si

si
si 1.
(si) conj.
   En cas que, pourvu que, supposé que. Il viendra s'il fait beau. Si on vous dit que je ne suis pas votre ami, ne le croyez pas.
   J'ai cru qu'il ne serait pas contre le devoir d'un philosophe, si je faisais voir...., DESC. Épit..
   Si nous ouvrons un peu les yeux, et si nous considérons la suite des choses, ni ce crime des Juifs ni son châtiment, ne pourront nous être cachés, BOSSUET Hist. II, 8.
   Le bien qu'on fait n'est jamais perdu : si les hommes l'oublient, les dieux s'en souviennent et le récompensent, FÉN. Tél. XXIV.
   Philippe, irrité, répliqua : Si j'entre dans la Laconie, je vous en chasserai tous. Ils lui répondirent : Si, BARTHÉL. Anach. ch. 82.
   Elliptiquement. Il parle comme s'il était le maître (comme il parlerait s'il était....) Il est plus content que si on lui donnait un trésor (qu'il ne serait content si on....)
   Si gouverne l'indicatif : S'il venait, il me ferait plaisir ; s'il était venu, je l'aurais su.
   Cependant on peut mettre aussi le plus-que-parfait du subjonctif au lieu du plus-que-parfait de l'indicatif : S'il fût venu, je l'aurais su.
   Sage s'il eût remis une légère offense, LA FONT. Fabl. IV, 13.
   Si vous fussiez venue à Vichy et de là ici, c'était une chose naturelle, SÉV. 294.
   Si l'on eût fait cette question [sur Dieu] aux gens du peuple, ils n'auraient su que répondre ; si à des étudiants, ils auraient parlé sans s'entendre, VOLT. Moeurs, Circonc..
   Si tu fusses tombée en ces gouffres liquides, A. CHÉN. Élég. Amymone..
   Si ne prend ce subjonctif qu'avec les verbes auxiliaires : Si je vous eusse trouvé, ou si vous avais trouvé ; si j'y fusse allé, ou si j'y étais allé.
   Il y a quelques exemples de si avec le conditionnel.
   Que te sert de percer les plus secrets abîmes Où se perd à nos sens l'immense Trinité, Si ton intérieur, manquant d'humilité, Ne lui saurait offrir d'agréables victimes !, CORN. Imit. I, 1.
   Si vous auriez de la répugnance à me voir votre belle-mère, je n'en aurais pas moins sans doute à vous voir mon beau-fils, MOL. l'Avare, III, 11.
   Il est utile de le lire de suite [un ouvrage]... et, si l'on y désirerait plus de solidité et de profondeur, on peut profiter beaucoup en le lisant..., D'AGUESSEAU Instit. sur l'étude et les exerc. propres à former un magistr..
   Cette tournure a vieilli ; cependant elle serait encore de mise en certains cas, par exemple dans la phrase de d'Aguesseau.
   Au lieu de répéter le si, on peut se servir de que avec le subjonctif.
   Observe que, bien qu'on puisse répéter le si, la manière la plus ordinaire et la plus naturelle est de se servir de que, VAUGELAS .
   Ce serait chose plaisante si les malades guérissaient et qu'on m'en vînt remercier, MOL. D. Juan, III, 1.
   Si Babylone eût pu croire qu'elle eût été périssable comme toutes les choses humaines, et qu'une confiance insensée ne l'eût pas jetée dans l'aveuglement...., BOSSUET Hist. III, 4.
   Quand la construction est négative, au lieu d'un second si, ou de son remplaçant que, on peut mettre ni.
   Si on n'aimait pas les justes, ni on ne les protégeait pas pour eux-mêmes, il les faudrait protéger pour le bien public, BOSSUET Méd. sur l'Évang. Dern. sem. du Sauveur, 83e jour..
   Si peut se répéter devant deux substantifs.
   Et je serais heureux, si la foi, si l'honneur, Ne me reprochaient point mon injuste bonheur, RAC. Bajaz. III, 4.
   On peut mettre le verbe au singulier, si les deux substantifs sont pris dans un sens disjonctif : Si votre père, si votre mère vient à mourir, c'est-à-dire si votre père meurt, ou si votre mère meurt ; c'est l'un des deux substantifs qui est sujet. Mais on dira : Si l'amour, si la reconnaissance m'attachent à vous, parce que ces deux choses existent ensemble et que les deux substantifs sont le sujet complexe de la proposition.
   Si, dans une construction elliptique où il n'y a pas de membre principal, exprime une sorte de souhait.
   Si j'arrondissais mes États ! Si je pouvais remplir mes coffres de ducats ! Si j'apprenais l'hébreu, les sciences, l'histoire ! Tout cela c'est la mer à boire, LA FONT. Fabl. VIII, 25.
   Encore s'il eût plu à Dieu de lui conserver ce goût sensible de la piété qu'il avait renouvelé dans son coeur au commencement de sa pénitence !, BOSSUET Anne de Gonz..
   Encor si ce banni n'eût rien aimé sur terre !, V. HUGO Crépuscule, 5.
   Dans une construction semblable, il exprime quelquefois une forte affirmation et comme une sorte d'indignation de ce qu'on met la chose en doute.
   Comment, coquine, si je suis malade, si je suis malade, impudente !, MOL. Mal. imag. I, 5.
   Albert : Vous avez donc guéri de ces maux quelquefois ? - Crispin : Moi ? si j'en ai guéri ! ah ! vraiment je le crois, REGNARD Fol. amour. III, 7.
   Quoi ! vous regrettez Minutolo ? - Isabelle : Si je le regrette !, LA MOTTE Minutolo, sc. 14.
   Vous vous en souvenez ? - Si je m'en souviens !, BRUEYS Avoc. Pat. I, 6.
   Zaïre, vous m'aimez ? - Dieu ! si je l'aime, hélas !, VOLT. Zaïre, IV, 2.
   Ah si !.... avec une suspension, exprime un souhait qu'on ne veut ou n'ose exprimer.
   Ils s'aiment jusqu'au bout, malgré l'effort des ans ; Ah ! si.... mais autre part j'ai porté mes présents, LA FONT. Phil. et Bauc..
   Avec si on peut quelquefois sous-entendre un verbe antécédent.
   Je ne puis dire assurément quand je partirai d'ici, si dans un mois, dans deux ou dans trois, VOIT. Lett. 25.
   Vous m'aimez, je l'ai su de votre propre bouche ; Je l'ai su de Dorante, et votre amour me touche, Si trop peu pour vous rendre un amour tout pareil, Assez pour vous donner un fidèle conseil, CORN. Suite du Ment. V, 5.
   Si l'on considère son ouvrage incontinent après l'avoir fait, on en est encore tout prévenu ; si trop longtemps après, on n'y entre plus, PASC. Pens. III, 2 bis, édit. HAVET..
   Si j'épouse une femme avare, elle ne me ruinera point ; si une joueuse, elle pourra m'enrichir ; si une savante, elle pourra m'instruire ; si une prude, elle ne sera point emportée ; si une emportée, elle exercera ma patience ; si une coquette, elle voudra me plaire ; si une galante, elle le sera peut-être jusqu'à m'aimer, LA BRUY. III.
   Chacun peut écrire chez nous [Anglais] ce qu'il pense, à ses risques et périls ; c'est la seule manière de parler à sa nation ; si elle trouve que vous avez parlé ridiculement, elle vous siffle ; si séditieusement, elle vous punit ; si sagement et noblement, elle vous aime et vous récompense, VOLT. Dial. XXIV, 9.
   Vous êtes digne ou indigne de la grâce que vous implorez ; si digne, il [Dieu] le sait mieux que vous ; si indigne, on commet un crime de plus en demandant ce qu'on ne mérite pas, VOLT. Dict. phil. Prières..
   Sur cette construction, Condillac remarque : La Bruyère paraît aimer ce tour, et en fait usage assez souvent ; mais il ferait encore mieux de supprimer les si et de dire : si j'épouse, Hermas, une femme avare, elle ne me ruinera pas ; une joueuse, elle pourra m'enrichir, Art d'écr. I, 10. La construction conseillée par Condillac est bonne sans doute ; mais l'autre est meilleure.
   Si admet aussi d'autres ellipses de verbes.
   M. le Prince avait convié plusieurs gentilshommes à son ballet ; mais ils s'en excusèrent ; si par faute d'argent ou pour autres considérations, c'est à vous à le deviner, MALH. Lett. à Peiresc, 13 févr. 1615.
   Tessé fut déclaré plénipotentiaire du roi à Rome avec pouvoir de prendre le titre d'ambassadeur si et quand il le jugerait à propos, SAINT-SIMON 207, 34.
   Si s'emploie pour exprimer non une supposition, mais une chose certaine. Si je suis gai, c'est que j'en ai le sujet ; cela veut dire : je suis gai et j'en ai sujet.
   S'il est pauvre, faut-il le mépriser ? Comment oses-tu dire que tu es de noble race, si tu es le plus traître de tous les hommes ?, SCARR. Rom. com. II, 14.
   Si la lune est pesante à la manière des corps terrestres ; si elle est portée vers la terre par la même force qui les y porte ; si, selon l'expression de M. Newton, elle pèse sur la terre, la même cause agit dans tout ce merveilleux assemblage de corps célestes, FONTEN. Newton..
10°   D'autres fois si marque opposition.
   Si la vie et la mort de Socrate sont d'un sage, la vie et la mort de Jésus sont d'un Dieu, J. J. ROUSS. Ém. VI.
11°   S'il le fut, si jamais il le fut, et autres locutions de ce genre équivalent au superlatif.
   Ce chasseur perce donc un gros de courtisans, Plein de zèle, échauffé, s'il le fut de sa vie, LA FONT. Fabl. XII, 12.
12°   Et, ou si quelque autre chose.... et, ou si rien...., se disent pour exprimer en bloc tout ce qu'on ne veut pas énumérer. Un torrent, ou s'il est rien de plus impétueux.
   Elle redevient rose, Oeillet, aurore, et si quelque autre chose De plus riant se peut imaginer, LA FONT. Abbesse..
13°   Que si s'emploie quelquefois au commencement des phrases pour si. Que si vous m'alléguez cette raison, je dirai.... voy. que 2, n° 18.
14°   Combien. Vous savez si je vous aime.
15°   Si construit de façon que le membre de phrase qu'il gouverne, joue le rôle de substantif composé.
   Tout ce que je lui demande [à M. de Grignan], c'est de conserver votre coeur et le mien.... songez que je recevrai comme une grâce s'il m'oblige à l'aimer toujours, SÉV. à Mme de Grignan, 13 oct. 1673.
16°   Il marque le doute, l'interrogation. Je ne sais s'il est arrivé. Je doute si vous viendrez à bout de cette affaire. Dites-moi si vous irez là.
   Je laisse au jugement de mes auditeurs si je me suis assez bien acquitté de ce devoir pour justifier par là ces deux scènes, CORN. Cid, exam..
   Et je remets, madame, au jugement de tous Si qui donne à vos gens est sans amour pour vous, Et si ce traitement marque une âme commune, CORN. Ment. IV, 8.
   Et je suis en suspens si, pour me l'acquérir, Aux extrêmes moyens je ne dois point courir, MOL. l'Ét. III, 2.
   Je suis dans l'incertitude si, pour me venger de l'affront, je dois me battre avec mon homme, ou bien le faire assassiner, MOL. Sicilien, 13.
17°   Ou si, ou bien si, forme interrogative.
   Justes cieux ! me trompé-je encore à l'apparence, Ou si je vois enfin mon unique espérance ?, CORN. Cid, III, 5.
   Tombé-je dans l'erreur, ou si j'en vais sortir ?, CORN. Héracl. IV, 4.
   Avez-vous oublié que vous parlez à moi, Ou si vous présumez être déjà mon roi ?, CORN. Rod. IV, 3.
   Mandez-moi les sentiments de ma tante sur notre succession : veut-elle suivre mon exemple, ou si elle veut retirer ma part ?, SÉV. 27 févr. 1679.
   Hé bien, seigneur, hé bien trouvez-vous quelques charmes à voir couler des pleurs que font verser vos armes, Ou si vous m'enviez, en l'état où je suis, La triste liberté de cacher mes ennuis ?, RAC. Alex. IV, 2.
   Tout genre d'écrire reçoit-il le sublime, ou s'il n'y a que les grands sujets qui en soient capables ?, LA BRUY. I.
   A-t-elle [la loi] introduit les fidéicommis, ou si elle les tolère ?, LA BRUY. XIV.
   Voilà, dit le chevalier, un réveil assez gai et assez bouffon ; et à qui en as-tu donc, ou si c'est aux anges que tu ris ?, HAMILT. Grammont, introd..
   Enfin exigea-t-il vos hommages comme un tyran, ou s'il mérita votre tendresse comme un vrai père ?, MASS. Orais. fun. Villeroy, I.
   À propos des vers de Corneille cités ci-dessus : tombé-je dans l'erreur, ou si j'en vais sortir, etc. ? Voltaire dit : " Il faut : ou bien vais-je en sortir ? Il n'y a qu'un cas où ce si est admis, c'est en interrogation : si je parle ? si j'obéis ? si je commets ce crime ? On sous-entend : qu'arrivera-t-il ? qu'en penserez-vous ? " Comm. Corn. Rem. Héracl. IV, 4. Il est impossible de donner son assentiment à la critique de Voltaire. La tournure qu'il blâme est bonne en soi, et a pour elle les meilleurs auteurs.
18°   Si tant est que, avec le subjonctif, s'il est vrai que, avec le sens d'une concession que l'on fait, sans être bien convaincu soi-même. Si tant est que la chose soit comme vous dites, il faudra....
19°   Si ce n'est, excepté. Si ce n'est eux, quels hommes eussent osé l'entreprendre ? Il vous ressemble, si ce n'est qu'il a les cheveux plus noirs.
   Si ce n'est toi, c'est donc ton frère, LA FONT. Fabl. I, 10.
20°   Si ce n'était.... sans.... Si ce n'était la crainte de vous déplaire. Dans ce cas on peut supprimer si. N'était la crainte de vous déplaire, je parlerais hardiment.
21°   Si.... ne, à moins que. Si je ne me trompe.
22°   S. m. Un si, une objection.
   L'un alléguait que l'héritage Était frayant et rude, et l'autre un autre si, LA FONT Fabl. VI, 4.
   Les si, les car, les contrats sont la porte, Par où la noise entra dans l'univers, LA FONT Belph..
   Ces protestations ne coûtent pas grand'chose, Alors qu'à leur effet un pareil si s'oppose, MOL. Dép. am. II, 2.
   Que le diable t'emporte avec tes si et tes mais, REGNARD Ret. impr. 15.
   Je vous félicite d'avoir obtenu pleine et entière justice, et d'avoir été loué de vos contemporains sans si, ni mais, ni car, DIDER. Lett. à Falconet, févr. 1766.
   J'en ai deux autres [lettres] que, quoi que tu puisses croire, je ne changerais sûrement pas contre celles-là, quand tous les si du monde y seraient, J. J. ROUSS. Hél. VI, 2.
   Les si, les mais, les oui, les non, Toujours à contre-sens, toujours hors de saison, Échappent, au hasard, à sa molle indolence, DELILLE Conv. II.
   On dit de même : Il a toujours des si, des mais.
23°   Si, substantif, s'emploie populairement aussi pour marquer un défaut dans la chose dont il s'agit. Voilà un bon cheval ; il n'y a point de si. Quel si y trouvez-vous ?
PROVERBE Avec un si on mettrait Paris dans une bouteille.
   Si perd son i devant il et ils : s'il vient, s'ils viennent. Mais il ne le perd devant aucun autre mot, par quelque voyelle que ce mot commence.
   IXe s.
   Si Loddwigs sagrament que son fradre Karlo jurat, conservat, Serment.
   Xe s.
   [Elle] Volt lo seule [siècle] lazsier, si ruovet [l'ordonne] Crist, Eulalie.
   XIe s.
   Sed il fut graim [chagrin], ne l'estut [il n'est besoin] demander, St Alexis, XXVI.
   S'en volt ostages [s'il en veut otages], e vos l'en enveiez, Chans. de Rol. III.
   Se il fust vif, je l'eüsse amenet, ib. LIII.
   XIIe s.
   Nule chançon ne m'agrée, S'el ne vient de fine amor, Couci, I.
   Je chantasse volentiers liement, Se j'en trouvasse en mon cuer l'achoison [l'occasion], ib. IX.
   Mais je ne puis dire, se je ne ment [à moins de mentir], Qu'aie [que j'aie] d'amors nule rien se mal non, ib..
   Se j'avoie [quand même j'aurais] le sens qu'ot Salemons, Si me feroit Amors pour fol tenir, ib. XIII.
   J'ai assez plus de duel [deuil] et de pesance, Que n'auroit jà li rois, s'il perdoit France, ib. XXIV.
   XIIIe s.
   Je n'entreprendrai cestui plait ne autre, se parvos consaus non, VILLEH. XLVIII.
   Je verroie tes membres et ta teste trancher, Se jamais ne devoie [quand je ne devrais jamais] en France repairer, Berte, XIX.
   Dont doi je prendre en gré se j'ai froid et pouverte [pauvreté], ib. XXXV.
   Ahi ! mere, fait-ele, com auriez coeur marri, Se vous saviez...., ib. LIX.
   Car se ne fust mal et pechiés Dont li mondes est entechiés, L'en eüst onques roi veü, Ne juge en terre congneü, la Rose, 5591.
   XVe s.
   Si vous plait, vous nous direz quelle chose ceux de la Calongne ont dit ni fait envers vous, FROISS. II, III, 34.
   Fiez vous y ; à qui ? en quoy ? Comme je voy, riens n'est sans sy, CH. D'ORL. Rondeau..
   Brief, c'est une droicte plaisance, Que d'ouyr mignons en bancquetz ; Car en celle où l'on met l'advance, Il y a toujours sy ou mès, COQUILL. Droits nouv..
   Et que se ledit bastard ne se trouvoit point chargé d'avoir voulu..., que incontinent le feroit delivrer, COMM. I, 1.
   XVIe s.
   Si tu es de Dieu, si parle ; si tu es de l'aultre, si t'en va, RAB. Garg. I, 34.
   En vos propositions tant y a de si et de mais, que je ne sçaurois rien fonder, RAB. ib. III, 10.
   Où il n'y a nulle promesse asseurée, nous avons à prier Dieu sous si et condition, CALVIN Inst. 691.
   Bref, on l'eust pris pour paradis terrestre, S'Eve et Adam dedans eussent esté, MAROT I, 168.
   Mais si tu m'en eusses parlé, Ton affaire en fust mieux allé, MAROT I, 199.
   Ô si tant vivre en ce monde je peusse, Qu'avant mourir loisir de chanter j'eusse Tes nobles faits..., MAROT I, 229.
   La dame sans si [sans défaut], MAROT II, 319.
   Croyés que sy ce n'estoit le service que je sçay bien que vous faictes à Madame, je...., MARG. Lett. 3.
   J'espere, si le temps s'adoulcist ou qu'elle [la reine malade] fasse une pierre, que ce sera la guerison, MARG. ib. XL. Pourquoy..
   . si ce n'est à fin que...., MONT. I, 100.
   Si l'affection est parfaicte, et qu'on la surcharge encores...., MONT. I, 225.
   S'elle de loing voit quelque arme qui luise, S'elle voit rien qui façon d'armes aye, Lors son Roger elle croit qu'elle advise, LA BOÉTIE 486.
   Si leurs forces de terre sont grandes, celles de mer ne le sont moins, LANOUE 406.
   Si ce mien labeur sera si heureux que de vous contenter, à Dieu en soit la louange, AMYOT Préf. XXVII, 55.
   S'Europe avoit l'estomach aussi beau...., RONS. 32.
   Mais abaye de loin, si de quelque personne... Au mi lieu de nos jeux nous estions espiez...., RONS. 744.
   Je veux entonner ta louange, Et l'envoyer de Loire à Gange, Si tant loin peut aller ma voix, RONS. 456.
   Et bien ! vous, conseillers des grandes compagnies, Fils d'Adam qui jouez et des biens et des vies, Dittes vrai, c'est à Dieu que compte vous rendez, Rendez-vous la justice, ou si vous la vendez ?, D'AUB. Trag. III.
   Que si Dieu prend en gré ces premices, je veux, Quand mes fruicts seront meurs, lui paier d'autres voeux, D'AUB. ib. IV.
   On ne peut rien objecter à cette reyne [Catherine de Médicis], sinon le seul si de vengeance, si la vengeance est un si, puisqu'elle est si belle et si douce, BRANT. Dames ill. p. 7, dans LACURNE.
   Si on y employera les armes, Mém. de Bellièvre et de Sillery, p. 203, dans LACURNE.
   Provenç. et espagn. si ; portug. et ital. se ; du lat. si, archaïque, sei ; ombrien, svê ; osque, svai. Les formes svê, svai font conjecturer que sei ou si représente le locatif de sva, et signifie en soi, étant que.
SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE
1. SI. - REM. Ajoutez :
    Si.... ou non, se dit, quand, dans une alternative, la seconde partie est négative.
   Si vous me blâmerez, ou non, c'est ce que je ne puis dire, LETOURNEUR Trad. de Clarisse Harlowe, lett. 86.
   Si se disait autrefois se, et l'e s'en élidait devant une voyelle. Cet archaïsme était encore conservé au commencement du XVIIe siècle.
   S'on lui fait au palais quelque signe de tête, RÉGNIER Élég. II.
   Et s'elle est moins louable, elle est plus assurée, RÉGNIER Ép. II.
   Si ne veut pas le futur après soi, du moins dans la langue actuelle ; car au XVIe siècle on usait du futur avec si. Pourtant Letourneur a mis le futur, comme on vient de le voir dans l'exemple ci-dessus. C'est que, dans cet exemple, si est un si dubitatif entre deux verbes. La construction rétablie donne : Ce que je ne puis dire, c'est si vous me blâmerez.
————————
si 2.
(si) adv.
   Tellement (sens le plus voisin de l'étymologie : sic, ainsi).
   Il n'y avait plus que quatre petits mots dans la langue française : la reine est si bonne !, RETZ Mém. I.
   Il ne faut pas toujours être si délicat, LA FONT. Fabl. VIII, 17.
   Voilà le plus beau des éventails.... je n'ai jamais rien vu de si joli, SÉV. 6 avr. 1672.
   Une main si habile eût sauvé l'État, si l'État eût pu être sauvé, BOSSUET Reine d'Anglet..
   Et j'espérais ma part d'une si riche proie, RAC. Athal. III, 3.
   Je veux aujourd'hui vous exposer les règles de la foi sur un point si important de la doctrine chrétienne, MASS. Carême, Vocation..
   Jean Corvin Huniade, ce fameux général des armées hongroises, qui combattit si souvent Amurat et Mahomet II, VOLT. Moeurs, 89.
   Ces pauvres Savoyards sont de si bonnes gens, J. J. ROUSS. Conf. VI.
   La nymphe était si belle, et son amant si tendre, DELILLE Trois règnes, III.
   Familièrement, pas si bête, c'est-à-dire il n'est pas si bête, ou cela n'est pas si bête, ou je ne suis pas assez bête pour faire cela.
   Si, avec que dans un autre membre de phrase et l'indicatif, tellement.... que. Le vent est si grand qu'il rompt tous les arbres.
   Ce temps, si long que l'on use à composer un long ouvrage, [le prédicateur devrait] l'employer à se rendre si maître de sa matière, que les tours et les expressions naissent dans l'action et coulent de source, LA BRUY. XV.
   Le monde est si corrompu que l'on acquiert la réputation d'homme de bien seulement en ne faisant pas de mal, DE LÉVIS Pensées, V.
   Si, avec que et l'infinitif, au point de.
   Je ne me repais pas de pensées si vaines que de m'imaginer...., DESC. Méth. VI, 7.
   Si quelques prêtres se trouvaient si horriblement méchants que de se laisser aller à cette diabolique impiété, Statuts synod. de Le Gouverneur, évêque de Saint-Malo, art. 21 (1628).
   Celui-ci [Eunus adopté par Ésope] le paya d'ingratitude, et fut si méchant que de souiller le lit de son bienfaiteur, LA FONT. Vie d'Ésope..
   Mais je ne me crois pas si chéri du Parnasse, Que de savoir orner toutes ces fictions, LA FONT. Fabl. II, 1.
   Et j'ai eu un aïeul, Bertrand de Sotenville, qui fut si considéré en son temps, que d'avoir permission de vendre tout son bien pour le voyage d'outre-mer, MOL. G. Dandin, I, 5.
   Ouais ! je ne croyais pas que ma fille fût si habile que de chanter ainsi à livre ouvert, MOL. Mal. imag. II, 6.
   Eh bien ! nous avons aimé un homme.... et nous avons été si sotte que de l'épouser [mariage de Mme de Coligny et de la Rivière], SÉV. à Mme de Guitaut, 23 janv. 1682.
   Il me semble qu'il y a vingt ou vingt-cinq ans vous n'étiez point si innocente que de ne pas savoir quel jour c'était que le lendemain de la veille de la Pentecôte, SÉV. à Mme de Grignan, 12 janv. 1676.
   Es-tu toi-même si crédule Que de me soupçonner d'un courroux ridicule ?, RAC. Bajaz. IV, 7.
   On peut supprimer le que.
   Qui te rend si hardi de troubler mon breuvage ?, LA FONT. Fabl. I, 10.
   Elle [Mme d'Heudicourt] a été si sotte de donner scrupuleusement dans l'étoffe [dépense en étoffes], sans rien mettre à part [sur une somme donnée pour des habits], SÉV. 16 oct. 1676.
   Le pauvre Chardon de la Rochette, qui toute sa vie fut si simple de croire obtenir par la science une place de savant, P. L. COUR. A MM. de l'Académie..
   Si, dans une phrase négative suivi de que, veut le subjonctif. Il n'a pas été si leste qu'il ne soit tombé.
   Si, suivi de qui, ne s'emploie que dans une phrase négative et veut le subjonctif.
   Il n'y a si vil praticien qui, au fond de son étude sombre et enfumée, ne se préfère au laboureur qui jouit du ciel, LA BRUYÈRE VII.
   Si devant un adjectif ou un adverbe, au commencement de la phrase et ayant une force exclamative, tant est.... !
   Si fort tous les pécheurs s'endorment tranquillement dans cette espérance qu'ils se convertiront un jour !, MASS. Avent, Délai..
   Il [Dieu] nous a pour ainsi dire portés lui-même sur ses ailes au haut de la roue ; si rapidement nous y sommes montés !, MASS. Carême, Danger des prospér. temp..
   Ironiquement. Vous deviez si bien venir ! je vous ai attendu toute la journée.
   Il peut s'employer devant les expressions adverbiales ; des grammairiens ont prétendu le contraire ; mais de bons auteurs en ont usé de la sorte.
   Vous voyez bien, mes pères, qu'il y a peu d'opinions que vous ayez si à tâche d'établir, PASC. Prov. XV.
   L'extravagance y paraît si à découvert, qu'elle ne laisse presque pas de lieu à la méprise, MASS. Carême, Resp. humain..
   Il peut même précéder un substantif.
   Ces conjectures ne sont pas si conjectures que tu penses, J. J. ROUSS. Hél. V, 13.
   Il sert d'adverbe de comparaison en place de aussi, autant ; mais il ne s'emploie qu'avec la négation ou dans une phrase interrogative.
   Mais de ces soupirants qui vous offraient leur foi, Aucun ne vous eût mise alors si haut que moi, CORN. Tite et Bérén. I, 2.
   Eh bien, ils se battront, puisque vous le voulez ; Mais Rodrigue ira-t-il si loin que vous allez ?, CORN. Cid, II, 5.
   Avez-vous jamais ouï parler d'une étoile si brillante que celle du roi ?, SÉV. 13 oct. 1677.
   Je n'ai jamais vu rien de si beau, de si bon, de si aimable, de si net, de si bien arrangé, de si éloquent, de si régulier, en un mot de si merveilleux que votre lettre, MAINTENON Lett. à Mme de Champigny, t. III, p. 173, dans POUGENS..
   Dans la monarchie il n'y a pas une force si réprimante que dans les autres gouvernements, MONTESQ. Esp. V, 7.
   Si employé pour aussi dans une phrase affirmative a vieilli.
   Plein d'un amour si pur et si fort que le nôtre, CORN. Sur. I, 3.
   On y fait si bonne chère qu'on veut, HAMILT. Gramm. 10.
   L'usage n'a conservé que la locution familière : Si peu que vous voudrez, si peu que rien, c'est-à-dire aussi peu que vous voudrez, très peu.
   Si .... comme, se disait jadis pour aussi.. que ; cette tournure a vieilli.
   Il n'est rien de si beau comme Calixte est belle, MALH. .
   Je vous félicite, vous, d'avoir une femme si belle, si sage, si bien faite comme elle est, MOL. Méd. malgré lui, II, 4.
   Il ne paraît pas que la paix soit si proche comme je vous l'avais mandé, SÉV. 24 juin 1672.
10°   Si.... que, quelque... que. Si mince qu'il puisse être, un cheveu fait de l'ombre.
   Protésilas sera prêt à le faire [le bien] avec vous pour conserver l'autorité ; mais, si peu qu'il sente en vous de facilité à vous relâcher...., FÉN. Tél. XIII.
   Avec ellipse du que.
   Une figure, si régulière soit-elle, n'est pas agréable à la vue lorsque..., DESC. Musique, choses à remarquer..
   Si peu que, le peu que.
   Si peu que j'ai d'espoir ne luit qu'avec contrainte, CORN. Poly. III, 1.
   Divers petits commandants qui étaient le jouet des barbares [sur la fin de l'empire romain], et qui consumaient si peu qu'ils avaient de force à se supplanter les uns les autres, MÉZER. Abr. de l'hist. de France. ann. 455.
   On se réjouit de ce qu'on pourra faire bonne chère en toute licence : plus de jeûnes, plus d'austérités ; si peu de soin que nous avons peut-être apporté durant ce carême à réprimer le désordre de nos appétits, nous nous en relâcherons tout à fait, BOSSUET 1er sermon, Jour de Pâques, 1.
11°   Si que, de telle sorte que.
   La belle sut de la beauté le prix, Si que bientôt, nouvelle Cythérée, Paris la vit en ses murs admirée, CHAUL. à Mme de Valois..
12°   Si bien que, tellement que, de sorte que. La pluie nous surprit en chemin, si bien que nous nous égarâmes.
   .... Si bien Qu'encor qu'elle ait des yeux, si ne voit-elle rien, RÉGNIER Sat. IX..
   Nul animal n'avait affaire Dans les lieux que l'ours habitait, Si bien que, tout ours qu'il était, Il vint à s'ennuyer, LA FONT. Fabl. VIII, 10.
   Si bien donc, se dit interrogativement en reprenant un sujet de conversation.
   Si bien donc que vous allez trouver M. et Mme Oronte ?, LE SAGE Crispin rival, 19.
13°   Si, signifiant étymologiquement ainsi, est quelquefois employé comme particule affirmative, mais seulement dans le cas où il s'agit de détruire une négation précédente. Vous dites que non, je dis que si. Vous gagez que non, je gage que si. Est-ce que vous n'allez pas à Paris ? Si, j'y vais.
   On répond si et non oui, parce que, les phrases étant négatives, on ne saurait si oui détruit la négation ou la confirme. Il faut ajouter que le mot si, étant destiné à détruire une opinion exprimée par notre interlocuteur, n'est pas une tournure polie quand on parle à ses supérieurs. On emploie alors une autre formule, comme : je vous demande pardon, JULLIEN.
14°   Si fait, locut. qui s'emploie pour affirmer le contraire de ce qui a été dit.
   Je crois qu'il n'a pas été là. - Si fait, il y a été. Si fait vraiment. Je ne saurais manger. - Si fait bien moi, je meure, MOL. Sgan. 7.
   Si fait, mon enfant, par-ci, par-là, dans de certains moments, DANCOURT Renaud et Armide, sc. 12.
   Si fait, c'est-à-dire ainsi fait.
   Si ferai, si ferai-je, autres façons d'affirmer, qui signifient je ferai ainsi.
   Quoi ! dit-il, sans mourir, je perdrai cette somme ! Je ne me pendrai pas ! eh ! vraiment si ferai, Ou de corde je manquerai, LA FONT. Fabl. IX, 16.
   Cette tournure a vieilli ; cependant elle se dit encore. On la trouve dans cette phrase de J. J. Rousseau : Les expressions sont toujours plus recherchées et les oreilles plus scrupuleuses dans les pays plus corrompus ; s'aperçoit-on que les entretiens de la halle échauffent beaucoup la jeunesse qui les écoute ? si font bien les discrets propos du théâtre, et il vaudrait mieux qu'une jeune fille vît cent parades qu'une seule représentation de l'Oracle, Lett. à d'Alemb. sur les spectacles.
   Si donnons en mandement, formule fréquente dans les anciens édits.
15°   Familièrement. Que si, pour si fait. Vous n'y irez pas ? - Que si. Vous ne ferez donc pas cela ? - Oh ! que si.
   Substantivement.
   Eux de recommencer la dispute à l'envi Sur le que si, que non ; tous deux étant ainsi, Une meute apaisa la noise, LA FONT. Fabl. IX, 14.
   On la [la Discorde] reçut à bras ouverts, Elle et que-si-que-non son frère, LA FONT. ib. VI, 20.
16°   Pourtant, toutefois (ce sens vieillit).
   Si faut-il qu'à la fin j'acquitte ma promesse, MALH. IV, 4.
   Si ne faut pas abandonner tout d'un coup à la censure publique quinze ou seize années de notre histoire, BALZ. Disc. à la rég..
   Mais, quoique le repos règne en ma conscience, Si ne puis-je endurer avecque patience Des termes dont un jour vous vous repentirez, MAIRET Soliman, IV, 4.
   On m'a pourvu d'un coeur peu content de soi-même, Inquiet et fécond en nouvelles amours ; Il aime à s'engager, mais non pas pour toujours ; Si faut-il une fois brûler d'un feu durable, LA FONT. Élég. III.
   Moron : Je le connais, ma peine sera inutile. - La princesse : Si faut-il pourtant tenter toute chose, et éprouver si son âme est entièrement insensible, MOL. Princ. d'Él. III, 5.
   Je n'ai point d'argent à prêter ; si ai bien à mettre à profit honnête, PASC. Prov. VIII.
   Vous avez beau faire : si faut-il croire, ou nier, ou douter, PASC. Pens. XXV, 49, édit. HAVET..
   Ma partie est puissante et j'ai tout lieu de craindre.... Si pourtant, j'ai bon droit, RAC. Plaid. I, 7.
   Jamais de son pays ne vint lettre de change, Et, quoiqu'il mange peu, si faut-il bien qu'il mange, REGNARD le Bal, 13.
   Le roi, se fâchant davantage, dit que si fallait-il pourtant qu'elle [Mme de Torcy] le sût [ce qu'il avait dit], SAINT-SIMON 186, 235.
   On a dit dans le même sens :
   si est-ce que Me trompe qui pourra ; si est-ce qu'il ne saurait jamais faire que je ne sois rien, tandis que je penserai être quelque chose, DESC. Méd. III, 3.
   Et encore qu'il y ait en l'homme autre chose que la raison, si est-ce néanmoins qu'elle est la partie dominante, BOSSUET Pens. chrét. 33.
   Et si, même signification.
   Depuis trente ans, c'est elle, et si, ce n'est pas elle, RÉGNIER Sat. X..
   Je la fuis, je la crains, et si, je l'aime encore, TRISTAN Panthée, II, 4.
   J'ai la tête plus grosse que le poing, et si, je ne l'ai pas enflée, MOL. Bourg. gent. III, 5.
   Je n'ai encore vu personne qui ne soit charmé de votre Instruction ; et si, j'en ai ouï parler à bien des gens, MAINTENON Lett. au card. de Noailles, 2 déc. 1697.
   Il n'y en aura jamais qui fasse son chemin si promptement que vous ; et si, ils aiment à aller vite, ces messieurs-là, DANCOURT Vacances, sc. 3.
   Dans cet emploi on prononce si en appuyant dessus et en faisant une petite pause. Ce mot énergique et vif, quoiqu'il ait vieilli, ne doit pas tomber en désuétude.
   1. Si ne doit modifier les participes passés que lorsqu'ils sont adjectifs. On dit bien : un homme si éclairé, si rangé ; mais on ne dit pas : une éclipse si observée ; il faut dire : si exactement observée ; et alors si modifie, non le participe, mais l'adverbe.
   2. Il vaut mieux répéter le si devant les adjectifs et les adverbes, et dire : vous êtes si sage et si avisé, que de dire : vous êtes si sage et avisé. Cependant cette dernière façon n'est pas absolument à repousser.
   IXe s.
   In quant Deus savir et podir me dunat, si salvarai eo [je]...., Serment.
   Xe s.
   Et si distrent [dirent], Fragm. de Valenc. p. 467.
   Si escit [sortit] foers de la civitate, et si sist contra orientem, ib. p. 468.
   Si astreient li judei perdut, si cum il ore sunt, ib..
   Chi sil [ainsi le] feent cum faire lo deent, ib..
   XIe s.
   Si me gardez e de mort e de hunte, Ch. de Rol. II.
   Vous n'irez pas uan cette année] de mei si loin, ib. XVII.
   Par ce sunt Franc si fier cume lion, ib. CXL.
   Dreiz emperere, cher sire, si ferons, ib. CLXXIV.
   XIIe s.
   Mais madame est de si très grant vaillance [prix], Qu'à son ami ne doit fere faillance, Couci, XXIV.
   Diex me ramaint à li [que Dieu me ramène à elle] par sa douçor, Si voirement com j'en part à dolor, ib..
   Tuit garni de lor armes si com pour hostoier [faire la guerre], Sax. VI.
   Onc mais n'avint en France nule si granz dolors, ib. XXVII.
   Et en après alons sur nostre roi forfaire, Si que li rois puist dire...., ib. XXXI.
   Li reis jurad : si veirement cume Deus vit, David ne murrad, Rois, p. 74.
   Ki, entre tute la gent, est si fidel cume David vostre gendre est ?, ib. p. 87.
   E fud à curt si cume il out ested devant, ib. p. 74.
   XIIIe s.
   Nule gent qui seur mer soient, n'ont si grant pooir comme vous avez [vous Vénitiens], VILLEH. XVI.
   Et ne furent mie si poi que il ne fussent encore quinse mile, VILLEH. XCI.
   Il avoient si toute la terre perdue, qu'il ne tenoient defors Constantinoble fors Rodestoc et Salembrie, VILLEH. CL..
   Il n' [y] a si bele femme deça ne dela mer, Berte, III.
   Paour [j'] ai [qu'il] ne vous tue, si me puist Diex aider, ib. XI.
   Diex ! si que [ainsi que] de vous croire [je] sui fine et vraie et certe, ib. XXXV.
   Qu'il [Dieu] soit garde de vous, si [ainsi] que de cuer [je] l'en pri, ib. LIX.
   Aucun ont doute que, puisque li heritages est partis du pere ou de le [la] mere et venus à lor enfans par don ou par otroi, qu'il ne puist puis revenir au pere ou à le [la] mere ; mais si fait, BEAUMANOIR XIV, 22.
   Tandis que le roy fermoit [fortifiait] Sayete, je alai à la messe au point du jour, et il me dit que je l'attendisse, que il vouloit chevaucher ; et je si fis, JOINV. 279.
   Et si feble comme il estoit, se il feust demouré en France, peust-il encore avoir vescu assez, et fait moult de biens, JOINV. 300.
   Il sembla que toute la chambre feust embaumée, si souef [suave] fleroit, JOINV. 260.
   Gaudins esgarde son ami Et jus et sus et si et si, Partonop. ms. de St-Germ. f° 154, dans LACURNE.
   XIVe s.
   C'est si comme l'en demanderoit que c'est cheval, l'en respont : c'est beste, ORESME Éth. 43.
   XVe s.
   Quant messïre Gossiaux et Enguerrand virent le convenant, si furent tous ebahis, et non pas si [à ce point] que ils ne prensissent confort en eux, FROISS. II, II, 229.
   Va, va, dit le sire de Corasse, tu n'es que un bourdeur ; tu te devois si bien montrer à moi hier qui fut, et tu n'en as rien fait, FROISS. II, III, 22.
   Et avoit mandé.... que tous seigneurs.... dames et damoiselles y vinssent [à la joute], si cher qu'ils avoient l'amour de lui, FROISS. I, I, 191.
   Et lui signifieroient que, s'il ne venoit dedans le premier jour de mai ensuivant, si puissamment pour resister aux Anglois et defendre son pays, ils se rendroient au roi anglois, FROISS. I, I, 159.
   Oyez, seigneurs cardinaux, delivrez vous de faire pape ; trop y mettez ; et si, le faites romain, nous ne voulons autre, FROISS. II, II, 20.
   Ne leur renvoya il le bourgeois de Gand qui estoit en sa prison ? - Si m'aïst Dieu ! si fit, FROISS. II, II, 62.
   Ha, madame, dirent-elles en riant. - Et que si et que non, dit madame, Jehan de Saintré, 4.
   Et si elle ne l'est du tout [sa maison destruicte], si est elle bien desolée, COMM. I, 4.
   Naturellement les Angloys qui ne sont jamais partiz d'Angleterre sont fort collericques, si sont toutes ces nations de pays froit, COMM. IV, 6.
   La pluspart de ses oeuvres il [Mahomet II], les conduisoit de luy et de son sens, si faisoit nostre roy et aussi le roy de Hongrie, ID. VI, 13.
   XVIe s.
   Dea, mon amy, ne sçavez vous parler françoys ? - Si foys très bien, respondist le compaignon, RAB. Pant. II, 9.
   Vous mesme, aymez boyre du meilleur : si faict tout homme de bien, RAB. Gar. I, 27.
   Si peu que rien, RAB. Pant. III, 32.
   Nous ne sommes point si malades les uns que les autres, ni d'une mesme maladie, CALV. Instit. 552.
   Je respon que si, CALV. ib. 938.
   La vie des fideles doit estre attrempée d'une sobrieté perpetuelle, si qu'il y ait comme une espece de jusne en l'homme chrestien, pendant qu'il vit en ce monde, CALV. ib. 998.
   Je ne crains vous recommander ung si homme de bien, MARGUER. Lett. 120.
   Quelque mine que l'on me fasse, si sont ils sy estonnés que ne sçavent que dire, MARGUER. ib. 34.
   Qui sera morveux, si se mouche, MAROT IV, 153.
   Se fait il plus rien de nouveau ? si fait, MAROT I, 198.
   Alexandre, si gracieux aux vaincus, MONT. I, 4.
   Estant si fort esperdu de frayeur que de se jecter...., MONT. I, 62.
   Tel pere est si sot de prendre à bon augure...., MONT. I, 107.
   Ne voulans peidre un si bon morceau qu'estoit celui-là, LANOUE 554.
   Qu'eusse-je faict ? l'archer estoit si doux, Si doux son feu, si doux l'or de ses nouds...., RONS. 2.
   Nous avions battu leurs deffenses et dressé nostre batterie si près de leur fossé par dedans et dehors la ville avecq si peu que nous avions de pieces, que nous les avions contraincts ce jourd'hui de capituler avecq nous, Lett. miss. de Henri IV, t. IV, p. 379.
   Si est-ce que Dieu est très doux, D'AUB. Hist. V, 18.
   Berry, si, oui : le métayer qui vend des bestiaux réserve le si du maître ; bourguig. sia, ma sia, mais si ; prov. si ; ital. si, oui ; du lat. sic, ainsi.
SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE
2. SI.
13°   Ajoutez :
   Si, au sens de particule affirmative, pris substantivement.
   Si, Nancy ! ce si comprend tout, LETOURNEUR Trad. de Clarisse Harlowe, lett. LVIII.
17°   Si plus, tant plus.
   Une réponse si sèche et si précise fut cruellement sentie ; mais il [le duc de Vendôme] n'était pas au bout du châtiment qu'il avait si plus que mérité, SAINT-SIMON dans Scènes et portraits choisis dans les Mémoires du duc de St-Simon, par Eug. de Lanneau, Paris, 1876, t. I, p. 198.
   Si plus est insolite, mais n'a rien d'incorrect.
————————
si 3.
(si) s. m.
Condition imposée.
   Je te la rends dans peu, dit Satan, favorable, Mais par tel si, qu'au lieu qu'on obéit au diable, Quand il a fait ce plaisir-là, à tes commandements le diable obéira, LA FONT. Ch. imposs..
   XIIIe s.
   Que li rois s'assenti à ce qu'ele voïst [allât], mais que soit pour un si...., Berte, LXXI.
   Ge Anseric sires de Monreal, fais savoir à tous ces qui verront ces lettres, que je ay rendu Hugon de Bourgogne mon chastel de Monreal sans nul si, DU CANGE si..
   XVe s.
   Si firent traité avec les commis dudit comte par tel si, qu'eux et les leurs s'en iroient sauvement avec leurs biens, MONSTREL. II, 158.
   XVIe s.
   Ils furent contraints de promettre qu'ils demeureroient encore l'esté par tel si que, si, durant ce temps, il ne venoit personne leur presenter la bataille, ils s'en pourroient aller, AMYOT Lucull. 69.
   Lat. sic, ainsi. Ce qui prouve qu'il s'agit de l'adverbe si et non de la conjonction si, c'est que les anciens textes portent si, qui est adverbe, tandis qu'il n'ont que la forme se pour si conjonction.
————————
si 4.
(si) s. m.
Terme de musique. La septième note de la gamme d'ut. Si naturel. Si bémol.
   Le si bémol majeur est tragique, J. J. ROUSS. Dissert. sur la mus. mod..
   La syllabe si paraît, dit M. S. Morelot, avoir été employée pour la première fois par un Flamand nommé Anselme, contemporain de Walrëant, et qui dispute à celui-ci l'honneur d'avoir simplifié la solmisation ; c'est, du moins, le témoignage de Zacconi, dans un ouvrage publié en 1622, JOSEPH D'ORTIGUE Dictionnaire de Plain-chant, article si.
   Le nom du signe qui représente cette note.

Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. . 1872-1877.

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