International Dictionary of English

  • Quitter — Quitter, s. Hänfling …   Meyers Großes Konversations-Lexikon

  • quitter — (n.) as an insult, 1881, American English, agent noun from QUIT (Cf. quit) (v.) …   Etymology dictionary

  • quitter — ► NOUN informal ▪ a person who gives up easily …   English terms dictionary

  • quitter — ☆ quitter [kwit′ər] n. Informal a person who quits or gives up easily, without trying hard …   English World dictionary

  • QUITTER — v. a. Laisser quelqu un en quelque endroit, se séparer de lui. Je viens de le quitter à deux pas d ici. Je vous quitte pour un moment. Où avez vous quitté vos gens ? Il a quitté la compagnie en tel endroit. Il est fâcheux de quitter ses amis, de… …   Dictionnaire de l'Academie Francaise, 7eme edition (1835)

  • QUITTER — v. tr. Laisser quelqu’un en quelque endroit, se séparer de lui. Je viens de le quitter à deux pas d’ici. Je vous quitte pour un moment. Quitter père et mère. Quitter sa femme et ses enfants. Il ne le quitte ni jour ni nuit. Il ne le quitte non… …   Dictionnaire de l'Academie Francaise, 8eme edition (1935)

  • quitter — vt. KiTÂ (Billième | Albanais 001, Albertville, Annecy 003, Arvillard, Giettaz, St Nicolas Chapelle, Saxel 002, Thônes 004), kitâr (Lanslevillard), kètâ (Aix, Chambéry, Montendry) ; léssî <laisser> (001, 003, 004). E. : Cesser, Quittance.… …   Dictionnaire Français-Savoyard

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